On aurait aimé rencontrer Vincent Munier sur l’île de Hokkaido (Japon). Traquer aux côtés du photographe l’ours brun dans la toundra du Kamtchatka (Russie). Ou le retrouver sur les hauts plateaux du Tibet (Chine), pour suivre la panthère des neiges – le film tiré de cette aventure a remporté en 2022 le César du meilleur documentaire. Mais c’est dans un hôtel parisien – bâtiment haussmannien niché dans une impasse privée, murs bleu nuit, miroirs fumés, dorures et moquettes – que reçoit le grand photographe animalier. Il s’en amuse et s’en excuse : « L’endroit a été choisi par le distributeur de mon film. Je dors là pour la promo, avec Kate Moss et Naomi Campbell [en photo]. »
Le photographe est de passage dans la capitale pour présenter Le Chant des forêts, sa nouvelle œuvre, tournée dans les forêts des Vosges, en salle mercredi 17 décembre. Centré sur les animaux mais aussi sur le père et le fils du réalisateur, ce récit de transmission est, explique Vincent Munier, une invitation « à regarder autrement, à ralentir ». Le réalisateur se dit « militant mais à [sa] manière, de façon douce ».
Dans quel milieu avez-vous grandi ?
En périphérie de Charmes, petite ville des Vosges, 3 000 habitants, pas loin d’une voie ferrée et d’une friche industrielle. Le passage des trains faisait trembler ma maison, modeste. Un coup de vélo et hop ! j’étais dans la forêt, avec les chênes et les hêtres. J’ai eu une enfance relativement heureuse, mais pas non plus très sauvage. C’est peut-être ce qui explique mon envie d’ailleurs. J’ai un frère et une sœur, je suis le petit dernier. Mon père était enseignant dans un lycée technique, ma mère s’est occupée de nous. Ils nous amenaient souvent faire des balades en forêt, des sorties canoë ou escalade qui nous ont forgés. A 12 ans, mon père m’a laissé dormir seul en forêt.
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