Chaque décembre, certains voient leur
salon se transformer en zone de crise respiratoire dès que le sapin
de Noël est installé. Que cache vraiment ce « syndrome du sapin de
Noël » qui peut aller bien au‑delà d’un simple rhume ?

Décembre, le salon sent la résine, le sapin brille… et soudain
votre nez se met à couler en cascade. Les éternuements
s’enchaînent, les yeux piquent, la toux réveille tout le monde la
nuit. Beaucoup pensent à un simple rhume hivernal, à un virus
ramené du bureau ou à l’air trop sec du chauffage. Pourtant, dès
que vous quittez la pièce du sapin, vous allez beaucoup mieux.

Pour certaines personnes, ces crises respiratoires deviennent
carrément extrêmes : dizaines d’éternuements d’affilée, sensation
d’oppression dans la poitrine, asthme qui se déstabilise. Les
médecins parlent de syndrome du sapin de Noël, un
ensemble de symptômes allergiques étroitement liés à l’arbre décoré
et à sa couronne de l’Avent. Le phénomène touche surtout les
terrains allergiques, les asthmatiques et les enfants fragiles. Et
ce n’est pas une simple lubie de médecin.

Qu’est-ce que le syndrome du sapin de Noël exactement ?

Ce terme ne correspond pas à une maladie officielle dans les
manuels, mais décrit une rhinite allergique, parfois un début de
crise d’asthme, qui apparaît quand un sapin
naturel entre dans la maison. Nez bouché ou qui coule, éternuements
en rafale, gorge qui gratte, yeux rouges et larmoyants, toux sèche,
maux de tête : les signes surviennent surtout dans la pièce où
trône l’arbre et diminuent dès qu’on s’en éloigne.

Les allergologues observent ce tableau surtout chez les
personnes déjà sensibles : rhinite saisonnière, eczéma,
hyperréactivité bronchique. Medisite rappelle qu’entre 25 et 30 %
de la population souffre d’une maladie allergique, avec 7 à 10 %
d’asthme et jusqu’à 20 % de rhinite ou
conjonctivite. Les petits enfants, les asthmatiques mal contrôlés
et les personnes immunodéprimées peuvent réagir plus violemment,
avec gêne respiratoire marquée.

Moisissures et produits chimiques : les vrais coupables du
sapin de Noël

Derrière cette avalanche de symptômes, les coupables principaux
sont les moisissures qui colonisent le tronc et
les aiguilles pendant le stockage. Des mesures citées par la
Deutsche Lungenstiftung montrent qu’en hiver, l’air intérieur
contient habituellement entre 100 et 3 000 spores de moisissures
par mètre cube, mais qu’avec un sapin contaminé la concentration
peut grimper jusqu’à 5 000 spores. Dans 28 sapins analysés, les
chercheurs ont recensé jusqu’à 53 espèces différentes, dont 70 %
jugées potentiellement nocives.

Les analyses mettent en cause des champignons comme Aspergillus,
Penicillium ou Cladosporium, connus pour irriter fortement les
voies respiratoires. Le sapin peut aussi avoir reçu des pesticides
et d’autres produits chimiques qui s’évaporent une fois installé
dans une pièce chauffée. Harald Morr, président de la Deutsche
Lungenstiftung à Hanovre, conseille même de traiter l’arbre avec un
fongicide pour tuer les spores, mais il reconnaît : « Mais c’est
déjà un très gros effort », ce qui décourage pas mal de
familles.

Comment réduire le syndrome du sapin de Noël sans gâcher la
fête

Bonne nouvelle, il existe des gestes simples pour limiter ce
cocktail d’allergènes sans renoncer au sapin naturel. Les
spécialistes recommandent de préparer l’arbre dehors, plusieurs
heures avant de le mettre au salon, puis d’aérer généreusment la
pièce chaque jour. Certains allergiques tolèrent beaucoup mieux le
sapin quand ils raccourcissent sa durée de séjour à la maison, par
exemple une semaine maximum. Parmi les réflexes les plus utiles
:

  • Rincer le sapin au tuyau d’arrosage, puis le laisser bien
    sécher à l’extérieur.
  • Privilégier un sapin issu de l’agriculture biologique, moins
    traité aux pesticides.
  • Dépoussiérer guirlandes et boules dehors avant de les
    accrocher.
  • Éviter de placer l’arbre près d’un radiateur, qui favorise les
    émanations et les spores.
  • En cas d’allergie sévère, opter pour un sapin artificiel
    nettoyé chaque année et stocké à l’abri de l’humidité.

Si malgré ces précautions les crises d’éternuements, la toux ou
la gêne respiratoire persistent, en particulier chez un enfant
asthmatique, une consultation médicale s’impose. Difficulté à
respirer, sifflements ou malaise imposent d’appeler les secours, ce
guide ne remplace pas l’avis d’un médecin.