Harcelée sur sa présumée moustache, la chanteuse et actrice américaine a confié récemment sur Instagram souffrir en réalité d’un mélasma, une affection cutanée touchant principalement les femmes. Explications.

«Comment fais-tu pour te raser la moustache ?» Voici une question, parmi tant d’autres, que reçoit régulièrement Selena Gomez sur son compte Instagram. Loin de se vexer, la chanteuse et actrice de 33 ans a décidé de remettre les pendules à l’heure auprès de ses abonnés en leur donnant une leçon dermatologique dans une story, publiée ce mardi 16 décembre. «C’est mon mélasma. J’en prends soin et je le traite, mais oui, il est là», révèle-t-elle, avant de préciser que cette affection cutanée est liée au soleil et surtout au manque de protection solaire.

Une influence hormonale mais pas que

Isabelle Rousseaux, dermatologue et vice-présidente du Syndicat national des dermatologues et vénérologues, se félicite de cette prise de parole publique sur cette problématique de peau souvent mal comprise et parfois source de complexes. «Le mélasma fait partie de la famille des taches pigmentaires, explique-t-elle. Contrairement aux taches de vieillesse qui peuvent apparaître n’importe où, sa particularité est de survenir certaines zones de la peau dites hormonodépendantes – le milieu du visage, le front, la lèvre supérieure».


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L’origine de cette affection cutanée est avant tout hormonale. Grossesse, pilule contraceptive, traitements hormonaux — y compris certains protocoles de fertilité — peuvent suffire à déclencher le phénomène. «L’influence hormonale suractive les mélanocytes, ces cellules qui fabriquent la mélanine, le pigment de notre peau. Et plus il y a de pigments, plus cela va favoriser l’apparition de taches», résume la dermatologue.

Pourquoi certaines femmes sont-elles plus touchées que d’autres par ce phénomène ? Selon le Dr Isabelle Rousseaux, il n’y a pas encore d’explication établie à ce jour. «Les recherches pointent toutefois plusieurs facteurs de risque : une prédisposition familiale, une peau mate à foncée, et une sensibilité accrue à la lumière, y compris la lumière visible, pas seulement les UV», rapporte la professionnelle de santé.

À chaque mélasma, son traitement adapté

Sur le plan médical, tous les mélasmas ne se valent pas. Le mélasma superficiel, situé dans les couches supérieures de la peau, est généralement brun et peut répondre facilement aux traitements. «Grâce à des peelings ou du laser superficiel, on peut réaliser une exfoliation douce de l’épiderme et éliminer progressivement le pigment», mentionne le Dr Isabelle Rousseaux. La dermatologue souligne également l’efficacité des crèmes à base de cysteamine.

Lorsque le mélasma est plus profond, logé dans le derme, il prend une teinte plus grisâtre et s’avère beaucoup plus résistant à ce type de traitement. «Quand il est profond, c’est très compliqué. À chaque petite exposition au soleil, cela recommence», signale le Dr Isabelle Rousseaux. Selon la dermatologue, l’un des espoirs actuels repose sur l’acide tranexamique, un médicament initialement utilisé pour les troubles de la coagulation et administré par voie orale. «Il limite l’inflammation et empêche les mélanocytes de produire trop de mélanine», précise-t-elle. Bon à noter en revanche, ce traitement, prescrit impérativement par un dermatologue, doit faire l’objet d’une surveillance médicale, en raison de ses contre-indications.

D’autres traitements autrefois populaires comme le soin dépigmentant trio de Kligman, mélange d’hydroquinone, d’hydrocortisone et d’acide rétinoïque, doivent également être utilisés avec beaucoup plus de prudence. «On s’est rendu compte que c’était souvent trop irritant et que cela pouvait aggraver l’hyperpigmentation», avertit le Dr Isabelle Rousseaux.


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Attention aux gommages et au soleil

Certains gestes quotidiens peuvent aussi être contre-productifs. C’est le cas des gommages à répétition. «Dès qu’on irrite la peau, elle a tendance à pigmenter derrière», prévient la dermatologue. Les masques LED doivent être également choisis avec prudence. «On évitera surtout les modèles avec une lumière bleue qui active la sécrétion de la mélanine, et ceux infrarouges, qui chauffent l’épiderme», cite le Dr Isabelle Rousseaux.

En parallèle d’un passage chez le dermatologue, la règle d’or reste l’hydratation régulière et une protection solaire adaptée, renouvelée plusieurs fois en journée, mais seulement. «La crème solaire ne fait pas tout, nuance la dermatologue. Il faut aussi chercher l’ombre le plus possible».