«Teaser sensationnel», «bande-annonce alléchante»… Dans la presse, les superlatifs ne manquent pas pour qualifier les premières images du documentaire sur la First Lady sobrement baptisé Melania, the Film, diffusées mercredi 17 décembre. On y découvre l’épouse de Donald Trump lors de l’investiture de son second mandat, entre séquences de la vie quotidienne et banquets mondains. «C’est reparti», s’exclame-t-elle face caméra, dans cette bande-annonce aux allures de blockbuster hollywoodien.
Le projet doit sortir au cinéma le 30 janvier et sera disponible dans la foulée sur la plateforme de streaming Amazon Prime Video. Un choix loin d’être anodin car derrière ce qui est présenté comme «un regard intime» sur son parcours «exceptionnel» de Première Dame, les coulisses de fabrication du documentaire s’inscrivent, sans surprise, dans une logique trumpiste.
L’ombre de Jeff Bezos et son soutien à Trump
Si Melania Trump est la productrice exécutive du film, dont elle a eu «le contrôle éditorial» selon la BBC, le documentaire est aussi une production Amazon Prime Video, filiale du groupe fondé par le milliardaire Jeff Bezos. Ce dernier est l’un des plus gros contributeurs, en son nom personnel et en celui de sa société, du fonds pour l’investiture de Donald Trump, avec une dotation d’un million d’euros. La cérémonie d’investiture du président américain avait également été diffusée en direct sur la plateforme Prime Video.
Une manière pour Jeff Bezos d’enterrer définitivement la hache de guerre avec Donald Trump. Ce dernier l’avait largement critiqué pendant une partie de son premier mandat, l’accusant d’utiliser le Washington Post, racheté par le milliardaire en 2013, pour attaquer sa présidence. Les droits de Melania, the Film, ont été acquis pour 40 millions de dollars par Amazon, soit une transaction de plus dans l’historique Bezos-Trump.
Un réalisateur épinglé par le mouvement Me Too
Pour piloter le projet, Melania Trump et Amazon ont notamment fait appel à une figure d’Hollywood, tombée en disgrâce lors du moment Me Too : le réalisateur Brett Ratner, qui a réalisé la saga Rush Hour et X-Men : l’affrontement final. A la fin de l’année 2017, il avait été accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles par six femmes dont des actrices, notamment Natasha Henstridge, la «mutante» des X-Men.
Si aucune de ces affaires n’a eu de suite judiciaire, Melania, the Film est le premier projet réalisé par Ratner depuis que les accusations le visant ont été rendues publiques. Lors d’une interview à la chaîne ABC, en 2018, Melania Trump avait indiqué apporter son soutien au mouvement Me Too, tout en rappelant qu’il «fallait des preuves» pour accuser quelqu’un.
Un sujet «à l’importance historique» selon Melania Trump
Amazon Prime Video n’a pas encore dévoilé si le projet s’appuiera sur Melania, l’autobiographie de la Première Dame, parue fin 2024. En 250 pages, elle y narrait son quotidien de femme de président et faisait la part belle au mouvement «Trad Wife». «Ma priorité a toujours été de veiller à son bien-être, en m’occupant avec soin de tous les aspects de sa vie», écrivait-elle. Reste à savoir si le documentaire restera sur cette ligne, où s’il revêtira une dimension plus politique, à l’heure où plusieurs observateurs remarquent une métamorphose dans la stratégie de Melania Trump.
Perçue comme en retrait lors du premier mandat de son mari, de 2017 à 2021, celle qui a été élue «Patriote de l’année», le 6 novembre, lors des Fox Nation Patriot Awards 2025 semble désormais plus présente et davantage maîtresse de son image. En témoignent les grandes ambitions affichées sur la chaîne américaine Fox News par la Première Dame pour son documentaire, en janvier 2025 : «Compte tenu de l’importance historique du sujet, il était impératif pour moi de produire un film d’une qualité cinématographique irréprochable, destiné exclusivement aux salles de cinéma du monde entier.»