Par
Julien Damboise
Publié le
18 déc. 2025 à 18h33
INFO ACTU LYON. La transparence, mais pas trop non plus. Bruno Bernard, président de la Métropole, et Grégory Doucet, maire de Lyon, refusent de dévoiler l’intégralité de leurs dépenses de transport, de restauration et d’hébergement, malgré de multiples demandes citoyennes et celles d’actu Lyon en cette fin d’année 2025. Les écologistes se défendent de façon surprenante.
Des dépenses très recherchées
La polémique enfle depuis plusieurs mois, et même plusieurs années. Des citoyens réclament, comme le droit le permet, la communication de l’ensemble des dépenses des principaux élus à Lyon pour avoir une vision globale de leurs frais d’hébergement, de déplacement ou de restauration.
Sur la plateforme Ma Dada, qui doit permettre l’accès aux documents produits par les élus dans le cadre de leur mission de service public, les demandes se sont enchaînées.
Des demandes à la pelle
Dès mars 2023, la Ville de Lyon a été l’objet de demandes de citoyens qui souhaitaient connaître le détail des notes de frais de Grégory Doucet. Une première demande a terminé en « refus implicite » selon Ma Dada, alors qu’un certain David Roche, directeur de la Coordination Institutionnelle à la Ville de Lyon, promettait un retour « dans les meilleurs délais ». La personne à l’initiative avait assuré avoir saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA).
Une nouvelle requête est envoyée en juin de la même année, sans aucune réponse cette fois malgré ce rappel à destination de l’édile : « Le Conseil d’État assurant que ces documents constituent des documents administratifs, communicables à toute personne qui en fait la demande. »
En juin 2024, nouvelle salve avec une demande de Guillaume Leroy, président de l’association Transparence Citoyenne, avec au bout un refus et la saisie de la CADA.
Il faut en fait attendre le 25 août 2025, à la suite d’une sollicitation datant d’avril 2025, pour avoir les premiers retours de notes de frais de la Ville, « dans un souci de transparence et de bonne gestion des fonds publics ».
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Dans un dossier, on découvrait alors le détail des frais de représentation d’un maire peu dépensier.
Grégory Doucet forcé de publier ses frais de représentation
Depuis cet été 2025, les frais de représentation de Grégory Doucet sont consultables sur la plateforme publique Ma Dada, après une saisine de la CADA.
Sur la période 2020-2025, le maire n’a utilisé que 4 081,71 euros sur les 18 000 euros possibles, avec une année 2024 plus dépensière mais toujours en deçà des plafonds autorisés. On retrouvait des achats de costumes ou des déplacements ponctuels à Paris avec des nuits dans des hôtels modestes.
Mais ces publications restent partielles. D’autres frais ne figurent pas dans les éléments transmis, car ils ne relèvent pas de l’enveloppe spécifique accordée aux élus. Il s’agit uniquement de dépenses avancées par Grégory Doucet puis remboursées au maire par la municipalité. Sur les autres dépenses, ni la Ville ni la Métropole n’entendent entièrement être transparentes.
La transparence incomplète de la Métropole de Lyon
A noter que Bruno Bernard ne bénéficie pas de frais de représentation. Mais la collectivité ne communique donc pas les coûts globaux de ses repas ou encore déplacements.
Le 31 juillet 2025, la Métropole répond à l’Association Transparence Citoyenne sur le site Ma Dada en communiquant des « frais de déplacement » via un lien… qui ne mène nulle part. Elle indiquait aussi qu’elle « va procéder à la communication des notes de frais de restauration » en demandant un délai en raison de l’été. Depuis, c’est silence radio.
Le Département forcé par la CADA
En mai 2023, une demande de diffusion des notes de frais a été envoyée au Conseil départemental du Rhône, avec au bout un « refus implicite » de la collectivité dirigée par Christophe Guilloteau, puis la saisie de la CADA. Le Département a finalement publié les frais de représentation de l’élu, du moins ceux entre juillet 2021 et fin 2023. Parmi eux, des trajets en train et quelques billets d’avion, des nuits d’hôtel, tous détaillés dans des tableaux. Concernant les restaurants, on apprend que Christophe Guilloteau a ses habitudes dans certains établissements connus de la capitale des Gaules, comme la pizzeria l’Ostéria ou le Café Terroir.
La curieuse défense des écologistes
Les cabinets du maire de Lyon et du président de la Métropole, contactés et relancés plusieurs fois par actu Lyon depuis des semaines, ont trouvé un axe de défense bien curieux pour éviter de détailler l’ensemble des dépenses de Grégory Doucet ou de Bruno Bernard.
Les écologistes refusent de fournir les informations à notre rédaction. Ils acceptent uniquement si la Région Auvergne-Rhône-Alpes le fait également. Dans l’entourage du président du Grand Lyon, on nous assure même que « tout est prêt » mais qu’il est hors de question de les communiquer si la Région « ne joue pas le jeu ».
Une posture totalement assumée, y compris par les soutiens du maire à gauche, comme la députée PS du Rhône Sandrine Runel.
La difficulté, c’est de se dire « nous allons jouer le jeu », en faisant les bons élèves, et qu’après il y ait matière à critiquer et que les autres qui n’ont pas du tout été transparents se permettent de taper. Je pense qu’il faut réformer tout ça et l’imposer.
Sandrine Runel à actu Lyon
Députée du Rhône
Une contradiction avec leurs principes
Sandrine Runel en profite aussi pour tacler l’ancien président de Région Laurent Wauquiez, évoquant un maire de Lyon « qui se déplace à vélo ou en train » et l’ex-président de Région « qui mange à je ne sais pas combien », en référence au Dîner des Sommets qui a toujours fait polémique.
Curieuse défense des écologistes quand on sait qu’il a fallu qu’une association anticorruption saisisse le tribunal administratif de Lyon pour contester le refus de la Région de communiquer les notes de frais du désormais « conseiller spécial » du nouveau président Fabrice Pannekoucke. Une démarche dénoncée par les élus écologistes à la Région… mais qui va devoir s’imposer également pour obtenir les notes de frais complètes des deux élus Verts de Lyon ?
A trois mois des élections municipales et métropolitaines, cette absence de transparence interroge et devrait sans nul doute provoquer le débat parmi les candidats en course pour la mairie et la Métropole.
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