Le photographe nouvellois a décroché pour la troisième fois le titre de Portraitiste de France. Une distinction rare qui récompense un métier d’exigence, fondé sur la lumière, le geste et l’authenticité.
Appuyer sur un bouton ? « C’est à peine 1 % du travail », sourit Frédéric Founaud. Dans son studio de Port-La-Nouvelle, le photographe rappelle volontiers que son métier ne se résume ni à un déclic, ni à un filtre. La preuve, il vient d’obtenir pour la troisième fois le titre de Portraitiste de France, un diplôme remis tous les deux ans par la FFPMSI (Fédération française de la photographie et des métiers de l’image) et considéré comme l’un des labels les plus exigeants du secteur.
Pour décrocher ce titre, pas question de présenter simplement son « plus beau portrait ». Le photographe a dû présenter douze images répondant à des thèmes précis (femme enceinte, enfant, senior, couple, famille…) et dont chacune est évaluée sur six critères : créativité, lumière, composition, gestuelle, traitement de l’image et qualité du tirage. « C’est un condensé de tout ce que doit maîtriser un photographe artisan », résume-t-il.
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Ce goût du travail bien fait, Frédéric Founaud ne l’a pas appris sur les bancs d’une école spécialisée, mais en autodidacte après une reconversion professionnelle. Ancien responsable de magasin dans la téléphonie mobile, il s’est formé seul, puis auprès de professionnels reconnus avant d’ouvrir, il y a une dizaine d’années, son propre studio à Port-La-Nouvelle. Une implantation audacieuse. » Ici, j’ai misé sur la qualité. Les gens se font plaisir moins souvent, mais ils veulent un résultat impeccable. » Cette qualité, il la défend autant en prise de vue – où il passe le plus clair de son temps à travailler la lumière, les positions, la scénographie – qu’en tirage d’art, devenu l’une de ses spécialités. Avant de déclencher, Frédéric Founaud observe, façonne, guide sans brusquer. La lumière d’abord, puis les corps, les attitudes, la manière dont chacun s’inscrit dans le cadre. » Une séance photo, c’est une construction. »
Maître du portrait et artisan de la lumière
Dans un métier bousculé par l’intelligence artificielle, le photographe garde une vision nuancée. Sur le portrait, il n’imagine pas la technologie supplanter l’humain. « Une photo de famille traverse les générations. Elle raconte des instants de vie, de ceux que l’on transmet sans les oublier. L’IA ne peut pas la remplacer. » En revanche, il constate un recul du côté de la photographie industrielle. « Certains visuels destinés au e-commerce sont désormais générés automatiquement. C’est un pan de notre travail qui peut disparaître. » Pour autant, il refuse le discours alarmiste. « L’IA, je l’utilise aussi, pour accélérer certaines tâches ou créer des tableaux d’inspiration. Ça reste un outil. »

Le photographe nouvellois a décroché pour la troisième fois le titre de Portraitiste de France.
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Entre les séances, la formation de stagiaires, les tirages d’art et une clientèle qui s’étend jusqu’à Toulouse, Frédéric Founaud continue de viser plus haut. Il attend la réponse pour le titre de Maître artisan d’art. Dans son studio, comme dans son parcours, une ligne ne change pas : « Soit on fait bien, soit on ne fait pas. » À Port-La-Nouvelle, cette exigence porte un nom : Portraitiste de France. Trois fois.