Ces derniers jours, les bonnes nouvelles se sont succédées pour l’hélicoptère européen NH90, tout spécialement pour ses versions navales : nouvelle commande aux Pays-Bas, livraisons d’une nouvelle variante en Allemagne, et nouvelle commande – dans une nouvelle version – pour l’Espagne. De quoi largement mettre en avant les dernières évolutions de l’appareil.
En cette fin d’année, c’est donc une succession de bonnes nouvelles pour NHIndustries et ses différents actionnaires (Airbus Helicopters, Leonardo et Fokker). Le 9 décembre, les Pays-Bas ont en effet annoncé la commande de trois nouveaux NH90 NFH (Nato Frigate Helicopter) qui seront directement livrés au dernier standard Block 1/SWR3. Le 16 décembre, Airbus Helicopters et NHIndustries ont annoncé avoir livré à la marine allemande son tout premier hélicoptère NH90 Sea Tiger, la variante la plus aboutie à ce jour pour la version navale du NH90.
Enfin, le 18 décembre, c’est l’Espagne qui confirmait auprès d’Airbus Helicopters une commande pour 31 NH90, dont 12 destinés aux forces aériennes, 13 à l’armée de terre et 6 aux forces navales. Tous ces appareils seront livrés dans un nouveau standard, nommé localement le Standard 3+, qui verra l’intégration de nouvelles capacités optroniques développées conjointement avec la France.
Des appareils supplémentaires pour les Pays-Bas
Le 9 décembre, le ministère de la défense néerlandais a passé une commande ferme pour trois NH90 NFH supplémentaires (avec une option pour deux appareils de plus). Cela portera à 22 le nombre de NH90 NFH en service dans le pays. Pour leur mission de lutte anti-sous-marine, ces appareils embarqueront le sonar trempé OST-90 Mark II, de Leonardo, ainsi que des torpilles légères Mk54 américaines.
Ces trois appareils seront livrés par le groupe italien Leonardo à partir de 2030, directement au standard Block 1, également appelé Software Release 3 (SWR3). Développé conjointement depuis 2024 par l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique, le SWR3 incorpore un certain nombre de nouveautés logicielles et matérielles dans les NH90 de ces pays. Pour la version NFH, on peut notamment citer l’intégration de la liaison de donnée Link-22 et du système d’identification et de suivi des aéronefs militaires IFF Mod.5 Level 2. L’avionique sera également modernisée avec un nouveau système de navigation et une interface revue pour alléger la charge de travail de l’équipage.
NH90 NFH aux couleurs néerlandaises. En tous, 23 appareils de ce type ont été commandés, mais l’un d’eux a été perdu en 2020 dans la Mer des Caraïbes.
Le NH90 Sea Tiger arrive en Allemagne
Le 16 décembre, la marine allemande a réceptionné son tout premier NH90 Sea Tiger, sur les 31 commandés en 2020. Ces appareils viennent s’ajouter à l’actuelle flotte de 18 NH90 Sea Lion, des NFH spécialisés dans les opérations de recherche et de sauvetage.
Avec le Sea Tiger, la marine allemande dispose désormais de la version la plus aboutie du NH90 NFH, avec un niveau d’équipement inédit sur la variante navale de l’hélicoptère. Ses capacités sont particulièrement renforcées dans le domaine de la lutte anti-sous-marine et de la lutte antinavire, permettant de remplacer les Sea Lynx à bord des frégates allemandes. Outre un radar panoramique ENR amélioré, les NH90 Sea Tiger sont doté d’un sonar trempé FLASH SONICS de Thales, de la nouvelle boule optronique LEOSS-T de Leonardo et d’une suite de guerre électronique complète. Contrairement aux Sea Lion, les Sea Tiger pourront être armés avec une paire de torpilles MU90 ou de missiles antinavires MARTE-ER.
NH90 Sea Tiger armé de missiles MARTE-ER.
L’ensemble des Sea Tiger doivent être livrés avant 2030. Dès 2029, les appareils perçus par la marine allemande le seront au standard SWR3. Tout comme les Néerlandais, les Allemands ont prévu de rétrofiter ultérieurement l’ensemble de leur flotte à ce standard SWR3.
Nouvelle commande et nouveau standard pour les NH90 espagnols
Le 18 décembre, l’Espagne a confirmé une commande record attendue depuis plusieurs mois : 100 appareils, incluant 13 H135 (dont un pour la marine espagnole), 50 H145M pour l’armée de terre, 6 H175M pour les forces aériennes et 31 NH90 destinés aux trois composantes armées du pays.
La marine espagnole, qui est en train de percevoir les premiers exemplaires d’une première commande de 7 NH90, va donc recevoir 6 appareils supplémentaires. Ces 13 appareils ne sont cependant pas des NH90 NFH. Il s’agit ici d’une version spéciale de l’appareil, le NH90 MSPT (Maritime Spanish Transport), que l’on pourrait décrire comme un NH90 TTH (Tactical Transport Helicopter) de transport terrestre qui aurait été navalisé. L’appareil intègre notamment un système de harpon d’appontage ainsi qu’une poutre de queue et des pâles de rotor repliables, mais il ne possède ni radar panoramique, ni sonar trempé. Le MSPT est ainsi très proche du MH-90A utilisé par la marine italienne (aux côtés de NH90 NFH plus conventionnels), et les deux forces navales collaborent d’ailleurs étroitement sur ce sujet.
NH90 MSPT de la marine espagnole. Il s’agit d’une version navalisée du NH90TTH qui pourra, grâce à son rotor et sa queue repliables, embarquer à bord des LPD Galicia et Castilla.
Pour l’Espagne, la grande nouveauté concerne moins le nombre d’appareils commandés et leur répartition au sein des différentes flottes, qui étaient assez prévisibles, mais bien le fait que la totalité des 31 appareils seront livrés dans un nouveau standard logiciel et matériel, le Standard 3+, dont certains éléments seront développés conjointement avec la France.
Une bonne nouvelle pour la France
Pour les ministère des Armées français, cette commande espagnole est une aubaine. En effet, en 2020, Paris a commandé une nouvelle variante du NH90 TTH Caïman pour l’Armée de Terre, désignée localement NH90 Standard 2 (même si, faute de nomenclature uniformisée, ce Standard 2 français est techniquement plus avancé que le Standard 3 espagnol…). Optimisé pour un usage au sein des forces spéciales, ce Standard 2 devait disposer d’un nouveau nez intégrant deux nouveautés majeures : une boule optronique Euroflir 410 de Safran ; et un système de vision panoramique optronique (ou DAS, Distributed Aperture System) Eurof’Eye, également de Safran. Doté de multiples capteurs, l’Eurofl’Eye offre une image infrarouge 3D panoramique sur plus de 200°. Combiné à l’Euroflir, il offre des capacités inédites en matière de navigation et de manœuvre tactique, y compris dans les conditions météorologiques les plus désastreuses.
Le Standard 2 français, optimisé pour les opérations spéciales, embarque une radio améliorée, un système de communication par satellite, des ouvertures latérales pour des armements de sabord, et un nouveau nez intégrant l’Euroflir et l’Eurofl’Eye. Le futur Standard 3+ espagnol intégrera une partie de ces nouveautés.
Cependant, faute de budget, il est prévu que les 18 NH90 Standard 2 déjà commandés pour l’Armée de Terre française, et qui doivent être livrés dès 2026, le soient avec l’Euroflir, mais sans l’Eurof’Eye, pourtant très attendu par les équipages. Mais la France ne souhaitait pas supporter seule son intégration.
C’est là que la commande espagnole apparaît comme une très bonne nouvelle pour l’Armée de Terre. Le Standard 3+ (espagnol) va en effet intégrer certaines fonctionnalités phares du Standard 2 (français), dont l’Euroflir et l’Eurofl’Eye. De quoi permettre de finaliser le développement des dernières briques technologiques du Standard 2, et d’équiper la flotte française de ce même duo Euroflir/Eurofl’Eye d’ici quelques années.
Le NH90 est le premier hélicoptère moderne utilisé conjointement par l’armée de terre, la force aérienne et la marine espagnoles.
D’après nos informations, les 31 NH90 de la nouvelle commande espagnole, dont les 6 NH90 MSPT, seront à ce Standard 3+, optimisés pour les opérations spéciales. Cependant, la question du rétrofit des NH90 du Standard 3, actuellement en cours de livraison aux trois forces espagnoles, semble encore en suspens. L’uniformisation des flottes autour du Standard 3+ serait sans doute pertinente pour la marine et pour l’armée de l’air qui, toutes commandes cumulées, disposeront respectivement de 13 et 24 appareils, souvent utilisés pour des opérations spéciales et des missions de recherche et de sauvetage au combat, où le couple Euroflir/Eurofl’Eye sera particulièrement intéressant.
© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.