14:43
Reprise des débats
Après une courte pause déjeuner, c’est déjà l’heure de la reprise pour les députés. Première personne interrogée cet après-midi : Patrick Cohen, voix de France Inter et visage de « C à vous » sur France 5. Une audition très attendue, le journaliste de 63 ans ayant été avec Thomas Legrand et deux responsables du PS au cœur de vidéos polémiques rendues publiques en septembre dernier. Tournées à leur insu, ces images avaient déclenché une vague d’accusations en connivences politiques visant les deux journalistes, mais aussi le service public audiovisuel dans son ensemble.
14:30
Mais au fait, c’est quoi une commission d’enquête ?
Une commission d’enquête est un groupe de travail permettant à des parlementaires de l’Assemblée nationale ou du Sénat de recueillir des éléments d’information précis sur des sujets déterminés, et ce pendant un délai maximal de six mois, et avec pour objectif final la présentation d’un rapport.
Leurs investigations peuvent concerner aussi bien la gestion d’un service public, qu’une entreprise nationale ou des questions de société. Composées de représentants de tous les groupes parlementaires – 30 députés ou 23 sénateurs maximum -, les commissions d’enquête disposent de pouvoirs spécifiques comme celui accordé au rapporteur (le député rédigeant le rapport) d’investiguer sur pièces et sur place, mais aussi d’obliger les personnes convoquées à se présenter devant eux (droit de citation).
14:24
Qui a déjà été entendu ?
Les auditions de ce jeudi sont loin d’être les premières. Avant Thomas Legrand, Adèle Van Reeth ou Patrick Cohen, les députés ont interrogé longuement la semaine dernière la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, mais aussi son homologue de Radio France, Sibyle Veil, pas plus tard que ce mercredi 16 décembre.
Parmi les autres personnalités convoquées, le président de l’Arcom, Martin Ajdari, qui a ouvert le bal le 25 novembre dernier, sans oublier les auteurs d’un récent rapport de la Cour des comptes alarmant sur la situation financière de France Télévisions.
14:09
Charles Alloncle, le député qui voudrait crever l’écran
Charles Alloncle (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
À 32 ans, Charles Alloncle est en train de se faire une petite notoriété sur le dos de l’audiovisuel public, dont il est accusé de vouloir la peau. Le député ciottiste (allié du RN) de l’Hérault est sous les projecteurs depuis le lancement, fin novembre, de la commission d’enquête sur l’audiovisuel public. Une mission lancée à l’initiative d’Eric Ciotti et de son parti l’UDR, dont le jeune élu est le rapporteur. Voici son portrait.
13:40
Pause déjeuner avant l’audition de Patrick Cohen
C’est l’heure de la pause déjeuner. Après deux heures d’audition, le président de la commission d’enquête, Jérémie Patrier-Leitus, lève la séance. « Seul regret, c’est que nous ayons manqué le 12/13 de France 3 Normandie », blague ce député du Calvados. Reprise des débats attendue à 14h30. Ce sera alors au tour du journaliste et chroniqueur de France Inter Patrick Cohen de s’asseoir dans le fauteuil de l’auditionné.
13:38
« La probité, l’intégrité, c’est ce que j’ai de plus cher »
L’ambiance se fait plus solennelle quand Charles Alloncle aborde une subvention de 7 000 euros accordée en 2016 – Stéphane Sitbon-Gomez était alors déjà salarié de France Télévisions – par le groupe public à une association de lutte contre les violences faites aux femmes dont la compagne de Stéphane Sitbon-Gomez était « présidente ».
« Vous savez, Monsieur le rapporteur, votre question, elle me touche beaucoup », commence par répondre l’actuel numéro 2 de France Télévisions au sujet de « cette mise en cause de sa vie privée ». « La probité, l’intégrité, c’est ce que j’ai de plus cher. C’est ma maman qui m’a transmis ces valeurs et m’a appris que l’honneur d’un homme, c’est ce qu’il a de plus précieux », ajoute le dirigeant de l’audiovisuel public sur un ton qui tranche avec celui du reste des débats.
Sur le fond, le numéro 2 de France Télévisions précise ensuite qu’il ignorait l’existence de cette subvention et que sa compagne était « à l’époque bénévole » de cette association. Il rapporte aussi que cette affaire a été dénoncée par un syndicat qui l’a poursuivi en justice « pendant deux ans », avant que le tribunal de Paris ne déclare « complètement nulle cette plainte ».
13:15
Une députée PS dénonce « un tribunal »
La députée PS Ayda Hadizadeh a profité des questions laissées aux groupes politiques pour pousser un coup de gueule. « On est de moins en moins dans une commission d’enquête mais dans un tribunal avec des procureurs qui ne veulent pas réformer mais tuer le service public. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. »
Pour l’élue socialiste, « le verdict est déjà presque annoncé » pour l’audiovisuel public : « trop cher, trop partial et en plus dirigé par des personnes qui n’ont aucune compétence. » Avant de décocher une pique aux élus proches du RN de Jordan Bardella : « Savoureux de la part de personnes qui soutiennent pour la magistrature suprême des trentenaires qui n’ont pour CV que des emplois quasi fictifs. La blague, ça suffit. »
13:06
« Pas un euro d’argent public dépensé pour ces frais d’hôtel à Cannes »
Revient sur la table la question du prix des chambres d’hôtel occupés à Cannes par les dirigeants de France Télévisions durant le festival du film du même nom, dont le groupe public est partenaire depuis quelques années. « Des suites au Majestic à 1700 euros la nuit », rappelle Charles Alloncle, évoquant une facture globale de « 100 000 euros ».
« Pas un euro d’argent public n’a été dépensé pour ces frais d’hôtel à Cannes », rétorque Stéphane Sitbon-Gomez, expliquant, comme sa présidente Delphine Ernotte la semaine dernière, que la note avait été réglée via l’utilisation d’invendus publicitaires via la technique dite du « bartering ».
« A Cannes pendant 10 jours, on travaille 15 heures par jour », rappelle aussi le patron des programmes de France Télévisions, soulignant qu’il n’a été à Cannes que pour honorer « des obligations professionnelles ».
12:59
Les « navettes » à la loupe
Sont désormais abordés les « navettes » d’anciens cadres de France Télévisions entre l’entreprise publique et des sociétés de production avec lesquelles le groupe est en relation d’affaires. Dans la ligne de mire du rapporteur notamment, Nathalie Darrigrand, ancienne directrice des programmes de France Télévisions, qui aurait selon lui quitté le groupe en échange de « 300 000 ou 400 000 euros » d’indemnités, avant de rejoindre la société de production Together, avec laquelle France Télévisions est en contrat, notamment pour l’émission de débats « C ce soir » présenté par Karim Rissouli. Un possible cas de « favoritisme » et de « prise illégale d’intérêt » selon Charles Alloncle.
« Respect de la vie privée. On répondra évidemment par écrit », argue Stéphane Sitbon-Gomez sur la question des indemnités. « Nathalie Darrigrand est une grande dirigeante du service public » salue aussi son successeur, rappelant son bilan au sein de France Télévisions avant son départ en 2020 pour un « désaccord éditorial ».
Et Stéphane Sitbon-Gomez de préciser qu’elle n’a joué aucun rôle dans le lancement de l’émission « C ce soir » puisque celle-ci a été signée alors que Nathalie Darrigrand avait déjà quitté France Télévisions et n’avait pas encore été embauchée par Together.
12:39
Petits ou grands producteurs ?
C’est l’heure de la question « gros sous ». Le rapporteur Charles Alloncle épingle les « 100 millions d’euros » de contrats de production passés entre France Télévisions et le groupe Mediawan. Il dénonce une « hyperconcentration » de ces contrats au détriment de la production indépendante.
« Faux », rétorque Stéphane Sitbon-Gomez, affirmant que « plus de 50 % » des contrats passés par son groupe le sont avec de « petits producteurs indépendants ». « Nous travaillons avec plus de 700 sociétés de production », précise le cadre de France Télévisions, ajoutant que 30 % des contrats reviennent à de gros groupes français comme Mediawan (11 %), Banijay ou Newen.
12:33
Discriminés, les « hommes blancs de plus de cinquante ans » ?
Charles Alloncle dénonce maintenant la « politique discriminatoire » que mènerait France Télévisions depuis dix ans envers les « hommes blancs de plus de cinquante ans » à l’antenne. Et son coût pour le groupe public. Un exemple ? La récente condamnation par le Conseil de prud’hommes de Paris de France Télé à verser près de 450 000 euros à Bertrand Renard et Arielle Boulin-Prat, les anciens animateurs de « Des chiffres et des lettres ».
Stéphane Sitbon-Gomez défend cette décision « pas aisée » qui est la sienne. « Une grille de télévision, c’est fait pour se renouveler », assume le grand manitou des programmes, faisant la pédagogie de son choix de réorganiser l’offre de jeux de ses chaînes.
12:18
Sitbon-Gomez : « Mon passé est public »
Charles Alloncle remet sa casquette d’archéologue de Twitter. Déterrant des messages politique de Stéphane Sitbon-Gomez datant parfois de 2011, le rapporteur de la commission d’enquête interroge de nouveau la « neutralité » du dirigeant de France Télévisions, âgé de 38 ans.
« Mon passé est public. Tout ce que j’ai fait depuis que j’ai 13 ans est public. Rien n’est dissimulé ! Je ne me suis jamais caché derrière mon petit doigt. J’ai décidé d’avoir une vie professionnelle comme des millions de Français », rétorque le directeur de France Télévisions, déjà agacé, estimant avoir toujours respecté ses « obligations de neutralité ». « Vous allez retrouver plein de choses sur ce que j’ai écrit quand j’avais 14 ans », moque aussi l’auditionné.
12:08
« On va arrêter de relayer des suspicions ! »
Nouvel accrochage entre le président (Horizons) et le rapporteur (UDR) de la commission d’enquête. « On va arrêter de relayer des suspicions ! », s’énerve le premier, Jérémie Patrier-Leitus, après que le deuxième a affirmé au micro avoir recueilli des témoignages anonymes de journalistes au sein de France Télévisions s’offusquant du « profil militant » de Stéphane Sitbon-Gomez.
Estimant que tous les membres de la commission devaient avoir une connaissance précise des éléments évoqués par Charles Alloncle, le président propose d’auditionner à « huis clos » ces journalistes anonymes évoqués par Charles Alloncle.
12:00
Le numéro 2 de France Télévisions attaqué sur son passé de conseiller de Cécile Duflot
Pas de tour de chauffe. Le rapporteur Charles Alloncle débute la série de questions des parlementaires en revenant sur le parcours passé de Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des programmes de France Télévisions, comme conseiller de l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot et d’Eva Joly, ex-candidate des Verts à la présidentielle. « Qu’est-ce qui a fait que vous êtes devenu le numéro 2 de la plus grande entreprise d’audiovisuel en France sans aucune forme d’expérience dans ce domaine ? », attaque le député.
« Je me suis conformé à toutes les règles et obligations de neutralité », répond le directeur des programmes et de l’information de France Télévisions, mettant en avant « ses résultats » d’audiences au sein du groupe public.
11:56
« L’impartialité, ça ne se proclame pas »
Après la radio, place à la télévision. Une deuxième audition débute. Face aux députés, Stéphane Sitbon-Gomez, le patron des programmes de France Télévisions depuis 2020. Mettant en avant « la dynamisation des audiences » de ses chaînes, notamment sur le digital, il a insisté – lors d’un long discours inaugural de douze minutes ! – sur ses « missions de rassemblement », citant quelques émissions emblématiques comme « les Rencontres du Papotin », qui laisse la parole à des journalistes autistes.
Avec plus de 2000 invités, dont 200 politiques, France Télévisions s’autoproclame « premier espace de débat public ». « L’impartialité, ça ne se proclame pas, a insisté le directeur. Cela se vérifie dans la durée, dans la collégialité des décisions, dans la capacité à corriger les erreurs. »
11:38
François Morel, revue de presse, tweets et émojis
Laurent Goumarre, Adèle Van Reeth et Philippe Corbé. (Dimitar DILKOFF / AFP)
L’audition de l’état-major de France Inter a déjà débordé de 15 minutes. Tweet, retweet, lien dans le tweet ou emoji, la commission d’enquête glose jusqu’à épuisement sur l’interprétation à donner à d’anciennes publications X de Nora Hamadi, la journaliste en charge de la revue de presse de la matinale de France Inter. Leur sujet : Rima Hassan et l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi.
« Fils de pute », « enculés »… Le rapporteur conclut en revenant sur le sujet de l’humour. Il cite un billet de François Morel prenant pour cible les journalistes des médias Bolloré ayant attaqué Thomas Legrand et Patrick Cohen en septembre dernier. « Il sait très bien ce qu’il fait », défend la directrice d’Inter, Adèle Van Reeth, saluant la « finesse » et le « sens de la rhétorique » de son humoriste vedette. « Ces insultes ne sont pas adressés aux personnes que vous citez », tranche la patronne de France Inter, invitant le député à réécouter la chronique.
La séance est finalement suspendue 5 minutes par le président de la commission. Prochain auditionné : Stéphane Sitbon-Gomez, le directeur des programmes de France Télévisions.
11:01
« Est-ce que vous trouvez ça drôle ? » : débat autour d’un billet de l’humoriste Jessé
Les humoristes de France Inter sont la dernière cible de Charles Alloncle. Le rapporteur UDR évoque notamment un billet humoristique de novembre dans « Zoom Zoom Zen » dans lequel l’humoriste Jessé conseille à « Karen », un personnage fictif présenté comme une « grosse raciste suprématiste blanche », de « prendre (s)a pétée avec un Antillais pour comprendre que c’est très agréable ». « Est-ce que vous trouvez ça drôle et convenable qu’un humoriste appelle au viol sous prétexte que les femmes sont des femmes blanches ? », interroge le rapporteur
« Personne n’est obligée de rire aux mêmes blagues que les autres », rétorque Laurent Goumarre, le directeur des programmes, défendant la liberté d’expression sur son antenne, et la propension de l’humour quelques fois à « provoquer » en recourant à « l’outrance ». « La seule limite c’est celle du droit », estime Laurent Goumarre.
10:38
Le passé écolo d’un directeur d’Inter mis en avant
Le rapporteur Charles Alloncle s’attaque désormais à Bertrand Rutily, directeur depuis 2024 de l’antenne et de la production de France Inter, présent aux côtés d’Adèle Van Reeth. En cause, son ancien mandat de « conseiller municipal Europe-Ecologie-Les Verts » à Boulogne-Billancourt. Le cadre de l’audiovisuel public précise ne jamais avoir été encarté ni élu via ce parti. « J’ai été élu sans étiquette », explique-t-il, reconnaissant cependant avoir dû faire « un groupe commun » avec ce parti pour des « raisons techniques ».
« Je n’ai pas eu d’engagement partisan », se défend-t-il, soulignant aussi que ce mandat a précédé son arrivée à Radio France. D’anciens posts du compte Twitter de Bertrand Rutily sont déterrés par Charles Alloncle, notamment un sur « la jeunesse emmerde le Front national ». « C’est une forme d’engagement politique parfaitement décomplexé », tacle le rapporteur. « Je n’ai pas de responsabilité éditoriale à France Inter », répond le cadre de France Inter, assurant qu’il ne tweete plus sur ces sujets depuis son arrivée à France Inter et que ses « convictions personnelles » n’ont pas « d’influence » sur son travail.
10:18
Reprise des échanges
Les débats reprennent après cinq minutes d’interruption. « Les Français nous regardent », rappelle le président à destination de ses collègues, demandant du « calme » et « du respect ». Charles Alloncle lui, réclame qu’on arrête de lui couper la parole et qu’on lui laisse le temps de poser ses questions.
10:12
« Il faut défoncer le rapporteur » : séance suspendue après un incident
Incident de séance en direct. « Il faut défoncer le rapporteur » ! Hors micro, des cris se font entendre. « Je ne cesse d’entendre Monsieur Balanant (Erwan Balanant, député Modem du Finistère) dire : Il faut défoncer le rapporteur ! », balance d’un coup au micro l’élue RN Caroline Parmentier.
Une prise de bec inaudible s’ensuit. « Je vous demande de vous respecter les uns et les autres. Soit on s’arrête, soit je suspends l’audition », met en garde le président de la commission d’enquête, Jérémie Patrier-Leitus (Horizons), qui tente tant bien que mal de ramener le calme.
Avant de croiser le fer à son tour avec le rapporteur, Charles Alloncle. « C’est scandaleux ce que vous faites, Monsieur Alloncle. Ça suffit ! Vous ridiculisez la représentation nationale », hurle au loin Erwan Balanant, sans qu’on comprenne exactement le motif de son courroux. « Je suspends pour cinq minutes », tranche le président. Triste spectacle.
09:59
Le RN, parti « le plus invité » à la matinale de France Inter
Charles Alloncle continue son travail de sape. Evoquant une étude contestée de l’institut Thomas More et un récent sondage de l’Ifop, le rapporteur (UDR) de la commission interroge de nouveau la directrice d’Inter, Adèle Van Reeth, sur le « biais de gauche » qui existerait à l’antenne.
Philippe Corbé, le directeur de l’information de la station, intervient alors pour la première fois dans les débats. Il rappelle les règles du pluralisme en matière de temps de parole des responsables politiques. Si des « déséquilibres » ont pu être constatés par le passé a-t-il reconnu, cette époque serait révolue selon lui. « Quel est le parti le plus invité dans la matinale de France Inter ? C’est le Rassemblement national », donne le journaliste en guise d’exemple.
09:57
Charles Alloncle tacle « une rupture avec le principe de neutralité »
Le député ciottiste Charles Alloncle n’est pas convaincu par la réponse d’Adèle Van Reeth sur l’absence d’idéologie sur ses antennes et le caractère non politisé de sa sortie sur le progressisme. « Le progressisme est une philosophie politique favorable aux réformes sociales. En ça, il s’oppose au conservatisme. Si le directeur de France Inter avait dit assurer que sa radio était conservatrice, on n’aurait pas eu 24 heures pour qu’il soit démis de ses fonctions, parce que ça aurait été une rupture avec le principe de neutralité, estime le rapporteur du groupe de travail. Cela a choqué de nombreux Français. » Et de faire un lien avec la baisse d’audiences de la première radio de France.
09:51
« Progressiste », France Inter ?
Comme prévu, Charles Alloncle met sur la table une interview de 2023 d’Adèle Van Reeth dans laquelle elle assure que « France Inter est une radio progressiste ». « Je vous remercie de poser cette question », lui rétorque la patronne de la station, qui s’est visiblement préparée à cette question. « Je n’ai pas employé ce terme dans un sens militant mais culturel », explique la patronne de la radio publique.
Ce terme est selon selon elle plus une référence à la mission « d’accompagnement des évolutions de la société » que se fixe sa station. « Nous ne sommes pas là pour dire aux gens ce qu’ils doivent penser », assure aussi l’ex-animatrice des « Chemins de la philosophie ».
09:45
« La ligne éditoriale de France Inter n’est pas idéologique »
Dès sa première question, Charles Alloncle met les pieds dans le plat. Rappelant que France Inter avait perdu 450 000 auditeurs lors de la dernière vague d’audience de la radio, le rapporteur ciottiste de la commission d’enquête met cette baisse sur le compte d’un « biais idéologique » de la station publique qui inciterait un nombre grandissant d’auditeurs à partir vers d’autres radios concurrentes. « La ligne éditoriale de France Inter n’est pas idéologique », répète Adèle Van Reeth, rappelant que celle-ci n’a pas changé en cette rentrée et ne peut donc pas expliquer cette baisse. « Nous ne contribuons pas à une société polarisée, nous faisons tout pour contribuer à sa dépolarisation. Toute accusation idéologique est contestable et ne repose sur aucun fait », avait-elle précisé plus tôt.
09:36
La patronne d’Inter sépare « critiques » et « outrances »
La directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, ouvre les hostilités par un petit discours introductif dans lequel elle défend sa maison et ses équipes. Répondant déjà en creux aux flèches qui viseront sa station au cours de cette audition, elle assure notamment que France Inter est une radio « populaire » et « moderne ». Passé cet autosatisfecit, elle reconnaît néanmoins qu’elle et ses équipes ne sont pas « infaillibles ». « Nous commettons des erreurs. Quand cela arrive, nous tâchons toujours de les reconnaître et de les corriger », commente-t-elle. Et de conclure, comme un premier message au rapporteur de la commission d’enquête, le député UDR Charles Alloncle, qu’elle distinguera « toujours les critiques de ceux qui veulent qu’on s’améliore, de l’outrance de ceux qui veulent que nous disparaissions ».
09:28
« Certains mots sont des cibles dans le dos »
Réagissant aux incidents de la veille et aux invectives d’une élue LFI à l’encontre de l’humoriste de France Inter Sophia Aram, et rappelant au « respect de nos concitoyens » que nous n’avons pas à « jeter en pâture », le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus, a souligné que certains « mots » étaient « des cibles qu’on vient planter dans le dos », surtout dans un pays où des « humoristes » ont été « tués à bout portant à cause d’un qualificatif qui leur a été jeté à la figure ».
Soulignant que Sophia Aram avait vécu « sous protection policière » et que « ses spectacles font l’objet d’une sécurité renforcée », il a conclu en déclarant que « de tels propos » n’engageaient ni la commission d’enquête ni l’Assemblée nationale.
09:13
Sophia Aram accusée d’humour « raciste » : le coup de sang du président de la commission
Et c’est parti pour cette journée marathon ! Ça commence fort avec un rappel à l’ordre solennel dès l’ouverture des débats. Le président Horizons de la commission d’enquête, Jérémie Patrier-Leitus, tient à dénoncer avec force l’« incident grave » de la veille. Dans son viseur, la députée LFI, Ersilia Soudais, qui a accusé publiquement Sophia Aram et ses chroniques sur France Inter d’être « racistes ».
« Accuser publiquement une personne de racisme » est un « acte grave », a taclé le président de la commission d’enquête, prévenant qu’il n’autoriserait pas « de tels propos » au sein de son groupe de travail.
08:56
France Inter « ni de gauche ni de droite »
Un pur fantasme pour Sibyle Veil. Lors de son audition par la commission d’enquête sur l’audiovisuel public ce mercredi, la patronne de Radio France est revenue sur le positionnement politique qu’auraient ses radios. « France Inter n’est ni de droite ni de gauche », a-t-elle assuré, montrant deux revues de presse contradictoire, affirmant pour l’une que l’antenne est trop à gauche, et pour l’autre trop à droite.
« Il y a une lecture extrêmement polarisée de ce qu’est France Inter », regrette-t-elle, affirmant plus tard « veiller à ce que les opinions politiques et religieuses n’aient pas d’incidence sur nos antennes. »
08:51
Quand Sibyle Veil conseille à Thomas Legrand « d’arrêter d’aller dans les cafés »
Sibyle Veil. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Au cours de son audition mercredi après-midi, Sibyle Veil, présidente de Radio France, a été interrogée sur le cas du journaliste politique Thomas Legrand, écarté après la publication d’une vidéo volée dans un café où disait « s’occuper » de Rachida Dati. « Nous avons immédiatement pris nos responsabilités », a-t-elle rappelé, estimant devant les députés que ces propos étaient « problématiques » mais relevaient de la « maladresse ».
La présidente a, dans la foulée, dénoncé une vidéo « instrumentalisée ». « On a essayé de lui faire dire des choses qui, confrontées à la réalité des faits, ne tiennent pas », a-t-elle jugé, rappelant que Thomas Legrand n’était « plus en contrat » avec France Inter depuis août 2022 et intervient sur l’antenne en qualité de journaliste de Libération, ce qui s’est encore produit en novembre dernier.
De plus, sollicitée à plusieurs reprises par le rapporteur Charles Alloncle (UDR) sur le contenu d’un rendez-vous privé récent entre Thomas Legrand et l’ancienne directrice de France Inter Laurence Bloch, largement relayé par Europe 1, média du groupe Bolloré, Sibyle Veil a botté en touche. « Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit. Je n’étais pas à la terrasse du café », a-t-elle commenté, osant même un trait d’humour : « Je conseillerais volontiers à Monsieur Legrand d’arrêter d’aller dans les cafés puisqu’il doit y être enregistré. »
La patronne a toutefois déploré des méthodes qui « font penser à la RDA quand tout le monde était sur écoute. » Un avis partagé par le président Jérémie Patrier-Leitus (Horizons), répétant « contester fermement les méthodes qui consistent à révéler des rendez-vous privés. » Un coup de gueule en vain, le rapporteur répliquant immédiatement ne pas être « là pour juger de la méthode »…
08:43
Clashs en série ce mercredi…
Près de quatre heures d’audition. Comme Delphine Ernotte-Cunci, son homologue de France Télévisions, quelques jours plus tôt. En préambule de la journée XXL de ce jeudi, la Commission d’enquête parlementaire sur l’audiovisuel public a entendu ce mercredi Sibyle Veil, la présidente de Radio France. Le tout dans une ambiance une nouvelle fois très électrique entre les membres de la commission, députés de chaque bord s’invectivant publiquement.
Dès les premiers instants, le président Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) a dénoncé des « contrevérités grossières » et des « fausses informations » distillées sur les réseaux sociaux, et promis « d’engager toute action juridique et judiciaire pour faire cesser et sanctionner de tels agissements », estimant que ceux-ci portaient aussi bien atteinte à sa personne qu’aux travaux de la commission et à l’Assemblée nationale.
Si Sibyle Veil a gardé son calme du début à la fin, les échanges ont été tendus entre le président philippiste de la commission et le rapporteur ciottiste Charles Alloncle, ce dernier lui reprochant de s’immiscer dans ses questions voire de lui couper le micro. Mais également avec la députée Ersilia Soudais (La France insoumise), lorsque celle-ci a évoquée « une Sophia Aram qui raconte des dingueries et qui a un humour raciste ».
« Ici, ce n’est pas le lieu où l’on insulte les salariés du service public, s’est agacé Jérémie Patrier-Leitus, donnant lieu à une énième prise de bec. Faites attention à la manière dont vous parlez. On a une Sophia Aram… On est où ici ? On est dans une cour d’école ? On est dans une assemblée générale La France insoumise ? C’est comme cela qu’on parle de citoyens français ? Qu’est-ce que cela signifie ? C’est une sous-citoyenne ? » Réponse immédiate : « Prenez une tisane. Vous allez m’apprendre à parler, monsieur le président, peut-être ? »
08:38
Ces députés en première ligne
Pas moins de trente députés, pas toujours tous présents aux auditions, forment ce groupe de travail. Ils sont issus de tous les groupes politiques de l’Assemblée nationale, et d’un député non inscrit. Comme chaque commission d’enquête, celle-ci dispose d’un président et d’un rapporteur issus de camps différents, dont l’un est forcément le représentant d’un groupe d’opposition.
Le 12 novembre 2025, les membres de la commission d’enquête ont élu Jérémie Patrier-Leitus, député Horizons du Calvados, à sa présidence. Chargé de distribuer la parole et de faire « la police débats », l’élu de 36 ans peut également poser des questions aux personnes auditionnées.
Jeremie Patrier-Leitus. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le rapporteur de la commission est Charles Alloncle, 32 ans, député UDR de l’Hérault. Sa fonction lui donne un pouvoir d’enquête et une place de premier plan dans le questionnement des personnes auditionnées. C’est aussi lui qui sera chargé de rédiger le rapport à l’issu des travaux de cette commission.
08:31
Le rappel à l’ordre de la présidente de l’Assemblée
Yael Braun-Pivet. (Dimitar DILKOFF / AFP)
Des « incidents d’une fréquence et d’une ampleur inédites ». La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a adressé cette semaine un courrier visant clairement le rapporteur de la commission d’enquête, le député UDR Charles Alloncle. Elle pointe des débordements en série.
« Parfois les commissions d’enquête peuvent être dévoyées à des fins politiques, explique-t-elle. Il faut faire attention parce que c’est un formidable outil de contrôle du Parlement sur l’action des pouvoirs publics. »
Depuis plusieurs semaines, certains soupçonnent les députés d’extrême droite de chercher à dévoyer l’objet de la commission d’enquête pour défendre la privatisation de France Télévisions. Charles Alloncle a d’ailleurs d’ores et déjà promis des « pistes radicales » pour son rapport final, attendu pour le printemps prochain.
08:24
Le groupe d’Eric Ciotti à la manœuvre
Ce groupe de travail sur « la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public » a été créée le 28 octobre dernier à l’initiative de l’Union des droites pour la République (UDR), le groupe d’Eric Ciotti à l’Assemblée nationale.
Le député des Alpes-Maritimes avait annoncé dès septembre dernier sa volonté de mettre sur pied une telle commission d’enquête dans le sillage de « l’affaire Legrand/Cohen ».
Minoritaire avec seulement 16 élus, son groupe a, pour y parvenir, activé « son droit de tirage », c’est-à-dire la faculté que lui octroie le règlement de l’Assemblée nationale de créer une commission d’enquête une seule fois par session parlementaire.
08:18
Les objectifs de la commission
Dans sa lettre d’intention, la commission d’enquête se fixe quatre buts principaux :
- Examiner les « thèmes développés et les angles retenus » par l’audiovisuel public, en s’assurant de « l’absence d’agenda politique » dans le « processus de décision de l’organisation des grilles de programmes »,
- Vérifier « l’objectivité et la traçabilité de l’ensemble des processus de décision », notamment en matière d’attributions de contrats, de recrutements, et de sanctions.
- Rechercher « l’existence de potentielles collusions avec des facteurs exogènes (pressions politiques, leviers d’influence, lobbys) et de conflits d’intérêts qui pourraient avoir une influence sur les processus de décisions ».
- « Faire le point sur la gestion, la répartition et l’utilisation des budgets consacrés à l’audiovisuel public ».
08:17
Les horaires de passage de chacun
- A 9 heures, Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, sera interrogée en premier par les députés. Elle aura à ses côtés d’autres huiles de la première radio de France : le patron des programmes, Laurent Goumarre, Philippe Corbé, le directeur de l’information, ainsi que Bertrand Rutily, directeur des antennes et de la production.
- A 11 heures, Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des programmes de France Télévisions et son bras droit Philippe Martinetti prendront place face aux élus.
Stéphane Sitbon Gomez, directeur des antennes et des programmes de France Télévisions. LP/Enzo Sultan
- A 14h15, Patrick Cohen, éditorialiste à France Inter reviendra notamment sur sa conversation privée avec des élus PS, dont l’enregistrement sauvage et la divulgation publique a mis le feu aux poudres, suscitant des accusations de connivences niées par les intéressées.
- A 15h45, Thomas Legrand, journaliste à Libération qui intervient aussi à l’antenne de France Inter, prendra sa place. Lui aussi était présent lors de ce fameux échange avec des élus socialistes. Et avait notamment eu des mots jugés ambigus sur la ministre de la Culture et candidate à la mairie de Paris. « On fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati ».
08:16
Bonjour et bienvenue dans ce direct !
Nous allons suivre ensemble la journée marathon de la commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public dont les débats sont diffusés en direct sur le site de l’Assemblée nationale. Une journée particulièrement sensible au regard des quatre auditions qui vont se succéder à partir de 9 heures.
Contexte
Journée décisive pour la commission d’enquête sur l’audiovisuel public
- L’affaire Legrand/Cohen au menu des députés. Les deux journalistes officiant sur France Inter, Thomas Legrand et Patrick Cohen, seront auditionnés l’un après l’autre ce jeudi après-midi. Au cœur des discussions, la vidéo pirate de septembre qui leur a valu des accusations de connivences politiques avec le PS. C’est d’ailleurs cet épisode polémique qui a déclenché la création de cette commission d’enquête sur la neutralité de l’audiovisuel public.
- Les patrons des stations sur le grill. Un peu plus tôt dans la journée, la fabrique des programmes sera aussi disséquée par les parlementaires. D’abord avec l’état-major de France Inter, dont sa patronne, Adèle Van Reeth. Avec ensuite le grand manitou des programmes de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez. Nul doute que leurs déclarations passées (« France Inter est une radio progressiste », avait dit Adèle Van Reeth par exemple) seront ciblées par le rapporteur ciottiste du groupe de travail, Charles Alloncle.
- Nouvelle polémique ? L’audition de Thomas Legrand intervient après qu’Europe 1 a rapporté mardi une nouvelle conversation privée ayant eu lieu la veille entre le journaliste et l’ex-patronne de France Inter, Laurence Bloch, dans un café. Lors de celle-ci, le tandem aurait notamment évoqué la future prise de parole de Thomas Legrand devant les députés de la Commission d’enquête.
- Derniers débats avant la trêve des confiseurs. Il s’agira des dernières auditions avant la pause des vacances de Noël. La commission reprendra ensuite ses travaux début janvier.