On a tendance à l »oublier, mais les maladies cardiovasculaires
ne frappent pas seulement après une vie d’excès. Elles touchent des
millions de personnes au quotidien, souvent sans qu’aucun symptôme
ne leur ait mis la puce à l’oreille, jusqu’au jour où
l’infarctus ou l’AVC surviennent.
Un chiffre résume l’ampleur du phénomène : dans l’Union
européenne, les maladies cardiovasculaires représentent
désormais environ un tiers de tous les décès, soit près de
1,7 million de morts par an, et dans la région européenne de
l’Organisation mondiale de la santé, elles tuent près de 10 000
personnes chaque jour. Une hécatombe pourtant
en grande partie évitable.
En France, 220 décès pour 100 000 habitants
Les maladies cardiovasculaires regroupent infarctus, AVC,
insuffisance cardiaque ou encore maladies des artères. Selon
l’OCDE, citée par Euronews, elles sont la
première cause de décès et de handicap dans l’Union européenne,
avec un taux de mortalité lié aux maladies circulatoires de 26 à 60
% plus élevé chez les hommes que chez les femmes dans la plupart
des pays.
La carte européenne montre pourtant de gros écarts. La France,
le Danemark ou l’Espagne enregistrent moins de 220 décès
cardiovasculaires pour 100 000 habitants, alors que la
Bulgarie, la Roumanie ou la Lettonie dépassent 800 décès pour 100
000. Dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, la prévalence de
l’obésité dépasse 20 %, contre seulement 7 % en Italie, le
tabagisme quotidien touche plus de 23 % des adultes en Bulgarie,
Grèce, Hongrie ou France, et la consommation de fruits reste très
faible en Bulgarie, Lettonie, Lituanie et Roumanie.
Les facteurs de risque qui peuvent être évités
Les causes de ces décès se répartissent entre facteurs non
modifiables (sexe, âge, antécédents familiaux, origine) et facteurs
sur lesquels les politiques publiques et les individus peuvent
agir. Dans l’UE, 76 % des décès liés aux maladies
cardiovasculaires sont attribués à des facteurs
modifiables parmi lesquels les risques métaboliques comme
l’hypertension artérielle, le diabète ou encore
l’hypercholestérolémie qui expliquent à eux seuls environ 68 % des
décès cardiovasculaires dans l’Union.
Les risques comportementaux comme
le tabagisme, une alimentation déséquilibrée ou l’alcool à
forte dose comptent pour 37 % des décès cardiovasculaires dans
l’UE, tandis qu’environ un décès sur cinq serait lié à des
facteurs environnementaux tels que pollution de l’air ou
les températures extrêmes, selon l’Agence européenne pour
l’environnement.
Un plan européen pour des cœurs plus
sûrs
L’impact des maladies cardiovasculaires en
Europe ne se limite pas aux hôpitaux. L’OCDE estime à 282
milliards d’euros par an le fardeau économique total dans l’UE,
soit environ 2 % du produit intérieur brut, contre 169 milliards en
2003, en additionnant dépenses de santé, pertes de productivité et
soins informels assurés par les proches. Pour l’organisation, cette
situation n’est pas seulement une crise sanitaire mais aussi un
défi majeur pour la société et l’économie.
Face à cette charge, la Commission européenne doit présenter le
« Safe Hearts Plan », le premier plan paneuropéen dédié aux maladies
cardiovasculaires. Ce cadre doit aider les États membres et les
acteurs de la santé à améliorer la santé cardiovasculaire, car « il
existe un besoin mis en avant d’une action plus forte et coordonnée
dans toute l’UE pour faire face à la hausse de la prévalence des
maladies cardiovasculaires due à des facteurs comme le
vieillissement de la population », souligne le rapport de
l’OCDE.