Jeudi 11 décembre, la commission départementale de sortie de prostitution s’est réunie à la préfecture de l’Isère pour évoquer les moyens mis en œuvre et le renouvellement des parcours des 29 personnes qui en sont, à ce jour, bénéficiaires.
Charlène Duquesnay, secrétaire générale adjointe à la préfecture, a ainsi rappelé que le 25 novembre dernier, lors de la présentation du “ protocole de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles de l’Isère” , un axe était entièrement dédié à la lutte contre la prostitution. « Cette commission est un des outils de cette lutte. Outre l’accompagnement des personnes qui ont souvent connu des violences graves et sont dans des situations de vulnérabilité terribles, il s’agit aussi de lutter contre les filières de traite des êtres humains et le proxénétisme », a-t-elle ajouté.
« La prostitution des mineurs a évolué structurellement avec la dimension numérique »
Sarah Marcato, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité auprès de la préfète de l’Isère, a détaillé les différents objectifs poursuivis : « Le premier, c’est la prévention – comment on identifie les victimes, majeures et mineures, de la manière la plus précoce possible –, le deuxième, c’est leur accompagnement et leur prise en charge sanitaire pour qu’elles s’extraient de la prostitution ; et un dernier axe est consacré à l’exploitation sexuelle des mineurs via les associations spécialisées mais aussi le parquet et les forces de l’ordre. L’idée est d’être très opérationnelle ».
Il s’agit aussi de travailler sur les filières « et particulièrement sur les salons de massage, dont on sait qu’il y a de la prostitution » et de s’attaquer aux clients « qui achètent des actes sexuels alors que c’est absolument interdit ». Notamment en créant des stages de sensibilisation.
« C’est un projet qui reste toutefois à construire en s’inspirant de ce qui se fait ailleurs », a nuancé Marianne Thirard, procureure adjointe de la République de Grenoble. « Aujourd’hui, les clients sont sanctionnés par une contravention de 5e classe. Ces stages seraient aussi un moyen d’amorcer une réflexion de leur part », a-t-elle précisé en soulignant qu’en la matière, « on a une grande difficulté à mener des enquêtes de fond. Le parquet de Grenoble essaie donc de travailler sur une politique pénale sur un phénomène difficile à appréhender sur le plan judiciaire ».
Les représentants des associations concernées, également présents, ont pour leur part abordé l’évolution du phénomène, notamment chez les jeunes. « La prostitution des mineurs n’est pas nouvelle mais elle a évolué structurellement avec la dimension numérique, les réseaux sociaux et les plateformes qui sont des leviers facilitant l’entrée ou le maintien dans la prostitution. On est face à un public de jeunes, et de jeunes filles majoritairement, qui ne se sentent pas forcément victimes et ne mesurent pas les impacts traumatiques », alertait Loïc Jacquemoud, président de l’association Althéa.
Agnès Bonneau, de l’Amicale du Nid, soulignant la « réelle nécessité de collaboration et de coopération entre les institutions et les associations ».