Avec le grain de la vidéo et les couleurs de l’hiver, les images diffusées par les garde-frontières estoniens semblent presque oniriques. On y voit trois silhouettes marcher sur une digue rocailleuse, léchée par les vaguelettes d’un lac qui vire au mauve. Problème, ces hommes sont des garde-frontières russes et le sol qu’ils foulent est estonien. L’incident s’est produit mercredi 17 décembre dans la matinée et aurait duré une vingtaine de minutes, selon Tallinn. Les Russes sont arrivés en aéroglisseur par la rivière Narva, qui marque la limite entre Estonie et Russie dans le tiers nord de la frontière. A l’endroit où le cours d’eau débouche sur l’immense lac Peipus, la délimitation vient coller la berge russe. Mais plutôt que d’y débarquer ou de faire demi-tour, les garde-frontières russes ont mis pied à terre sur une digue formant une longue île artificielle, qui appartient en quasi-totalité à l’Estonie. Ils semblent y avoir patrouillé, avant de repartir par là d’où ils étaient venus.
Cette brève incursion en territoire estonien pourrait paraître insignifiante, par son emplacement, sa durée ou son ampleur. Mais