C’est une figure dans le quartier du Polygone. Inratable, déjà, de par sa pêche et son humour, malgré les épreuves. Aussi, et surtout, de par son imposant fauteuil électrique qui lui permet de déambuler au cœur de la cité des Musiciens. Du haut de ses 57 ans, Ringo Weiss, qui porte avec fierté ses racines manouches, est handicapé moteur cérébral. Prisonnier de son corps, ou plutôt de sa maladie qui le grignote petit à petit.

Son fauteuil, sur lequel il est assis depuis plus de vingt ans, lui permet cependant de garder du lien social. Et notamment à travers les activités proposées au sein du centre socioculturel Lupovino, implanté à deux pâtés de maisons de son domicile, auxquelles il prend part de manière assidue. « Ringo est une personne ultra-impliquée au niveau de Lupovino et dans le quartier, on peut vraiment compter sur lui », confirme Frédéric Goetz, le nouveau directeur de la structure.

35 000 euros à collecter

En quête de finances pour s’offrir le fauteuil roulant de ses rêves – pour l’heure non pris en charge par la caisse d’assurance maladie –, c’est tout naturellement que Ringo a osé solliciter l’équipe de Lupovino afin de trouver un soutien technique et logistique. Une demande que le nouveau directeur, arrivé en janvier, n’a pas eu à cœur de refuser : « C’était important pour moi de l’aider et de lui faire profiter de notre réseau associatif pour avoir plus d’impact. C’est notre mission aussi de soutenir les habitants, même si généralement nous sommes portés sur des projets plus collectifs qu’individuels », explique Frédéric Goetz, qui n’est en tout état de cause pas resté insensible au personnage.

Le directeur a donc pris en main la création d’une cagnotte participative sur Leetchi, faisant appel à la générosité et solidarité strasbourgeoises. Objectif : atteindre 35 000 €, grosse partie du budget nécessaire pour l’achat de l’engin censé faciliter ses déplacements.

Impliquer les habitants du quartier

« Ce fauteuil est très important pour moi, car il a une autonomie et une manipulation impeccables. Il me permettrait de faire plein de choses et d’avoir plus de liberté, comme monter les escaliers ou même d’aller en hauteur pour prendre quelque chose, grâce au siège élévateur intégré », détaille Ringo – justifiant ainsi son prix élevé. « Mon fauteuil actuel n’est pas vieux, mais il n’est pas du tout confortable et mon corps n’est pas sollicité. Le nouveau m’aiderait beaucoup à continuer à bouger », avance-t-il.

« On essayera de voir les subventions dont il pourrait bénéficier et pourquoi pas impliquer les habitants du territoire pour faire un autofinancement, en tenant une buvette par exemple », suggère par ailleurs Frédéric Goetz. Un geste et une mobilisation qui en disent finalement long de la relation que la structure s’efforce de construire avec les habitants du Polygone.