Près de soixante ans après la catastrophe aérienne, l’enquête sur le crash de la caravelle reliant Ajaccio à Nice connaît une avancée significative. Le 11 septembre 1968, la caravelle AF 1611, assurant la liaison Ajaccio-Nice en 45 minutes, s’était brusquement crashée en mer au large d’Antibes, provoquant la mort des 95 personnes à bord. L’épave avait ensuite été localisée à grande profondeur. Une première instruction pour homicide involontaire s’était achevée en 1973 par un non-lieu, la justice retenant alors la thèse d’un incendie survenu dans la cabine des toilettes.
Depuis, des investigations ont été menées à la mi-octobre par la marine nationale dans une zone maritime de 8 km², considérée comme le site présumé de l’accident. Grâce à une série de photographies sous-marines, les équipes ont pu identifier des éléments clés -de nouveaux débris- dans la Méditerranée de l’avion, à savoir la queue et les réacteurs de la caravelle et de nombreuses pièces de la carlingue.
Ces nouvelles données ont été communiquées par le juge d’instruction niçois en charge du dossier. Le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a confirmé ce mercredi 17 décembre les éléments transmis par les avocats des familles. Il reste désormais à déterminer s’il sera possible de remonter ces pièces sans les détériorer, après près de six décennies passées à un peu plus 2.000 mètres de profondeur, pendant une trentaine d’heures de plongée.
Une avancée majeure pour les familles des victimes
Les avocats des parties civiles, Me Stéphane Nesa, Me Paul Sollacaro et Me Philippe Soussi, ont salué « une avancée majeure » dans un dossier longtemps marqué par les zones d’ombre.
L’enquête judiciaire a été relancée en 2012 pour « soustraction et recel de preuves », mais elle a pris un nouveau tournant en 2018, lorsque la justice a requis la levée du secret-défense. Et ce puisque les magistrats ont estimé qu’il fallait prendre très au sérieux l’hypothèse d’un tir de missile accidentel depuis la base militaire du Levant, près de Hyères, dans le Var. En juillet 2019, le ministère des Armées avait transmis plusieurs documents à la justice, jugés « très insatisfaisants » par les familles des victimes.
L’an dernier, le procureur de Nice, Damien Martinelli, soulignait que plusieurs éléments concrets notamment des témoignages et des indices matériels, laissaient penser que des autorités civiles et ou militaires auraient pu chercher à faire obstacle à la détermination des causes et des circonstances réelles du crash. Pour les proches des victimes, l’identification de ces débris a ravivé l’espoir de comprendre enfin les causes exactes de la catastrophe.
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