Le Grand Port maritime de Marseille s’apprête à se doter d’une nouvelle gare maritime dédiée aux liaisons avec la Corse, un projet stratégique confié à Rémy Marciano Architecture à l’issue d’un concours restreint sur esquisse.

Située à l’articulation entre les Docks, la Halle J1 et la façade maritime, la future gare accompagnera la restructuration des terminaux corses et participera pleinement au programme Le Phare, vaste plan de modernisation du port marseillais, porté par Corinne Vezzoni.

Le montant des travaux s’élevant à 4,2 millions d’euros (hors taxes) pour une surface de 835 m², la gare sera livrée au second semestre 2028. « La déconstruction de l’actuelle gare ouvre une opportunité rare : concevoir un équipement portuaire à la fois performant, évolutif et durable, capable de répondre aux exigences actuelles tout en anticipant les besoins futurs des compagnies maritimes « , précise Rémy Marciano.

Un projet « très unitaire, lisible et affirmé »

Le projet a vocation à « s’inscrire dans le temps et à participer à poursuivre ce travail de façade maritime, de lien entre la ville et le port », poursuit-il. L’architecte a rappelé que « la barrière du port a longtemps été perçue comme un obstacle pour la ville, mais que des initiatives comme le Mucem ou les Terrasses du Port ont déjà démontré le succès de l’ouverture du port aux Marseillais ». La nouvelle gare s’inscrit « dans cette dynamique, en créant notamment un parvis en continuité avec la place Verneuil, au nord des docks ».

Implantée dans un environnement marqué par des infrastructures imposantes – Docks, silos, halles portuaires, axes routiers -, la gare devait, selon l’équipe de maîtrise d’œuvre, être un bâtiment capable de « tenir l’échelle de ces mastodontes qui sont à côté ». Le cabinet Marciano a ainsi fait le choix d’un projet « très unitaire, lisible et affirmé ».

La gare maritime pourra à terme accueillir trois compagnies.La gare maritime pourra à terme accueillir trois compagnies. / PHOTO DR

Côté ville, la gare présentera une façade volontairement « un peu surdimensionnée », rythmée par de grands éléments verticaux en pierre massive formant un portique monumental. « Cette façade poreuse, inspirée du rythme urbain existant, offrira des transparences vers la gare et le port, tout en structurant l’espace public et en prolongeant la promenade urbaine ».

Côté port, le projet change d’échelle. La structure devient plus horizontale, plus souple, majoritairement en bois. Elle évoque l’horizon maritime, l’attente du départ et le rapport direct à la mer, tout en assurant une protection solaire efficace à l’Ouest, essentielle pour le confort des voyageurs.

Le parcours voyageur, « entièrement linéaire et intuitif, s’organise autour d’une grande rue intérieure en double hauteur, capable d’absorber les pics de fréquentation sans rupture de flux. Guichets visibles depuis l’espace public, espaces de contrôle dimensionnés avec précision, salle d’attente ouverte sur le port : l’ensemble vise à réduire les temps de passage, améliorer la sécurité et optimiser les conditions de travail des personnels ».

Mobilité et accessibilité au cœur du projet

La question de la mobilité a été une réflexion structurante dès l’amont du projet. La future gare sera facilement accessible à pied, en tramway ou en métro, permettant aux passagers d’arriver directement depuis les transports en commun et d’embarquer « sans rupture de parcours ».

Conçu pour durer, le bâtiment repose sur une structure capable d’évoluer avec le marché. Sa trame répétitive permet d’envisager des extensions futures, pouvant accueillir jusqu’à trois compagnies maritimes, sans remettre en cause l’organisation initiale. Cap sur la sobriété constructive, avec l’usage combiné de la pierre et du bois, l’optimisation bioclimatique et la recherche d’une labellisation environnementale participent enfin à la maîtrise des coûts d’exploitation, tout en répondant aux exigences contemporaines de durabilité.

Illustration du dossier DSP Maritime/Aérien