

Voilà une maladie que l’on pensait perdue dans les couloirs du temps. À tort. Nombreuses sont les vieilles pathologies à refaire surface, comme c’est actuellement le cas pour la lèpre.
En Roumanie, l’alerte est partie de la ville de Cluj-Napoca, dans le nord-ouest du pays. Deux cas de lèpre y ont été formellement confirmés, une première depuis plus de quarante ans.
Les patientes, de jeunes femmes originaires d’Indonésie, exerçaient comme masseuses dans un centre thermal local. Rapidement prises en charge, elles ont été mises sous traitement, tandis que les autorités sanitaires ont engagé une enquête épidémiologique. Deux autres personnes, identifiées comme cas suspects, font toujours l’objet d’analyses cliniques et microbiologiques complémentaires.
En Croatie, la situation est différente. Un seul cas, isolé, a été confirmé, le premier depuis trois décennies. Il concerne un travailleur d’origine népalaise, installé dans le pays depuis environ deux ans.
Lèpre : de quoi parle-t-on exactement ? La lèpre : une infection rare et peu contagieuse
La lèpre n’est pas une maladie hautement transmissible comme la grippe ou la varicelle. Elle est causée par une bactérie, Mycobacterium leprae, qui s’attaque principalement à la peau et aux nerfs périphériques. Contrairement à ce que racontaient les récits d’antan, la transmission nécessite un contact étroit et prolongé avec une personne non traitée, souvent sur plusieurs mois.
Autrement dit, ni les poignées de main, ni les trajets en bus, ni les situations de vie courante ne constituent des vecteurs efficaces de transmission.
La lèpre se traite très bien aujourd’hui grâce à des antibiotiques, notamment via une polychimiothérapie recommandée par l’OMS. Dès l’amorce du traitement, l’infectiosité diminue rapidement, rendant la personne quasiment non contagieuse en quelques jours.
Quels sont les premiers symptômes de la lèpre ?
La lèpre est une maladie chronique et évolutive, dont les signes peuvent apparaître lentement, parfois plusieurs années après la contamination. Les symptômes les plus fréquents sont :
- Des taches sur la peau, plus claires ou rougeâtres que le reste de l’épiderme, souvent sèches et peu sensibles au toucher
- Une perte ou une diminution de la sensibilité à la douleur, à la chaleur ou au froid, en particulier sur les mains, les pieds ou le visage
- Des atteintes des nerfs périphériques, pouvant provoquer des engourdissements, des fourmillements ou une faiblesse musculaire
- Des lésions cutanées persistantes, parfois associées à un épaississement de la peau
- Dans les formes plus avancées et non traitées, des complications neurologiques pouvant entraîner des déformations ou des handicaps durables
Diagnostiquée précocement, la lèpre se traite aujourd’hui efficacement par antibiotiques, ce qui permet d’éviter l’apparition de séquelles et de stopper rapidement la contagiosité.
Pourquoi la lèpre refait surface maintenant ? Une question d’importation, pas de résurgence
Ces cas récents ont été identifiés chez des personnes originaires de régions où la lèpre est encore présente aujourd’hui. En Roumanie, l’une des patientes avait, peu avant l’apparition de symptômes, séjourné en Indonésie auprès d’un membre de sa famille hospitalisé avec la même maladie.
Ce sont donc des cas importés, et non des flambées communautaires locales, qui ont été détectés. En Croatie également, le patient est un travailleur étranger. Ce phénomène n’est pas exceptionnel dans un monde globalisé où les mobilités internationales sont la norme.
Des mesures de santé publique proportionnées
En Roumanie, le spa où travaillaient les patientes a été temporairement fermé pour désinfection et enquête épidémiologique afin de limiter tout risque potentiel.
En Croatie, l’Institut de santé publique a assuré que tous les contacts étroits du patient ont été identifiés, suivis et inclus dans un programme de surveillance ou de prophylaxie selon les cas.
Ce genre de mesures (dépistage des contacts, traitement préventifs, suivi clinique) suit des protocoles bien établis et proportionnés à la situation. Rien qui ressemble à une crise sanitaire d’ampleur.
Alors, faut-il s’inquiéter de la lèpre ?
Non, il n’y a pas lieu de céder à l’inquiétude. Les cas de lèpre récemment signalés en Roumanie et en Croatie restent exceptionnels et ne traduisent en rien un retour massif de la maladie en Europe, ni ne constituent la prochaine pandémie.
Concrètement, plusieurs éléments permettent de garder la tête froide :
- Les situations recensées sont rares, isolées et importées, sans aucun signe de circulation active au sein de la population locale.
- Contrairement aux idées reçues, la lèpre est aujourd’hui une maladie qui se soigne très bien et dont la transmission est faible.
- Les autorités sanitaires, de leur côté, ont fait ce qu’elles savent faire. Agir vite et avec mesure, en assurant le suivi des personnes concernées et de leurs contacts, conformément aux protocoles en vigueur.
Dans un monde où l’on circule beaucoup, certaines maladies peuvent réapparaître ponctuellement, sans pour autant annoncer un retour en force. Et dans le cas de la lèpre, malgré son nom chargé d’histoire, aucun scénario alarmant ne se profile à l’horizon.
À SAVOIR
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 200 000 nouveaux cas de lèpre sont encore diagnostiqués chaque année dans le monde, principalement en Asie, en Afrique et en Amérique latine. En Europe, les cas restent très rares et le plus souvent importés.


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