Par

Lisa Rodrigues

Publié le

18 déc. 2025 à 13h46

Il y a quelques semaines, les dépenses en notes de frais de certains maires, notamment à Paris, ont fait bondir une partie de leurs opposants et de la société civile. C’est surtout le détail de ces frais – vêtements de luxe, tables dans les meilleurs restaurants – qui ont fait réagir. Dans la foulée de ces révélations, d’autres édiles ont rendu public leurs propres frais, comme à Lyon, ou ont au contraire refusé de le faire à l’approche des municipales, comme à Nice.
La Ville de Grenoble a, elle, joué le jeu. La rédaction a pu obtenir le détail des notes de frais d’Éric Piolle, maire écologiste de la capitale des Alpes, pour son deuxième mandat, de 2020 à septembre 2025

Près de 30 000 € remboursés en cinq ans

Une partie de ces frais est d’ailleurs visible sur le site public Ma Dada, vers lequel la mairie de Grenoble a renvoyé la rédaction pour les frais des années 2020 à 2024.

D’après les frais et factures à disposition de la rédaction, les remboursements sur un an vont de 341,13 € en 2020 (année du Covid) à 9 771,15 € en 2024. Pour le moment, sur l’année 2025, ce sont 8 640,12 € de notes de frais d’Éric Piolle qui ont été rendues publiques.

Au total, depuis 2020, 29 676,83 € ont ainsi été remboursés par la Ville au maire. Soit de quoi renflouer pendant un an et demi l’enveloppe allouée à la maire de Paris, Anne Hidalgo… pour sa garde-robe et ses frais de représentation.

Des prestataires pour les déplacements

À noter que pour les années 2020 à 2022, peu de frais de déplacement (hôtels et transports) sont indiqués, si ce n’est quelques taxes de séjours. Des déplacements qui, années Covid obligent, ont été logiquement bien moins nombreux que sur la fin de mandat.

Interrogée à ce sujet, la mairie a répondu que lesdites réservations – dont les montants n’ont pas été communiqués – « ont été faites via prestataire », citant des réservations de trains par abonnement, ou payées directement par l’organisation de l’événement. « La Ville ne rembourse au Maire que lorsqu’il a avancé les frais. »

Et pour le premier mandat d’Éric Piolle ?

La rédaction n’a pas pu avoir accès aux notes de frais d’Éric Piolle antérieures à 2020. D’après les services de la mairie, celles-ci ne sont pas archivées avec un « accès rapide et automatisé », et nécessitent une mobilisation et « une charge disproportionnée » des agents pour les sortir. Or, l’article L311-2 du Code des relations entre le public et l’administration précise que « l’administration est fondée à aménager les modalités de communication afin que l’exercice du droit d’accès reste compatible avec le bon fonctionnement de ses services », précise la mairie.

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Un voyage à près de 3 000 euros au Japon

Dans le détail des remboursements, peu de surprises. La majorité des déplacements d’Éric Piolle sur son deuxième mandat se font sur Paris (interviews, forums, colloques, rencontres avec des élus…) et toujours en train. Sur place, c’est taxi ou carnet de tickets de métro. Pour les déplacements en Isère ou dans le Rhône, un véhicule de service est utilisé.

Les repas se font essentiellement dans des brasseries (rarement au-delà d’un plat et d’un café) ou sur le pouce dans des enseignes à emporter dans les gares parisiennes. 

Ses déplacements à l’étranger sont aussi renseignés, notamment en 2021 en Côte-d’Ivoire pour une conférence sur la démocratie participative, ou en Écosse pour la COP26. Plus récemment, Éric Piolle s’est rendu en juin 2025 en Arménie pour les Assises de la coopération décentralisée franco-arménienne. 

La plus grosse dépense que la rédaction a relevé, c’est le voyage de huit jours au Japon en 2024, en lien avec le jumelage avec la ville de Tsukuba : 2 869,06 € au total ont été remboursés à l’édile, dont 2 691,67 € de frais de déplacement (transports et hébergement) et 177,39 € de frais de restauration.

Pour l’anecdote, la plus petite dépense observée est de 4,70 € en frais de déplacement en février 2023, pour assister au quart de finale de Coupe de France entre le GF38 et l’OL au Groupama Stadium à Lyon.

Pas d’enveloppe de représentation

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’édile grenoblois est bien loin des frasques de certains élus. Aucun achat autres que des repas, collations, transports et hébergements n’est renseigné.

Et pour cause : aucune enveloppe de représentation n’est allouée à Éric Piolle. « Conformément à une volonté affirmée de ne pas engager de dépenses spécifiques » et pour « prévenir tout risque de dérive ou d’usage excessif, le Conseil municipal de Grenoble a choisi dès 2024 » de ne pas voter d’enveloppe de ce type, souligne la Ville. 

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