Sourire et espérance de vie : ce que dit la science
Et si un réflexe du quotidien, presque automatique, pesait sur
notre longévité ? Le cerveau orchestre des messagers chimiques, les
neurotransmetteurs, qui influencent motivation, apprentissage et
mouvement. Parmi eux, la dopamine guide nos
efforts quand un objectif nous attire. Quand ce système cale, la
motivation chute, jusqu’à l’anhédonie, cette perte du plaisir.
Reste une question : un simple geste pourrait-il influer sur notre
espérance de vie ?
Une étude américaine devenue culte a exploré le lien entre
expression faciale et durée de vie, en scrutant des photos
d’athlètes. Le résultat a fait parler, car un écart net
apparaissait entre des visages réservés et d’autres franchement
rayonnants. Pas de promesse miracle, mais des indices solides qui
invitent à regarder ce réflexe autrement. La suite surprend.
Étude Wayne State University : jusqu’à 7 ans
de plus en souriant
Des chercheurs de la Wayne State University ont
analysé 230 photographies de joueurs de base‑ball prises en 1952,
classées selon l’ampleur du sourire. En recoupant avec l’âge au
décès, ils ont trouvé des moyennes marquées : sans sourire 72,9
ans, sourire partiel 75 ans, grand sourire 79,9 ans. Le
différentiel atteint environ 7 ans. L’étude a été
publiée dans Psychological Science.
Une autre présentation évoque un avantage moyen de 4 à 5 ans
pour les personnes souriantes, cohérent avec l’écart observé. Ces
résultats s’accordent avec l’idée d’un lien positif entre émotions,
santé mentale, forme physique et longévité. Un faisceau d’indices,
plus qu’une baguette magique.
Pourquoi le sourire agit sur le cerveau et la motivation
Sur le plan neuro, tout colle. Le sourire s’accompagne d’une
activation du cortex insulaire et du système de récompense, avec
libération d’endorphines, de dopamine et de sérotonine. Quand ce
circuit patine, la motivation s’évapore et l’anhédonie s’installe.
L’inverse se voit au quotidien : générer ces messagers redonne de
l’élan, baisse le stress et améliore l’attention. Ce geste n’est
pas qu’un signe social, il engage des mécanismes mesurables.
Comme le résume la psychologue Lourdes Ramón : « Quand vous
souriez ou quand vous voyez quelqu »un sourire, une zone de votre
cerveau particulière (le cortex insulaire) s’active, ce qui se
traduit par une sécrétion d’endorphines, de dopamine et de
sérotonine. Cela provoque aussi une baisse du rythme cardiaque, du
stress et de l’anxiété », a-t-elle expliqué à Vogue. De quoi
comprendre pourquoi ce réflexe, souvent inconscient, s’accompagne
d’un mieux‑être quasi immédiat.
Comment sourire plus souvent au
quotidien ?
Le plus simple reste de multiplier les occasions authentiques de
sourire. La psy recommande de vous entourer d’activités qui vous
font du bien.
- Lire un roman qui vous emporte.
- Écouter une playlist que vous aimez.
- Discuter avec des amis, au calme.
- Observer la nature, faire une rando.
Au quotidien, associez ce geste à des rituels faciles : sourire
en décrochant votre téléphone, au miroir le matin, ou quand vous
croisez un voisin. L’idée n’est pas de jouer un rôle, mais
d’activer plus souvent ces circuits du bien‑être. Ce réflexe
s’inscrit alors dans un mode de vie qui réduit le stress et
favorise les interactions positives. Et, à en croire les chiffres
publiés, cela pourrait aller de pair avec une espérance de
vie un peu plus longue.