A l’instar de la municipalité stéphanoise, la démission / condamnation de Gaël Perdriau exige de le remplacer à la présidence de Saint-Etienne Métropole. Le « retrait total » annoncé par le maire de Saint-Etienne en décembre 2022 avait amené Hervé Reynaud puis Sylvie Fayolle, ces deux dernières années, à tenir la barre d’un bien difficile intérim. La maire de Saint-Paul-en-Cornillon a été logiquement élue jeudi pour finir le mandat comme présidente avec cette fois la réalité des « pleins pouvoirs ».
Sylvie Fayolle lors de son discours avant le vote. ©If Saint-Etienne / XA
Il leur avait « bien dit ». « Il devient urgent que l’on arrête le massacre », relevait aussi dans son discours Gérard Tardy à qui revenait, comme le veut le règlement en tant que doyen, de présider le début de cette assemblée consacrée à l’élection d’une nouvelle présidente puis de ses vice-présidences. Le maire de Lorette, 88 ans, avait de quoi boire du petit lait pour son ultime prise de parole dans ces lieux : il se présente bien aux Municipales 2026 mais ne sera pas fléché comme élu communautaire. Accordant un « bravo » aux services et à Sylvie Fayolle d’avoir poursuivi le travail dans ce contexte plus que complexe, il saluait Jean-Pierre Berger pour son élection à la tête de la « grosse commune », l’invitant (et l’ensemble des candidats aux Municipales sans doute encore davantage) à négocier par le respect avec les « petites »…
Je vous l’avais bien dit… Et vous, vous l’avez réélu (Gaël Perdriau, Ndlr).
Gérard Tardy
Gérard Tardy ne manquait pas de revenir sur son discours de juillet 2020 où déjà, en tant que doyen, il vilipendait la gouvernance du premier mandat de G. Perdriau, fraichement réélu et alors à ce moment précis… voisin de table. Vilipendé pour ce qu’il considérait comme un pouvoir trop centralisé, trop personnel, dont témoignerait le défilé des « six DGS » (directeurs généraux des services) successifs en quelques années, ou encore ce qu’il avait carrément qualifié d’« entourage puant ». Bref, « je vous l’avais bien dit… Et vous, vous l’avez réélu…» Le dernier tacle était adressé à ce que Gérard Tardy estime être la prédation intercommunale en soi, ici comme ailleurs, infligée aux compétences communales. Les municipalités étant à ses yeux le vecteur le plus vertueux – mais du coup malmené – de l’action publique. A son appel des candidatures qui suivait, seule Sylvie Fayolle levait la main. Sa prise de parole allait à l’encontre de ces derniers propos
Sylvie Fayolle va démutualiser cabinet et direction des services
Les votes sont à bulletin secret. ©If Saint-Etienne / XA
« Je suis élue métropolitaine depuis 2014. J’ai défendu le passage au statut de Métropole. Nous avons pris conscience très tôt, qu’il convenait de se regrouper, d’être solidaires pour que ce territoire puisse peser. Nous sommes liés et avons un destin commun quelles que soient les couleurs politiques. Ensemble, nous sommes plus forts. A Saint-Etienne Métropole, une commune = une voix. C’est important et nous garderons bien sûr ce principe. Les habitants de La Gimond ont droit au même respect que ceux de Saint-Etienne. Je suis en faveur d’un aménagement équilibré et devons d’ailleurs davantage aider les communes, que les financements ne soient plus fléchés que sur les grandes villes. »
Ces quatre mois à venir ne seront pas que de la gestion courante. Ce seront quatre mois d’actions, quatre mois pour préparer l’avenir, renouer le dialogue avec nos partenaires.
Sylvie Fayolle, présidente de Saint-Etienne Métropole
Bien sûr, poursuivait elle, « Saint-Etienne doit être la locomotive. Et nous serons aux côtés de son exécutif pour la redresser ». Sylvie Fayolle annonçait le retour à un cabinet, et une direction générale indépendante de Saint-Etienne. Leur mutualisation illustrant les « dérives », à « marche forcée » de celle-ci. Ce qui ne signifiera pas renoncer totalement à la mutualisation. « Je veux rassurer les agents : nous n’allons pas non plus retourner la table et tout déconstruire. Ensemble, nous pourrons faire avancer notre territoire. Ces quatre mois à venir ne seront pas que de la gestion courante. Ce seront quatre mois d’actions, quatre mois pour préparer l’avenir, renouer le dialogue avec nos partenaires, relever la Métropole. 2026 sera une année de déf. Vous pouvez compter sur mon engagement. »
Résultat des votes : 121 votants (122 inscrits), 87 voix en faveur de Sylvie Fayolle (34 nuls ou blancs, contre), élue donc présidente de Saint-Etienne Métropole, quatrième maire – mais première femme et premier maire non stéphanois – à sa tête après Michel Thiollière, Maurice Vincent et Gaël Perdriau, depuis ses origines en 1996. Elle n’était alors qu’une communauté de communes, 22 membres au départ. C’est aujourd’hui une Métropole (le statut correspond depuis 2018 au nom originel et inchangé) comptant 53 municipalités et plus de 400 000 habitants. « Il y aura un avant et un après », a déclaré Sylvie Fayolle dans la foulée des résultats, rendant hommage à ses parents quant à leurs valeurs de travail et droiture qui lui ont été transmises : « C’est comme cela que l’on fait avancer les choses ».
Les vice-présidentes et vice-présidents de Sylvie Fayolle
Avant de procéder aux élections des vice-présidences, une à une, le nouveau 1er adjoint de Saint-Etienne et jusqu’à ce jour, vice-président à la culture de la Métropole Marc Chassaubéné a fait part de sa non candidature au sein d’un exécutif. Pas très surprenant au regard des fortes tensions entre ce fidèle de Gaël Perdriau et Sylvie Fayolle depuis plus de 2 ans. Son discours était offensif sur la gouvernance menée depuis l’intérim d’Hervé Reynaud, faisant le constat de « ses désaccords profonds », considérant l’abandon de la patinoire comme une faute coûteuse pour la collectivité (4 M€ perdus selon lui en pré versements et pénalités) et les entreprises et un engagement de mandat bafoué vis-à-vis des administrés. Idem pour ce qu’il estime être une déconsidération du projet Cité du Design 2025 – non abandonné mais ralenti sur le rythme budgétaire initialement prévu -, qu’il juge capital et moteur mais sacrifié pour des raisons politiques non objectives à ses yeux.
Marc Chassaubéné attaquait enfin la Région Aura – Sylvie Fayolle est élue à son exécutif – pour ses promesses successives de financements, supplémentaires ou non, qu’il analyse comme non tenues. La présidente de Saint-Etienne Métropole gardait sa colère au fourreau (« ce n’est pas le moment »), se contentant de parler de propos « inadmissibles » sur lesquels, « seul l’avenir » se prononcera… Ambiance.
Deuxième exercice du genre en moins d’une semaine pour les élus stéphanois. ©If Saint-Etienne / XA
Peu de modifications à quelques notables exceptions
Pour ce qui est des 19 vice-présidents (ils pouvaient être 20 au maximum) des 4 mois restant du mandat :
- Christian Julien, maire de Saint-Genest-Lerpt est proposé à la 1ère vice-présidence, chargée du budget, de l’évaluation des politiques publiques et des relations internationales. Il était déjà aux finances précédemment et depuis plusieurs mandats. Il est élu avec 98 voix sur 121 votants.
- David Farra, maire du Chambon-Feugerolles est proposé comme 2e vice-président au développement économique, à l’agriculture, et l’alimentation. A noter que l’économie était attribuée jusque-là à une adjointe de Saint-Etienne, qui l’est toujours : Nora Berroukeche… Il est élu avec 103 voix sur 121 votants.
- Andonella Fléchet, adjointe de Saint-Chamond, est proposée comme 3e vice-présidente en charge de l’assainissement (elle l’était déjà mais comme 17e v.-p.). Elle est élue avec voix sur votants. Elle est élue avec 87 voix sur 121 votants.
- Denis Barriol, maire de Genilac, est proposé comme 4e vice-président en charge des Ressources Humaines (charge qu’il occupait déjà via la 14e v.-p.). Il est élu avec 94 voix sur 121 votants.
- Christophe Faverjon, maire d’Unieux, est proposé comme 5e vice-président à l’enseignement supérieur, la recherche (charges qui lui valaient déjà la 6e v.-p.), l’innovation et le numérique (respectivement à Nora Berroukeche et Marc Chassaubéné précédemment). Il est élu avec 79 voix sur 121 votants.
- Gilles Thizy, maire de Marcenod est proposé comme 6e vice-président en charge de la cohésion territoriale et de la stratégie foncière (déjà son poste comme 5e v.-p.). Il est élu avec 90 voix sur 121 votants.
- François Driol, maire d’Andrézieux-Bouthéon, est proposé comme 7e vice-président en charge de la gestion des déchets, poste qu’il occupait déjà à la 13e v.-p. Il est élu avec 91 voix sur 121 votants.
- Bernard Bonnet, maire de Saint-Maurice-en-Gourgois est proposé comme 8e vice-président en charge de l’eau. Il l’était déjà comme 16e v.-p. Il est élu avec 97 voix sur 121 votants.
- Siham Labich, adjointe à la Ville de Saint-Etienne, est proposée comme 9e vice-présidente à la cohésion sociale et au handicap ainsi que l’économie circulaire et l’économie sociale et solidaire (ESS). Elle était déjà à sa poste comme 3e v.-p. Elle est élue avec 82 voix sur 121 votants.
- Julien Luya, maire de Firminy, est proposé comme 10e vice-président en charge des contrats rivière, de la gestion des milieux aquatiques et de la lutte contre les inondations. C’était déjà sa délégation précédemment (alors 11e v.-p.). Il est élu avec 84 voix sur 121 votants.
- Luc François, maire de la Grand-Croix est proposé comme 11e vice-président, chargé des transports et mobilité. Là encore, délégation inchangée par rapport à la précédente (alors 8e v.-p.). Il est élu avec 83 voix sur 121 votants.
- Robert Karulak, conseiller municipal d’opposition stéphanois est proposé comme 12e vice-président au tourisme & patrimoine. Délégation inchangée là aussi (et déjà comme 12e v.-p.). Il est élu avec 82 voix sur 121 votants.
- Vincent Bony, maire de Rive-de-Gier est proposé comme 13e vice-président à la voirie métropolitaine. Comme auparavant donc (15e v.-p. alors). Il est élu avec 87 voix sur 121 votants.
- Ramona Gonzalez Grail, maire de La Talaudière est proposée comme 14e vice-présidente chargée de la politique de l’insertion par l’économie et l’emploi. Encore une fois délégation inchangée (19e v.-p. depuis 2022).
- Jean-Luc Degraix, conseiller municipal d’opposition de Saint-Chamond, est proposé comme 15e vice-président aux marchés publics et aux grands équipements métropolitains. Comme auparavant (18e v.-p. depuis 2022). Une candidature concurrente saint-chamonaise était une éventualité dans le cadre du contexte conflictuel couramiaud entre majorité et « ex » de la majorité. Ce ne fut pas le cas. Le maire Axel Dugua indiquant sur les réseaux l’avoir fait par apaisement et toujours tendre la main à son ex adjoint.
- Pascal Gonon, maire de La Gimond, a été proposé et élu 16e vice-président chargé d’une délégation nouvelle voulue par Sylvie Fayolle : celles des territoires de proximité et de l’aide aux communes…
- Lionel Boucher, élu opposant UDI stéphanois, a été proposé et élu 17e vice-président en charge du design et de la culture en lieu et place donc de son ex collègue de la majorité de Gaël Perdriau, Marc Chassaubéné, désormais 1er adjoint de Saint-Etienne…
- Audrey Berthéas, maire de L’Horme, été proposée et élue 18e vice-président en charge de la transition écologique et énergétique et de la santé mentale.
- A noter, enfin, la candidature présentée par Sylvie Fayolle de… Jean-Pierre Berger, nouveau maire de Saint-Etienne comme 19e vice-président en charge du logement et de l’habitat. Probablement par souci d’apaisement et de normaliser les relations entre cet exécutif et la Ville centre, d’autant plus avec l’isolement de Marc Chassaubéné. Pari peu évident face au refus d’une bonne partie de l’assemblée. Marc Chavanne, maire de Saint-Jean-Bonnefonds candidatait d’ailleurs pour l’empêcher. Et c’est de justesse, par 46 voix contre 43 que Jean-Pierre Berger était finalement élu dans le seul duel de la séance.