Xavier Gorau, ancien photographe à L’Est Républicain, nous a quittés.Grand admirateur d’Audiard, il était réputé pour son humour acéré mais toujours bienveillant.

Les cons ça ose ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! Tu as osé, Xavier, osé nous quitter comme ça, comme dans une mauvaise blague.

Quelques heures après ce coup de fil, dimanche après-midi. Le dernier. Faut reconnaître, c ’est du brutal !   En pleine paix, y parle et pis crac, un bourre-pif, mais il est complètement fou ce mec !

Les répliques des Tontons flingueurs, tu les connaissais par cœur. Rabâchant la mythique scène de la cuisine avec Lulu la Nantaise. Faut quand même admettre que c’est plutôt une boisson d’homme. Alors, nous aussi, le dimanche, quand le travail laissait un peu de répit, on reprenait en chœur, avec toi, ces phrases cultissimes.

Les Tontons, c’était ton univers. Ils étaient comme toi. Sans détour, à manier l’humour grinçant, mais jamais vexant. J’tiens plus en l’air, t’as pas queq’chose à becqueter ? Bons vivants, comme toi, amoureux de la bonne chère, aux fourneaux comme dans l’assiette.

C’est curieux cette manie qu’ont les marins de toujours vouloir faire des phrases. Tes jeunes années, de 17 à 20 ans, tu les as passées sous le pavillon de la marine. Avant de rejoindre L’Est républicain, comme laborantin. À Nancy, en 1974, puis Besançon en 1976, avant d’être nommé photographe à Belfort en 1979.

James Bond et nain de jardin

Quarante ans à témoigner du quotidien des Belfortains. Le meilleur comme le pire. Clic-clac, merci Kodak ! Après le cliquetis du déclencheur, c’est celui de la machine à écrire qui résonnait dans ton bureau. Pour renseigner sujet, date et lieu, sur ces enveloppes de négatifs.

Un travail à l’ancienne qui ne t’a pas empêché de continuer à t’exprimer sur les réseaux sociaux. Là encore pour poster instantanés ou mises en scène décapantes, ta marque de fabrique.

Le 1er janvier 2019, tu as dit au revoir à l’Est, sans couper les ponts avec les anciens collègues. Qui n’ont pas oublié cette séance de pose, façon James Bond, téléobjectif prêt à dégainer ! Ou ce nain de pacotille qui passait de bureau en bureau, pour honorer le pire reportage de la journée !

Papa de deux garçons et une fille, tu savais devenir papy poule avec tes sept petits-enfants.

Il y a quatre ans, tu avais quitté le Territoire pour les Landes, terre de gastronomie. Sans jamais oublier ta ville de cœur. Il y a deux mois, tu avais à nouveau posé tes valises dans ta maison du Mont.

Il vaut mieux s’en aller la tête basse que les pieds devant. Tu n’as jamais baissé la tête. Mais à 71 ans, Xav, tu as écrit trop vite le mot fin. Tu aurais sans doute aimé cette réplique d’Audiard en guise d’épitaphe : Après la mort, l’esprit quitte le corps, sauf chez les cons, chez eux, ça se passe déjà de leur vivant !