Si le PS et les écolos ne sont pas alignés sur l’idée d’une fusion avec LFI au second tour, Emmanuel Grégoire a répliqué que lui et les siens «feront tout» pour que Sophia Chikirou ne se qualifie pas.
Tout était presque un peu trop beau. Après un automne de négociations, le PS et les Verts ont atterri assez facilement en début de semaine sur un accord de premier tour derrière le socialiste Emmanuel Grégoire pour les municipales à Paris. Un geste pourtant «pas naturel», répètent-ils, au regard de l’éternelle défiance entre les deux formations dans la capitale. «Historique» surtout puisque jamais elles n’avaient fusionné avant le second tour. Leur premier déplacement commun, où était aussi présent le Parti communiste et Place Publique, dans un restaurant «solidaire» du 14e arrondissement ce jeudi midi a pourtant bien failli tourner court.
Les Verts de David Belliard assurent même avoir menacé de ne pas apparaître sur la photo de famille si le petit parti «L’Après», porté à Paris par l’ex-Insoumise, Danielle Simonnet, aujourd’hui députée au sein du groupe écolo, n’était pas mieux «payé» dans l’accord. «Grégoire ne voulait leur donner aucun conseiller de Paris», assure-t-on chez les Verts, ce que dément l’entourage du socialiste qui réplique que tout était ouvert. «L’Après» a finalement décroché deux conseillers de Paris dans le cadre de l’accord, et doit soumettre cette proposition à ses adhérents. Un «deal» qui a permis aux écologistes de confirmer à 13h10 leur participation au déplacement prévu à 13h30.
Quid de LFI au second tour ?
Ce petit pic de tension confirme qu’un peu de friture demeure sur la ligne entre socialistes et écologistes, et démontre que les uns et les autres n’hésiteront pas à jouer le rapport de force tout au long de la campagne. «Ça se passera bien car tout le monde a intérêt à ce que ça se passe bien», tempère un cadre des Verts. Devant la presse, Emmanuel Grégoire n’a d’ailleurs pas manqué de remercier ses partenaires, évoquant «un geste d’engagement qui a du sens» pour «construire une offre politique qui protège» les Parisiens. L’écologiste David Belliard a lui parlé d’un «moment d’émotion et de bonheur», rappelant «l’immense responsabilité de la gauche pour battre la droite populiste».
Flotte malgré tout autour de cette union inédite une question en suspens : quel comportement adopter vis-à-vis de LFI si la liste de Sophia Chikirou était en mesure de se qualifier au second tour? Emmanuel Grégoire a toujours répété qu’il ne fusionnerait «jamais» avec les Insoumis, alors que les Écologistes répliquent que ce sera une nécessité pour éviter une victoire de Rachida Dati. Pour l’instant, chacun refuse de revenir publiquement sur ce dilemme, et renvoie cette question au soir du premier tour, le 15 mars. «Ça va se jouer entre Rachida Dati et nous. Pour le reste, on fera tout notre possible pour que Sophia Chikirou ne fasse pas 10%», a encore affirmé Emmanuel Grégoire, qui n’a pas souhaité commenter davantage la candidature de sa concurrente de la gauche radicale.