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À l’approche de Noël, les commerces « point relais » d’Agen sont pris d’assaut. Les colis s’entassent derrière les comptoirs. Les boutiques font face à un afflux de paquets, parfois jusqu’à quatre fois supérieur à la normale.

« C’est la cata… On est blindé. Vendredi, j’ai eu trois cents colis dans la journée ! » Dans sa boutique de forfaits mobiles et box Internet Chez Switch, à Agen, Paul Hamidi soupire. Derrière lui, les cartons s’empilent. Sa machine à scanner les colis n’est jamais bien loin. À peine le temps de cligner des yeux que le gérant s’en saisit. Deux jeunes filles passent récupérer un paquet rempli de vêtements.

Pendant la période des fêtes, les « bips » s’enchaînent. Les commerces « point relais » d’Agen croulent sous les colis. Un phénomène de plus en plus pesant. Avec l’explosion du commerce en ligne, les petites boutiques se transforment en plateformes logistiques improvisées. Surtout en décembre.

Trois à quatre fois plus de colis que d’habitude

Pour désengorger, les sociétés de livraison misent sur des « lockers », casiers automatiques pour déposer ou récupérer des colis. « Le souci, c’est qu’ils se remplissent vite. Résultat : ça atterrit chez nous », analyse Paul Hamidi. En ce moment, le commerçant reçoit en moyenne 250 colis par jour. Soit trois à quatre fois plus qu’en temps normal. « Samedi matin, j’avais la queue jusqu’en dehors du magasin », rapporte-t-il.

Même tableau chez ses confrères agenais. Moins de cartons, certes. Mais le rush de Noël se fait quand même sentir. En témoigne Vanessa Ortigue, gérante de Vanarom’s nature, boutique de bien-être. « D’habitude, je demande à ne pas avoir plus de 60 colis par jour. En ce moment, on est plutôt autour d’une centaine », confie-t-elle.

Jusqu’à 100 par jour

Trois cents mètres plus loin, au tabac-presse de la Poste, les colis ne débordent pas des étagères. Pour autant, la cadence ne faiblit pas non plus. Kassandra Capet, co-gérante du commerce, tend un petit paquet à un client. « On reçoit entre 80 et 100 colis à la journée », glisse-t-elle en suivant. « C’est deux tiers de plus que d’habitude », complète Arnaud Vilar, son compagnon.

 

Autre problème : les colis jamais récupérés. Vanessa en fait les frais. « Les gens oublient, ou laissent traîner… Sauf qu’ils restent chez nous, et ça bloque des places pour d’autres colis », reproche la gérante de boutique.

Organisation millimétrée

Comment gérer de tels afflux ? Chacun bricole sa solution. Chez Switch, c’est simple : Paul a dédié une pièce de son local aux colis. À l’intérieur, sur les étagères, les cartons sont rangés par ordre alphabétique, taille, transporteur… Organisation millimétrée. « Pas le choix », sourit-il. Chez Vanarom’s, « j’ai viré des produits sur quelques étagères pour rajouter des colis », avoue Vanessa.

La frénésie atteint son pic. Une période éprouvante, mais pas dénuée de sens. « On est aussi humains. On sait que les gens attendent leurs cadeaux », admet Paul Hamidi. Derrière les montagnes de colis et la fatigue, il reste l’essentiel : la magie de Noël.