Le conseil municipal de Mauguio, réuni ce lundi 15 décembre, a été largement dominé par le débat d’orientation budgétaire 2026. Un budget présenté comme responsable et sans hausse d’impôts par le maire Yvon Bourrel, mais vivement critiqué par l’opposition, notamment pour l’absence de nouveaux investissements à l’approche des élections municipales.

En ouverture du conseil municipal de Mauguio, ce lundi 15 décembre à 18 h, la minute de silence à la mémoire du Français tué lors de l’attentat antisémite en Australie n’aura été qu’un soupir dans plus de trois heures et demie d’échanges, essentiellement autour du budget 2026. Sur 34 points à l’ordre du jour, le n°1, le « Vote du débat d’orientation budgétaire » occupa la moitié de la séance.
Le maire Yvon Bourrel plante le décor d’un « projet de budget responsable », « sans aucune augmentation d’impôt », alors que les communes évoluent dans « un contexte contraint ». « Pour mon dernier Rapport d’orientation budgétaire, souligne l’édile qui, après vingt ans à la tête de Mauguio, ne se représentera pas aux municipales de mars prochain, les finances de la commune sont saines. Le projet de budget que je vous propose intègre l’ensemble des contraintes imposées par le Projet de loi de finances (PLF) 2026. Aucun nouvel investissement n’y est inscrit, afin de ne pas compromettre la trajectoire financière de la commune. La future équipe municipale pourra modifier ce budget si elle le juge nécessaire. »

Les investissements affalés

Laurent Cappelletti, adjoint aux finances, va ensuite décortiquer les divers chiffres, sans manquer de rappeler « la qualité et la fiabilité d’une gestion saluée régulièrement par la Chambre régionale des comptes. »
L’élu détaille la mesure phare du PLF, le « Dilico » (« Dispositif de lissage conjoncturel ») qui associe les collectivités territoriales au redressement des comptes publics. Le dispositif a concerné 1 924 communes françaises en 2025, pour un montant total de 1 milliard d’euros. « La commune de Mauguio Carnon a contribué à hauteur de 118 340 € en 2025. Ce dispositif est renforcé et reconduit dans le PLF 2026, qui en double les montants : en 2026, la contribution de la Ville s’élève à 620 000 €. »
Plus globalement, côté « fonctionnement », les recettes établies à 32,5 M€ en 2025 sont projetées à 31,7 M€ en 2026. « La diminution anticipée de – 2,4 % pour l’an prochain, explique Laurent Cappelletti, traduit un ralentissement de la dynamique de croissance, lié à la fois à un ajustement des dotations et compensations, et à l’absence de cession d’immobilisation sur cet exercice. »
Du côté des dépenses de fonctionnement, à 29,1 M€ en 2025, la projection pour 2026 est contenue à 30 M€, malgré l’augmentation du Dilico et de l’évolution mécanique des cotisations à diverses caisses de retraite des agents. « La commune poursuit sa démarche active de rationalisation des dépenses internes, souligne l’adjoint aux finances, afin de maintenir la qualité du service public sans accroître la pression fiscale sur les ménages. »
Côté investissements, les « recettes » (destinées à les financer : subventions, emprunts, taxes d’aménagement, etc.) passent de 7,5 M€ en 2025 à 4,7 M€ dans l’exercice à venir. « D’importants équipements publics ont en effet été réalisés en 2024 et 2025, explique Laurent Cappelletti. La fin de mandat se traduit par une baisse de ces recettes, le budget étant principalement consacré à la finalisation des projets en cours, sans lancement de nouveaux équipements. »
Idem, en toute logique, du côté des dépenses d’investissement, de 13 M€ en 2025 à 6,4 M€ pour 2026.

Le port de Carnon, dopé en 2026

Vient ensuite le budget annexe du port de Carnon. Côté fonctionnement, les recettes (2,8 M€ en 2025) sont projetées à 2,6 M€ dans le ROB, et les dépenses (2,5 M€ pour 2025) à 2,1 M€. Côté investissements, les recettes passent de 94 000 € en 2025 à 2,7 M€ pour 2026, « afin de soutenir le développement des projets du port, souligne l’adjoint, au travers de financements locaux, nationaux et européens » : transitions écologique et numérique, préservation de la biodiversité locale, modernisation des équipements de la base nautique, aménagements du littoral et portuaire.
En miroir, les dépenses d’investissement, à 1,1 M€ en 2025, passent à 3,4 M€ en 2026.
Mais le conseil n’est pas convaincu par ces doctes explications. « Nous avons noté la volonté de ne pas engager de nouveaux projets, souligne l’opposant Pierre-Martin Chazot (DVD), mais ce ROB verrouille la commune sur les projets en cours. »

« La nouvelle équipe devra refaire un budget »

« Je suis inquiète, lance Caroline Favier, opposante de la liste « Écouter pour mieux Agir » conduite par Patricia Moullin-Traffort. Vous avez présenté « une prospective financière équilibrée sans investissements ». Mais c’est un équilibre illusoire : comment va vivre la commune sans investissements ? »
L’élu d’opposition (DVG) Daniel Bourguet avance une rafale de questions et de critiques, en tête desquelles : « Il aurait été préférable de ne pas avoir ce débat aujourd’hui, à quelques semaines des élections. La nouvelle équipe devra refaire un budget. »
L’opposant Frantz Denat, au côté de Patricia Moullin-Traffort, après avoir pointé une série de points sensibles, va enfoncer le clou : « Ce DOB avant les élections, c’est une patate chaude pour l’équipe suivante ! »
Dans l’entourage du maire, certains vont rappeler l’exact libellé du point 1 de l’ordre du jour : « Vote du débat » (d’orientation budgétaire 2026). Le « débat » est enregistré. Et le point finalement adopté, avec 15 voix contre sur 33. « Le DOB, c’est un « prendre acte « , souffle Pierre-Martin Chazot. Le vote était sur le débat. Mais pas sur le fond. »
La soirée est déjà bien entamée quand la trentaine d’autres items à l’ordre du jour est adoptée au pas de charge, la plupart à l’unanimité.
Rendez-vous le 16 février prochain pour le dernier conseil municipal de cette mandature. Qui risque fort de déboucher sur le vote d’un budget 2026… à refaire.

Foncier : une rallonge de 1,5 M€

Parmi les nombreux points d’achoppement, le n°11 concerne un avenant à la convention qui lie Mauguio à l’Établissement public foncier (EPF). Cette émanation régionale de la Caisse des dépôts prête aux communes les fonds nécessaires à la préemption de biens à vendre, la commune ayant ensuite 5 ans pour développer sur les lots achetés un projet qui financera le remboursement, ou pas. Jusque-là, la convention de 2024 était de 5 M€. L’avenant propose de rehausser l’enveloppe à 6,5 M€. Quelle que soit l’intention de la majorité actuelle, voilà une rallonge de 1,5 M€ que l’équipe suivante devra aussi gérer. Délibération adoptée avec 10 voix contre et 5 abstentions.