Réfugié en Russie depuis un an, Bachar el-Assad est devenu persona non grata pour le Kremlin qui lui interdit toute activité politique et médiatique.
Sous sa dictature, un demi-million de personnes sont mortes, dont 300 000 civils, et treize millions de personnes ont été poussées à l’exil… Et pourtant, aujourd’hui, il coule des jours paisibles. Depuis qu’il a quitté le pouvoir en décembre 2024, après une décennie de guerre civile et de dictature, Bachar el-Assad mène une vie discrète en Russie, selon le média britannique The Guardian, où il mènerait une vie luxueuse avec sa famille. D’après des sources proches du dossier, il résiderait dans le quartier résidentiel de Rublyovka, prisé par l’élite moscovite.
L’ancien dictateur syrien, sous le coup d’un mandat d’arrêt, suivrait désormais des cours d’ophtalmologie. « Il étudie le russe et se remet à niveau en ophtalmologie. C’est une véritable passion pour lui, il n’a visiblement pas besoin d’argent. Même avant le début de la guerre en Syrie, il exerçait régulièrement son métier d’ophtalmologue à Damas », selon un de leurs amis. Un autre explique qu’il « mène une vie très paisible. Il n’a pratiquement aucun contact avec le monde extérieur. Il n’est en contact qu’avec quelques personnes qui travaillaient à son palais. »
Son épouse, Asma el-Assad, se serait remise d’un deuxième cancer grâce à une « thérapie expérimentale ». Avec ses trois enfants, âgés de 21 à 24 ans, elle passerait son temps à faire du shopping. Des enfants qui seraient, selon un proche, « un peu déboussolés. Je pense qu’ils sont encore sous le choc. Ils essaient tout juste de s’habituer à la vie sans être la famille officielle ». Et pour cause : en Russie, Bachar el-Assad n’est pas loin d’être un pestiféré aux yeux du Kremlin.
« ll ne peut pas exercer d’activités politiques »
Il serait largement « insignifiant » pour Vladimir Poutine et l’élite politique russe. « Poutine a peu de patience pour les dirigeants qui perdent le pouvoir, et Assad n’est plus considéré comme une figure influente, ni même comme un invité de marque à dîner », a déclaré une source proche du pouvoir. Si l’ancien dirigeant souhaite donner sa version des faits (il a programmé un entretien avec Russia Today), il semble que la Russie lui interdise toute apparition publique.
« Assad vit peut-être ici, mais il ne peut pas exercer d’activités politiques… Il n’a aucun droit de s’exprimer dans les médias ou de participer à des activités politiques. Avez-vous eu de ses nouvelles ? Non, car il n’y est pas autorisé – mais il est sain et sauf », a déclaré l’ambassadeur de Russie en Irak, Elbrouz Koutraschev. Hafez, son fils, longtemps pressenti comme son successeur, s’est retiré de la vie publique depuis février et une vidéo, postée sur Telegram, où il affirmait que c’était Moscou qui leur avait ordonné de quitter la Syrie.
La famille Assad, qui a quitté précipitamment Damas, aux premières heures du 8 décembre 2024, aurait coupé la plupart de ses relations avec leur famille élargie et les proches alliés du régime. Un ami de Maher el-Assad, frère de Bachar et haut responsable militaire, a déclaré : « Maher appelait Bachar depuis des jours, mais il ne répondait pas. Il est resté au palais jusqu’au dernier moment ; les rebelles ont trouvé ses charbons de chicha encore chauds. C’est Maher, et non Bachar, qui a aidé les autres à s’échapper. Bachar ne pensait qu’à lui. »
À l’origine, la famille Assad espérait quitter Moscou pour s’installer aux Émirats arabes unis. Mais elle comprend désormais qu’un déménagement définitif n’est pas envisageable avant un certain temps, car même les Émirats arabes unis hésitent à accueillir Assad. En attendant, le responsable d’un règne sanguinaire peut, semble-t-il, toujours dormir sur ses deux oreilles, avec la complicité de Vladimir Poutine.