Par

Ludivine Caporal

Publié le

20 déc. 2025 à 7h26

Perte de clientèle la semaine, magasins surbondés le samedi puis étrangement déserts les dimanches d’ouverture… Cela fait maintenant plusieurs mois que les commerçants de la Presqu’île de Lyon observent, impuissants, une fluctuation très inégale et instable des habitudes de consommation de leur clientèle.
Mais à l’approche des fêtes, alors que le portefeuille et la fréquentation sont globalement en baisse par rapport à 2024, ce « déséquilibre » se fait davantage ressentir et laisse un goût amer dans la bouche de nombreux commerçants. Surtout pour ceux qui comptaient sur ce mois de décembre pour remonter un peu la pente.

« Ça part dans tous les sens »

« Avant, c’était clair. On savait que les lundis étaient calmes et que le reste de la semaine était évolutif. Là, ça part dans tous les sens et on ne comprend pas trop pourquoi. Mais globalement, on s’ennuie. Nos trois dimanches d’ouvertures n’ont servi à rien et sur décembre, on est à -40 % comparé à l’année d’avant », témoigne la gérante d’une grosse enseigne américaine de la rue de Brest, dans le 2e arrondissement.

« C’est un peu tout ou rien », « On peut monter très haut et descendre très bas en termes de chiffres, c’est très inégal cette année et on a parfois des journées complètement mortes même à l’approche de Noël », abondent de leur côté les magasins Alice Délice et La Chambre, situés dans le quartier de Cordeliers.

Des samedis excessifs mais qui ne rattrapent pas la semaine

Un calendrier qui ne semble donc suivre aucune règle et qui rend difficile toute anticipation ou prévision niveau organisationnel. « On ne sait plus vraiment comment travailler. On a ouvert un dimanche, on n’a eu personne, et on s’est fait écraser le lundi alors que ça n’arrive jamais. Sauf que mon collègue était tout seul », raconte une des vendeuses de l’épicerie Famille Mary.

« Je suis à -20, -30 % de mon chiffre la semaine, mais le samedi je bats des records et on se retrouve submergé. On a rarement connu ça », glisse de son côté le gérant de Paul Marius.

Mais si certaines journées explosent de manière imprévisible et que les samedis sont encore plus convoités qu’avant, le vide laissé dans la caisse le reste de la semaine est malgré tout « très difficile à combler », comme l’assure le magasin de thé et café La Route des Arômes.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire
« Je n’arrive plus à payer mon loyer »

Pour certains, l’accumulation perte de clients, baisse du budget pour les achats et affluence inégale est même en train de rendre leur situation extrêmement critique.

C’est le cas d’Audrey, pourtant installée depuis 16 ans dans le 1er arrondissement, dans le secteur Hôtel-de-Ville, avec son concept-store Papaye.

« C’est encore pire que les autres années. C’est hyper calme, les gens cherchent uniquement des petits prix. Bref, la conjoncture est vraiment mauvaise et pour être tout à fait honnête, c’est même la première fois que je n’arrive plus à payer mon loyer », confie-t-elle, avant de mentionner, en plus, une grosse perte de clients due selon elle au changement de trajet des bus TCL, qui ne passent plus rue de la République, et aux polémiques qui ont entouré la Zone à Trafic Limité (ZTL). « On a fait peur aux gens », affirme la vendeuse.

Les rues du centre de Lyon sont loin d'être remplies les jours de semaine.
Les rues du centre de Lyon sont loin d’être remplies les jours de semaine. (©Ludivine Caporal/actu Lyon)Bilans positifs pour certains

Dans cette période très déstabilisante, quelques magasins de la Presqu’île semblent malgré tout tirer leur épingle du jeu en fonction de l’endroit où ils se trouvent et de ce qu’ils proposent. L’épicerie Le Petit Groin et le concept-store Cigoire, par exemple, font état d’une fin d’année positive.

L’un aidé par son offre de produits alimentaires, locaux et faciles à offrir pour les fêtes, l’autre par la récente piétonnisation de sa rue. « C’est devenu un endroit extrêmement passant et on a beaucoup de touristes », se réjouit la boutique, ouverte depuis cinq ans rue de l’ancienne Préfecture.

« Le cœur de la Presqu’île est résilient »

Mais d’un commerce à l’autre, les discours changent parfois drastiquement. Difficile donc, pour l’association de commerçants My Presqu’île, de dessiner une véritable tendance et, surtout, d’analyser et de comprendre ces récentes évolutions liées aux habitudes de consommation.

« On se creuse la tête pour aller au-delà de la perception et pour avoir des chiffres et des statistiques précis sur les déplacements par exemple. On sait qu’il va y avoir une nouvelle enquête d’ampleur comme il y avait eu après Covid, en lien avec la Chambre de Commerce et d’Industrie », précise sa présidente, Johanna Benedetti.

Comme toujours, les commerçants du centre-ville devront ainsi rapidement trouver comment s’adapter à ces changements s’ils veulent survivre… « Mais le cœur de la Presqu’île est résilient », tient à rassurer, en guise de conclusion, l’association.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.