Publié le
18 déc. 2025 à 7h20
Il est 8 heures. Paris s’est levé et aborde sereinement une nouvelle journée. Dans les entrailles du bâtiment haussmannien situé au 50 rue du Louvre, dans le 1er arrondissement, les équipes de La Poste s’agitent déjà depuis une heure et demi. Des dizaines d’opérateurs trient les milliers de colis réceptionnés à l’une des cinq plateformes parisiennes que compte la société. À l’approche des fêtes de fin d’année, l’activité s’avère particulièrement soutenue. « C’est comme une grossesse, on attend neuf mois avant le pic », sourit le directeur de l’agence colis de Pantin et des espaces logistiques urbains (ELU) de Paris à La Poste, Hervé Schobert. Fort de ses vingt-cinq ans passés dans le groupe, le responsable aux yeux clairs et à la barbe grisonnante saisit parfaitement les enjeux de cette période s’étalant de fin novembre à Noël. « On doit répondre aux besoins des clients, et à l’accélération du e-commerce », synthétise-t-il. Pour ce faire, il peut s’appuyer sur 160 livreurs Colissimo, dont Bamoussa Coulibaly, 42 ans. Actu Paris a suivi cet homme affable, employé de La Poste depuis 2016, dans son quotidien, en ce mardi 16 décembre 2025.
Des colis multipliés par deux à Noël
Référent de sa zone, Bamoussa est rompu à l’exercice. Chaque jour, son travail consiste à trier les colis disposés sur une étagère de la plateforme. « Aujourd’hui, on a 70 à 80 colis, c’est assez peu en comparaison avec les prochaines journées qui nous attendent, et celles qui ont précédé », explique le livreur, en plaçant les enrobages dans un cargo positionné à l’arrière d’un vélo électrique bridé à 15 km/h.

Bamoussa trie les colis qu’il distribuera lors de sa tournée matinale à l’espace logistique urbain. (©AG/ actu Paris)
Pour La Poste, ces engins demeurent fondamentaux dans sa stratégie d’efficience et de baisse des émissions de gaz à effet de serre. « C’est un gain de temps assez considérable. Car ça permet d’éviter les stationnements gênants, potentiellement générateurs d’amendes », explique Hervé Schobert. Ainsi, les vélos permettent de distribuer 56 000 colis en moyenne par jour à Paris, et plus « du double » en période de Noël.
Édifié en 1886, le bureau de poste centrale fait figure de pilier dans cet écosystème du courrier parisien. Soixante-cinq circuits de livraison sont référencés dans la zone couvrant les quartiers du centre de la capitale. Bamoussa pourrait arpenter le sien aveuglément. « J’ai mes habitudes. Je suis très serein », glisse-t-il, avant d’enfourcher son vélo. Direction les pistes cyclables.
« J’appelle deux fois. Si ça ne répond pas, on ne livre pas »
On retrouve le livreur au début de la rue Montmartre. Casque siglé La Poste, gants bleus et montre attaché, Bamoussa dispose d’un arsenal complet. Autre élément clé : une tablette permettant de flasher le colis afin de garder une trace de l’échange. Équipé, il pénètre dans une cour surplombée de plusieurs bâtiments.

Bamoussa, avec un des 70 colis de la tournée. (©AG/ actu Paris)
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Le postier appelle une dame qui attend un colis. Au bout du téléphone, cette dernière rétorque : « Je vous attendais ». Au quatrième étage, la cliente ouvre sa porte pour récupérer son dû. Quelques numéros de rue plus loin, au 85 rue Montmartre, le livreur sollicite une personne. « J’appelle deux fois. Si ça ne répond pas, on ne livre pas. C’est le rush permanent », fait-il savoir à l’entrée d’une vieille résidence. L’objet, de modeste dimension, est alors inséré dans la boîte aux lettres.
« Il faut avoir l’amour de la livraison »
Bamoussa Coulibaly
Livreur à La Poste
Une éprise qu’il convoque, même lorsque l’information s’avère lacunaire. « Nous avons parfois des adresses incomplètes », déplore-t-il. Quelques minutes après un passage infructueux, l’opérateur discute avec une jeune femme. « C’est quoi comme prénom ? », interroge-t-il. L’interaction dure quelques secondes.
Une entraide nécessaire
Des colis, Bamoussa doit encore en livrer des dizaines. Pour se repérer, il possède une fiche récapitulative de la commande de la journée, collée à l’intérieur du cargo, hermétique coquille rectangulaire. Son temps de travail pourrait également être garni d’une virée solidaire. « On se doit d’être soudés dans l’équipe. Il y a beaucoup d’entraide, surtout lors de ses périodes assez fournies », assure Hervé Schobert.

La fiche récapitulative de Bamoussa, sur le cargo de son vélo électrique. (©AG/ actu Paris)
L’activité devrait retomber dans quelques jours. Une accalmie de courte durée. « La période des soldes d’hiver est également assez intense », note Hervé Schobert. Car la principale source de livraison demeure le e-commerce, marqué par l’achat de vêtements. Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), 39,4 millions de Français achetaient via internet en 2024, soit une croissance de 500 000 consommateurs en un an. Un chiffre qui devrait encore augmenter dans les prochaines années.
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