À quelques jours de Noël, se dessine la dernière ligne droite pour les cadeaux. Et en première ligne de cette course contre le temps : les points relais colis. Dans le bureau de tabac/presse Le Colombier à Rennes, les paquets ne cessent d’arriver. « On en reçoit cinq fois plus que d’habitude, assure Thomas Simon, gérant du commerce avec son père Thierry. Ça dure depuis fin novembre, avec le Black Friday. »
Face à ces nombreux colis, les deux hommes ne semblent pas pour autant débordés. Dans leur arrière-boutique, père et fils stockent entre 150 et 200 paquets, les plus petits rangés sur des étagères, les plus grands, installés directement sur le sol. Ils sont livrés tous les matins à partir de 10 h et pour eux, tout est une question d’organisation. « Toute l’équipe s’occupe des colis. Il n’y a personne dédié uniquement à ça. On met deux heures à les ranger. Certes ça prend un peu de temps, mais c’est tout. »
1 000 colis par jour
Dans le centre-ville, le bar/tabac le Delta est connu pour être une plaque tournante des colis. « On en a environ 1 000 par jour », assure Emmanuelle Toxé, la patronne des lieux, stylo noir en main, en train de marquer des bouts de carton pour s’y retrouver. Depuis le Covid, elle a multiplié les partenariats avec différentes enseignes de livraison. Mais cette année, contrairement aux autres, elle a fait le choix de ne pas recruter de mains supplémentaires pour l’aider durant la période des fêtes. « Je n’ai pas voulu faire le pic de Noel et recruter des personnes pour m’aider. C’est trop de travail. D’habitude, la pièce est remplie de colis. »
Thierry et Thomas Simon voient transiter dans leur tabac/presse près de 200 colis par jour pendant la période de Noel à Rennes. (Le Télégramme/Jean-François Chesnay)
À la Cantine, brasserie de Saint-Hélier, les colis, eux, ne sont pas la priorité. « On a une zone de colis exprès qu’on limite, car on ne veut pas que ça déborde. Et on n’ouvre pas la réception des particuliers entre 12 h et 14 h. La clientèle passe en priorité. » Contrairement aux autres, le restaurant avec ses 200 colis quotidiens, supporte un volume de plus élevé que d’habitude en ce moment. « Il y a deux points qui ont fermé dans les environ donc on récupère des colis. »
« Ça paye un peu le loyer »
Mais pourquoi accepter d’être point relais et risquer des débordements durant cette période des fêtes ? Pour Thomas et Thierry, proposer ce service est un moyen « de faire venir du monde dans le commerce. Les clients peuvent repartir avec un autre produit ». « C’est clairement pour dynamiser mon commerce, abonde Maxime Ferron, gérant du bar le Pacific, situé rue Alphonse-Guérin et point relais depuis quatre ans. Je ne fais clairement pas ça pour sortir une grosse rémunération. Ça paye un peu le loyer. »
Même son de cloche pour la patronne du Delta. « Quand j’ai commencé les colis, ça m’a fait une pub énorme. » Mais elle a décidé à l’avenir de modifier sa façon de faire. « Je ne veux plus que les colis soient visibles dans le commerce. J’ai besoin de regagner ma salle. Les colis ont tué ma partie bar. »
« Je suis épargné »
Pour faire face à cet afflux, certains font le choix d’instaurer des quotas. Comme Maxime Ferron, gérant du bar/tabac le Pacific. « Cette année, ça va, explique le buraliste. J’ai un petit contrat avec Mondial Relay pour ne pas être débordé. Je suis plutôt épargné. » Le commerçant stocke seulement entre 50 et 60 colis dans sa réserve. « Je ne veux pas ouvrir plus les vannes, car je suis seul à travailler. »
D’autres à l’image de Pierre, de la cave Les Confidences des vignobles ont carrément arrêté leur activité de point relais pendant le mois de décembre. « Si je fais ça, je dois embaucher des personnes et ça ne serait pas rentable pour nous. »