En Technicolor. L’histoire locale à travers des vues anciennes dépoussiérée, coloriées, animées et sonorisées. Bref transcendées par l’intelligence artificielle (IA) et l’entremise d’Olivier Thomas.
L’historien local, auteur d’une dizaine d’ouvrages sur l’ouest-Var, ex-farouche opposant municipal sanaryen, retiré de la vie politique depuis 2020, enseignant en droit fiscal à la faculté de droit de Toulon, fait le buzz avec ses vidéos, montages de cartes postales anciennes, revues et corrigées par Gemini (et VO3), l’IA de Google.
Beaucoup s’amusent à faire de même avec leurs photos, mais le résultat atteint par Olivier Thomas est lui bluffant de réalisme.
« On me dit : “C’est exactement comme dans mon enfance” »
Un train passant sur les rails du pont transbordeur à La Seyne ; une vue aérienne de Sanary depuis une montgolfière ; le panorama de Bandol et son château depuis la plage de Renecros, l’animation du port de Toulon avec son ancienne frontale…
« On voit les images différemment. Mon film, “Voyage en vidéo à La Seyne-sur-Mer d’autrefois”, partagé via le site La Seyne 1900, a très vite atteint les 1.500 vues en deux jours (2) », se félicite l’auteur qui a appliqué la même recette à Sanary, Bandol, Toulon et se réjouit : « J’ai reçu des messages privés d’anciens qui me disent : « C’est exactement comme dans mon enfance ! »»
Il a déjà consacré deux épisodes à Bandol et prévoit des suites pour les autres communes. Fort du constat qu’« aujourd’hui, les gens ne lisent plus, que la jeune génération aime zapper et que les gens n’aiment pas perdre de temps à regarder quelque chose », Olivier Thomas qui n’exclut pas la publication d’un ouvrage numérique compilant ses créations, s’est donc « adapté » pour répondre à « cette problématique ».
Il puise toujours dans sa collection de plus de 1.500 photos et cartes postales dont un très grand nombre léguées par son grand-père sanaryen. « Parmi elles, de très anciennes datant du XIXe siècle sur lesquelles on distingue par exemple l’ancien campanile de l’église Saint-Nazaire, modifié par Michel Pacha en 1892 », glisse-t-il.
Et d’éclairer : « J’ai écrit des prompts pour demander à l’IA ce que je désire et je dispose déjà d’un fond conséquent de photos numérisées utilisées pour mes précédents ouvrages ». Et même avec l’appui de l’intelligence artificielle, « il faut quinze jours de travail pour réaliser un film de 2 minutes », calcule Olivier Thomas pour qui l’activité est un loisir et qui, en parallèle a également créé des podcasts audio, toujours propulsés par l’IA, basés sur ses travaux.
Soixante et onze podcasts historiques en ligne
« J’en ai déjà mis 71 en lignes sur différentes plateformes. Sur la base des anecdotes historiques et récits compilés dans mes livres, je demande à l’IA de me générer ces podcasts d’une durée de 10 à 15 minutes. Et là encore, c’est bluffant », poursuit l’auteur qui propose son travail gratuitement. « Je vais poursuivre mes podcasts avec une série sur toutes les femmes provençales : résistantes, poétesse, reines… que l’histoire a oubliées ».
L’auteur, qui adore discuter avec les anciens et qui, au cours de ses recherches, a photographié et numérisé quantité de documents aux archives départementales, dispose d’un fonds documentaire important lui permettant de produire encore. Et les belles découvertes ne sont jamais exclues : « Saviez-vous qu’au XIXe siècle, un projet de terminal pétrolier pour l’approvisionnement des navires de la Marine en parallèle du dépôt de Saint-Mandrier, a failli voir le jour à Sanary ?, interroge-t-il amusé. Ou que Raimu, avant de figurer dans La femme du Boulanger, le film de Marcel Pagnol, a appris le métier à Bandol, avec M. Revest, qui était boulanger au 34 rue de la République ? »
L’historien livre ses secrets de fabrication
Voici deux prompts (les instructions données à l’intelligence artificielle) par Olivier Thomas pour réaliser ses vidéos, qu’il partage.
Restauration et colorisation (Google Gemini)
« Restaurer et coloriser cette photo ancienne.
Corriger soigneusement toutes les déchirures, plis, rayures, taches et zones décolorées.
Améliorer la netteté, la luminosité, le contraste et les détails fins tout en respectant le rendu d’époque.
Conserver l’apparence naturelle des visages, des expressions et des vêtements sans les déformer ni les moderniser.
Appliquer une colorisation réaliste et douce, fidèle aux tons et matières d’origine.
Le rendu final doit être avec clarté et la définition d’une photo prise aujourd’hui avec un Reflex haut de gamme.
Le résultat doit paraître authentique, équilibré, net et lumineux, sans effet artificiel ni saturation excessive.
Le ciel doit être réaliste selon la saison de la photo.
Mets plein de couleurs, c’est [Toulon], couleurs de la Provence.
Supprimer le cadre et les bordures autour de la photo, y compris les bords blancs, gris ou décolorés. »
Animation (Google VO3)
« Anime cette photo ancienne d’une plage en conservant un plan fixe. La vidéo finale doit durer 10 secondes.
Les mouvements doivent être réalistes, naturels, subtils, mais aussi lents, amples et prolongés, comme si la scène avait réellement été filmée à l’époque.
Les personnes sur la plage doivent montrer des gestes étirés sur toute la durée : marche lente, conversations calmes, mouvements du corps influencés par le vent, ajustement de parasols, enfants jouant avec des actions longues, tissus qui ondulent continuellement.
Ajoute une animation fluide et douce de l’environnement : vagues lentes, drapeau ou tissu oscillant dans de longues courbes continues, légères rafales de sable.
Préserve totalement le style d’origine : grain ancien, colorimétrie d’époque, rendu photographique. Aucun traveling, aucun zoom — caméra parfaitement immobile. »