Jeudi 18 décembre, Netflix met en ligne l’intégralité de la saison 5 d’Emily in Paris, ou plutôt « in Rome » puisque, au grand dam du président Emmanuel Macron, la plus française des Américaines incarnée par la jeune maman, Lily Collins a été promue par sa cheffe Sylvie (Philippine Leroy-Beaulieu qui a révélé qu’elle n’aurait pas dû jouer ce rôle) pour diriger le bureau de l’Agence Grateau dans la capitale italienne. Une promotion, Marcello son bel amant italien, dans les bras duquel elle se prélasse langoureusement, les décors sublimes de Rome… Emily aurait-elle enfin une vie dénuée de tous soucis ? Bien sûr que non ! Elle va vite déchanter.
Emily in Paris saison 5 : serait-ce la saison de trop ?
Peut-on se renouveler au bout de cinq saisons ? Comme la coque de téléphone qu’elle a conservé depuis le tout premier épisode de la saison 1, les intrigues d’Emily in Paris n’évoluent pas au fil des ans. À l’image des histoires, les personnages restent plus ou moins enfermés dans leurs archétypes : Emily a ses idées de campagne à la dernière minute ; Sylvie enchaîne les clopes et les coups de gueule ; Alfie (Lucien Laviscount) joue de son charme ; Gabriel (Lucas Bravo, qui a fait la paix avec son personnage) a son regard de chien battu ; Ashley Park (Mindy Chen) chante et se produit sur scène ; Luc (Bruno Gouery) joue le cliché du séducteur français et semble faire une imitation permanente de Dégoût, le personnage du film d’animation Pixar, Vice et Versa. Curieusement, même en les connaissant par cœur, ces héros auxquels on s’est forcément attachés avec le temps, nous volent un sourire ou deux. Parfois on rit de la série, comme durant cette séquence lunaire où Emily lance à un cycliste : « Tu as failli me tuer » avec un accent américain à couper au couteau, et que ce dernier la prend pour une vraie Française. D’autres fois, on rit avec elle : la maladresse de Luc est un ressort comique qui fonctionne, la moue de Julien (Samuel Arnold) et ses réflexions piquantes font mouche et une chute spectaculaire de Mindy est hilarante. Quant à Emily, elle reste une jeune femme intelligente et pleine de ressources, qui commence à montrer quelques failles, ce qui est touchant.
Tout cela semble très contradictoire direz-vous. Oui mais ce qui est paradoxal avec Emily in Paris, c’est que cette immuabilité est à la fois le principal défaut de la série, qui peine à surprendre, et son meilleur atout, celui d’être un cocon familier dans lequel on aime à se lover chaque année. Il y a quelque chose de très réconfortant à découvrir ces tenues de mode – qu’on ne pourra jamais s’offrir – ces hôtels et restaurants de luxe – dans lesquels on ne pourra jamais se sustenter. Pour un peu, on pourrait vivre par procuration la vie d’une riche parisienne, ce qui est au final, plutôt agréable. Et au passage, on attrape ici et là quelques jolies leçons de vie, simples, mais qu’il est toujours bon de rappeler.
Emily in Paris saison 5 : une série fleur bleue, mais pas que…
Si elle paraît n’être que superficielle, Emily in Paris cache sous son joli vernis, quelques petits principes de vie que l’on a parfois tendance à oublier. Parmi ceux-ci, il y a notamment l’importance de cultiver l’amitié comme on arrose une plante. La plus grande histoire d’amour d’Emily in Paris, ce ne sont pas ses histoires d’amour – qui certes finissent toutes par capoter – mais son histoire avec Mindy. Si leur amitié est mise à rude épreuve dans cette saison par une liaison qui a choqué les fidèles de la série, c’est pour d’autant plus mettre en lumière cet indéfectible lien. Il y a aussi cette jolie séquence où Emily comprend qu’elle n’a pas besoin d’être parfaite ou de réussir à tout prix. La beauté de Rome, dit-elle, réside non pas dans le faste de ses monuments mais dans leurs petites imperfections qui s’affichent avec le temps. Une image qui rejoint l’architecture parisienne. Ce sont ces petits défauts qui font toute la beauté de ces monuments chargés d’histoire. Et oui, il faut s’accepter tel(le) qu’on est.
Certes, ce ne sont pas de grandes leçons de philosophie, mais ça fait du bien d’avoir ces messages positifs, dans une société qui peut souvent s’avérer brutale, et si Emily in Paris se regarde si facilement, malgré ses indéniables défauts, c’est qu’elle permet de s’évader et qu’elle nous apporte cette essence si rare, celle de la légèreté.