Cette gardienne de la paix de 25 ans et son compagnon, âgé de 31 ans et très défavorablement connu de la police, seront jugés en juin prochain. La policière a l’interdiction d’exercer son métier d’ici là.
Une affaire de corruption dans la police nationale ? Une fonctionnaire de 25 ans, affectée à la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris, et son petit ami, un homme de 31 ans très défavorablement connu des services de police, ont été placés en garde à vue lundi 15 décembre.
Ils sont suspectés de «détournement de la finalité d’un fichier, transmission frauduleuse des données issues des fichiers, violation du secret professionnel et recel de ces infractions, corruption active et passive, blanchiment de délit», a appris Le Figaro de sources concordantes, confirmant une information de BFMTV. Les deux mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact entre eux, interdiction de quitter le territoire et pour la policière interdiction d’exercer toute fonction publique avant leur procès prévu le 15 juin 2026, confirme au Figaro le parquet de Paris.
Des informations monnayées sur Snapchat
L’affaire débute en mai dernier lorsque les enquêteurs de l’office anti-cybercriminalité (OFAC) de Versailles découvrent sur le réseau social Snapchat un compte proposant dans une «story» la consultation de divers fichiers «police», notamment du fichier des personnes recherchées (FPR). Une enquête est alors ouverte par le tribunal judiciaire de Versailles, qui s’est ensuite dessaisi, en août, au profit du parquet de Paris.
Les investigations téléphoniques et informatiques confiées à la division de la criminalité organisée et spécialisée des Yvelines (DCOS 78) et à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) ont permis d’identifier une gardienne de la paix domiciliée dans le Val-de-Marne.
«Cette suspecte a consulté une vingtaine de fiches» alors qu’elle était «affectée à la garde bâtimentaire et donc pas en charge d’enquêtes», nous précise le parquet de Paris. Dans le détail, depuis début 2024, elle aurait effectué 94 consultations frauduleuses du fichier du traitement des antécédents judiciaires (TAJ) et 169 consultations du fichier des personnes recherchées (FPR). Les consultations de ce dernier fichier se concluaient presque systématiquement par un résultat positif.
Un bénéfice de 12.000 euros en 2025
Selon nos informations, les «clients» devaient débourser 150 euros pour une consultation du FPR, 30 euros pour une consultation du fichier du système d’immatriculation des véhicules (SIV) et 250 euros pour une levée d’immobilisation d’un véhicule. Des virements entre 15 euros et 5000 euros des personnes concernées par ces fiches ont été crédités sur son compte bancaire, détaille le ministère public. Son bénéfice est estimé à environ 12.000 euros pour l’année 2025.
«L’enquête a conduit à l’identification d’un second suspect dans son entourage, soupçonnée d’être impliquée dans les transactions avec les bénéficiaires de ces consultations illégales», indique encore le parquet de Paris. Le lien entre eux a été établi grâce à un véhicule de marque BMW, dont la policière était propriétaire, au volant duquel un individu très défavorablement connu des services de police était régulièrement verbalisé, nous indique une source proche du dossier.
Cet homme de 31 ans, ensuite identifié comme son petit ami, avait pour mission de trouver des «clients» sur Snapchat tandis que sa compagne était chargée des consultations de fichiers. Les deux suspects auraient reconnu les faits en garde à vue tout en minimisant les gains perçus. Les affaires relatives aux «atteintes à la probité» dans la police nationale ont pratiquement doublé en cinq ans, passant de 137 à 234 entre 2020 et l’année dernière.