Un simple bug sur des radars à vitesse
variable en Angleterre a fait tomber, depuis 2021, des milliers de
PV sur des conducteurs pourtant dans leur droit. Entre excuses
officielles et promesse d’indemnisation, l’ampleur réelle du
scandale reste à éclaircir.
Depuis quelques jours, des milliers d’automobilistes
anglais découvrent qu’ils n’auraient peut‑être jamais dû
être verbalisés. L’affaire remonte à 2021 et concerne des axes
majeurs du pays. Le gouvernement a même demandé à l’organisme en
charge des routes, la National Highways,
de remonter jusqu’à six ans en arrière dans les données des radars.
Combien ont payé pour rien, sans jamais savoir qu’ils avaient été
injustement flashés ?
Des radars défectueux en Angleterre
La National Highways a identifié une « anomalie » dans la façon
dont certains radars à vitesse variable communiquent avec les
panneaux de limitation. L’organisme explique avoir repéré 2
650 déclenchements erronés de radars depuis 2021, liés à
ce défaut. En cause, un décalage d’environ dix secondes entre la
mise à jour de la limitation affichée et la prise en compte de
cette nouvelle limite par le radar.
Concrètement, sur une portion où la limitation augmente, un
conducteur peut voir un panneau à 60 mph (environ 97 km/h), alors
que le radar fonctionne encore avec l’ancienne limite de 40 mph
(environ 64 km/h). Résultat : le système le considère en excès de
vitesse, alors qu’il suit la nouvelle indication. Selon la National
Highways, ces 2 650 incidents représenteraient moins de deux cas
par jour, comparés à plus de six millions
d’activations de radars sur les tronçons concernés.
L’anomalie touche tout de même environ 10 % des
autoroutes et grandes routes d’Angleterre, soit 154
caméras sur un total de 400. Notamment sur les « smart motorways » et
des sections de l’A14 et de l’A1.
Ce qui attend les conducteurs injustement flashés
Face à ce bug, les autorités ont dû réagir vite. Le
ministre des Transports britannique Simon
Lightwood a promis que le gouvernement indemniserait tous
les conducteurs concernés, en remboursant les amendes et en
annulant les points indûment infligés. « Des mesures seront
prises pour remédier à toute poursuite incorrecte », a-t-il
déclaré dans un communiqué écrit au Parlement, cité par la BBC.
Dans le même temps, plus de 36 000 conducteurs
ont reçu un message de la police leur annonçant l’annulation, par
précaution, de leur stage de sensibilisation à la vitesse.
Certaines forces de police ont aussi décidé d’abandonner d’autres
poursuites, même si toutes n’étaient pas forcément liées à ce
défaut technique. Le ministre a tout de même prévenu les
automobilistes que « si vous enfreignez la loi, vous pouvez vous
attendre à être puni ».
Pour les conducteurs, l’affaire ne se résume pas à des chiffres.
Andy Walpole, 55 ans, chauffeur professionnel originaire de
Swindon, a été verbalisé sur le M25 entre la jonction 9 et l’aire
de Cobham. « J’étais convaincu de ne pas avoir dépassé la
vitesse autorisée. Je conduis pour gagner ma vie, donc je respecte
les limitations de vitesse variables à un mile près, donc je savais
que ce n’était pas le cas », explique-t-il. Plutôt que de
contester, il a choisi de payer un stage, avant d’apprendre son
annulation et d’être remboursé. « Comment pouvons-nous avoir
confiance et foi dans le système maintenant ? »,
interroge-t-il. Il s’inquiète aussi des conséquences cachées, par
exemple sur l’assurance auto : « Et si vous aviez souscrit votre
assurance auto le lendemain du retrait de points ? Vous aviez
déclaré ces points à votre assurance — où en êtes-vous alors
? »
De son côté, le directeur général de National Highways,
Nick Harris, a présenté des excuses en assurant que
« la sécurité est notre priorité numéro un ». Il demande aux
conducteurs de continuer à respecter les limitations : « Tous
les conducteurs doivent continuer à respecter les limitations de
vitesse affichées comme d »habitude. Toute personne qui a été
affectée sera contactée par la force de police concernée ». Le
ministère des Transports ajoute de son côté : « Nous présentons
nos excuses à toute personne qui a été affectée. La sécurité n’a
jamais été compromise, et nous travaillons avec les forces de
l’ordre pour faire en sorte que personne ne soit poursuivi à tort à
l’avenir. Les contrôles restent en place, et le public peut rester
confiant que seuls les automobilistes qui enfreignent les règles
seront sanctionnés. »
En attendant une solution définitive, les radars à vitesse
variable concernés sont mis de côté. La police renforce les
patrouilles pour continuer à faire respecter les vitesses, pendant
que des milliers de conducteurs attendent de savoir s’ils auront,
eux aussi, droit à réparation.