Non loin de l’aéroport, de jeunes conscrits montent un campement dans la forêt pour se familiariser avec les rigueurs du Grand Nord. En ce début d’automne, la pluie et la boue constituent leurs principaux tracas. Mais d’ici peu, les températures plongeront bien au-dessous de zéro tandis que la nuit s’installera pour de longues semaines. Durant cette saison, que les Norvégiens appellent Morketid, les soldats revêtent un uniforme blanc pour se fondre dans le paysage recouvert de neige. «Ce sont des conditions extrêmes, concède Brage, 19 ans, qui a grandi dans le sud du pays et s’est porté candidat pour intégrer une patrouille le long de la frontière avec la Russie. Mais nous sommes fiers d’avoir été choisis pour exercer cette mission cruciale.» Le général John Olav Fuglem, à la tête de la nouvelle brigade, indique que celle-ci aura pour mission de «défendre chaque mètre carré du territoire frontalier». «L’armée russe, ajoute l’officier, peut compter sur une énorme machine industrielle. Elle forme de nombreux soldats, produit de grandes quantités de véhicules blindés et sera sans doute en mesure, une fois la guerre en Ukraine terminée, de relocaliser ses forces assez vite. Nous ne pouvons exclure qu’elle décide de mener une attaque contre le comté de Finnmark afin de protéger son bastion de la péninsule de Kola. Mais ce jour-là, la Norvège et ses alliés de l’Otan ne se laisseront pas prendre par surprise.»