Comment Bart De Wever a retourné la situation à l’avantage de la Belgique au sommet européen

Depuis deux mois, le Premier ministre belge avertissait ses partenaires qu’une telle opération déclencherait la colère du Kremlin. Et qu’elle ferait pendre d’importants risques juridiques et donc financiers au-dessus de la tête de la Belgique, de la société Euroclear – basée à Bruxelles, sur les comptes de laquelle se trouvent 185 milliards d’actifs souverains russes – mais menacerait aussi la stabilité financière européenne.

Malgré cela, le projet semblait suivre son cours. Mais au final, Bart De Wever et la diplomatie belge sont parvenus avec patience, détermination, pédagogie et ce qu’il faut de ruse, à convaincre les autres États membres de ne pas emprunter la voie périlleuse de l’utilisation des avoirs souverains.

Ç’aurait été irresponsable si, dans le même temps, la Belgique n’avait pas plaidé pour une alternative mais aussi et surtout œuvré, en coulisses, pour qu’elle puisse advenir.

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C’est finalement l’option d’un emprunt de 90 milliards d’euros garanti par les marges du budget de l’Union qui a été retenue par les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-sept pour contribuer au renflouement de l’Ukraine – un chemin connu et balisé, car déjà emprunté pour financer le plan de relance post-Covid, en 2020. Bien sûr, il a fallu trouver une solution créative « à l’européenne » pour que le plan passe la rampe.

Pour atteindre l’unanimité nécessaire, on a dû garantir à la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie – les trois pays les moins favorables à Kiev – qu’elles seraient déliées de toute obligation financière vis-à-vis de cet emprunt. Un front vraiment uni à vingt-sept aurait été idéal.

Une coopération renforcée à vingt-quatre est préférable à un échec, que l’Union européenne ne pouvait pas se permettre. Il était en premier lieu impératif de rassurer Kiev sur le fait que l’UE reste un partenaire fiable et solide. Le président ukrainien Zelensky avait d’ailleurs bien besoin de cet appui européen pour ne pas se retrouver en situation de grande faiblesse dans les négociations de paix menées par les États-Unis, alors que l’administration Trump est déjà très sensible aux arguments russes. Ce prêt est aussi une façon d’envoyer à Moscou le message que le soutien européen à l’Ukraine ne faiblit pas.

L’Union a fait ce qu’elle devait absolument faire, comme elle devait le faire. Et tant mieux si l’adroite manœuvre de Bart De Wever y est pour quelque chose.