Sclérose en plaques : des signes avant-coureurs longtemps
ignorés

Et si tout commençait par des signaux que l’on croit anodins ?
La sclérose en plaques est une maladie
neurologique auto-immune qui touche près de deux millions de
personnes dans le monde. Elle frappe souvent des adultes jeunes et
son expression varie d’un patient à l’autre, ce qui complique le
diagnostic. Entre premiers ressentis diffus et poussées
neurologiques plus nettes, la trajectoire reste déroutante pour les
malades comme pour les soignants.

Au début, beaucoup décrivent une errance où leurs plaintes sont
minimisées. Les médecins l’admettent : identifier des
signes avant-coureurs fiables n’est pas simple.
Des équipes françaises ont pourtant mis au jour cinq marqueurs
discrets qui précèdent parfois le diagnostic de plusieurs années.
Reste à savoir lesquels.

Étude française et errance : vers des symptômes précoces de la
SEP

Le parcours d’Amandine, diagnostiquée à 16 ans après sept ans
d’errance, résonne chez de nombreux patients. « Combien de fois les
médecins m’ont-ils dit : mais c’est dans votre tête ! » « Ils me
disaient même que j’étais folle. », témoigne Amandine, selon La
Dépêche. Elle rapportait fourmillements, fatigue chronique,
vertiges, nausées, phases dépressives, troubles digestifs et de la
marche. En France, la SEP concerne environ 120 000 personnes, deux
tiers sont des femmes, avec un âge moyen au diagnostic de 32
ans.

Pour mieux cerner les symptômes précoces,
l’équipe des Prs Octave Guinebretiere et Thomas Nedelac a passé en
revue 113 symptômes sur une fenêtre de cinq ans, en comparant 20
174 patients avec SEP à 54 790 témoins, et à 30 477 patients
atteints d’une maladie de Crohn et 7 337 d’un lupus. L’OMS définit
la SEP comme une « affection qui survient lorsque le système
immunitaire attaque le cerveau et la moelle épinière », précise
l’Organisation mondiale de la santé.

Les 5 signes avant-coureurs de la sclérose en plaques à
connaître

Au terme de cette analyse, cinq signaux ressortent comme plus
fréquents jusqu’à cinq ans avant le diagnostic : la
dépression, des troubles sexuels,
la constipation, la cystite et
d’autres infections urinaires. Des symptômes
banals, souvent attribués au stress, à des troubles fonctionnels ou
à des infections isolées. Ce sont pourtant les manifestations qui
se distinguent statistiquement chez les personnes qui développeront
une SEP, par rapport aux témoins.

Les chercheurs ont aussi observé que ces signes ne disparaissent
pas au diagnostic : ils tendent à persister, parfois à s’accentuer
dans les années suivantes. Cette période d’installation
silencieuse, proche d’une phase prodromique, ne dit pas tout de la
maladie mais éclaire son « histoire naturelle ». D’où l’intérêt de ne
pas balayer trop vite ces plaintes quand elles s’accumulent ou
durent.

Quand consulter face à ces symptômes
annonciateurs ?

Attention au faux raccourci : ces cinq signes ne suffisent pas à
diagnostiquer une SEP et sont aussi observés chez des patients
atteints de maladie de Crohn ou de lupus. « L’enjeu aujourd’hui est
de détecter la maladie au plus tôt, bien avant que les lésions
soient visibles par IRM, dans l’espoir de retarder au maximum
l’apparition du handicap », explique la Pr Céline Louapre. Les
cliniciens rappellent que la plupart des personnes présentant ces
symptômes ne développeront jamais de SEP.

Pour cibler les populations à risque, le contexte compte. « L’une
des grandes difficultés de la sclérose en plaques est [en effet]
que nous n’observons pas de correspondance stricte entre la gravité
des lésions présentes sur les fibres nerveuses et les symptômes des
patients. Cela limite considérablement notre capacité à prédire
l’évolution de la maladie ». Dans certaines formes familiales, « ces
signes contribueront à alerter au plus tôt, et peut-être à
intervenir au niveau thérapeutique ». Première cause de handicap
sévère non traumatique chez les jeunes adultes, la SEP impose ce
changement de regard.