« Être enquêteur de police ne fait plus rêver », observe laconiquement un officier de police judiciaire (OPJ) aguerri, précisant toutefois que ce n’est pas propre à Strasbourg. Dans les bureaux de l’hôtel de police, enquêtrices et enquêteurs attestent d’un « ras-le-bol général », « d’un rythme de travail et d’une charge mentale insupportables ».

« On est débordés, épuisés, désabusés », souffle un enquêteur. Pour autant, ce policier est entré dans « la grande maison par vocation », avec l’envie de « faire de belles affaires, de dénouer la pelote, de débusquer la vérité, pour coincer les gros poissons, comme dans les fictions de [sa] jeunesse. »

« Noyé par la masse »

Depuis quelques années, ces fins limiers n’ont plus le temps de mener à bien leur mission. Sur leur bureau « des piles de dossiers s’amoncellent » irrémédiablement, au point d’avoir le sentiment de remplir un « tonneau des Danaïdes », percé de tous les côtés. « Le gros du problème est l’augmentation massive du stock de dossiers…