A Welschenrohr (SO), un projet inédit vise à réintroduire le bison d’Europe en milieu naturel. Introduits progressivement dans un parc de taille croissante, ces animaux fascinent autant qu’ils inquiètent scientifiques, agriculteurs et acteurs du monde rural.

Depuis trois ans, les bisons d’Europe se sont installés à Welschenrohr, dans le canton de Soleure, entre deux replis du Jura. Le troupeau, initialement composé de cinq individus, en compte aujourd’hui onze. Leur introduction s’est faite par étapes: d’abord dans un parc clôturé de 5 hectares, puis 50, avant d’atteindre, depuis une année, un territoire de 100 hectares, soit un kilomètre carré.

« Nous avons régulièrement des promeneurs et des visiteurs. Cela se passe très bien. La seule chose à laquelle il faut faire attention, c’est la distance à respecter pour des questions de sécurité. Il ne faut pas approcher les bisons à moins de 50 mètres, on ne sait jamais », a souligné samedi dans le 19h30 Benjamin Brunner, ranger farmer du projet Wisent Thal.

La question de la cohabitation

L’objectif du projet est de permettre à une espèce habituellement maintenue en enclos de vivre en liberté. Otto Holzgang, biologiste et responsable du projet, est persuadé de sa faisabilité.

« Le bison peut vivre librement en Suisse, j’en suis convaincu. Mais pour cela il lui faut un environnement mixte, avec des humains, de l’agriculture et des forêts. Si on arrive à réunir tout ça, le bison a un avenir chez nous », juge-t-il.

Fourrage nécessaire?

Sur les hauteurs des Prés-d’Orvin, sur les flancs du Chasseral, Christian Lecomte élève des bisons des Etats-Unis depuis 33 ans. Face à l’idée d’un lâcher en liberté, il se montre plutôt sceptique: « Dès qu’on va mettre des bisons en liberté, cela va donner des problèmes de voisinage et aussi pour le fourrage. En hiver, il faudra les fourrager. Ils sont aussi en altitude, ils sont à 800 mètres je crois là-bas. Pour avoir de l’herbe, il faudra les maintenir avec du fourrage, c’est donc un peu utopique », juge-t-il.

>> Ecouter l’interview de Lionel Cavin, conservateur au Muséum d’histoire naturelle de Genève, dans le 19h30 : Entretien avec Lionel Cavin, conservateur au Muséum d'histoire naturelle de Genève Entretien avec Lionel Cavin, conservateur au Muséum d’histoire naturelle de Genève / 19h30 / 3 min. / aujourd’hui à 19:30

Des inquiétudes partagées par François Monin, directeur d’Agri Jura: « Comme on le voit parfois avec d’autres espèces sauvages, je ne suis pas sûr que ces bisons resteront en pleine forêt et ne causeront pas de dégâts aux cultures s’ils ont de l’herbe et un garde-manger tout frais à disposition », pointe-t-il.

La prochaine étape du projet est fixée à mars 2027. Le canton de Soleure devra alors se prononcer sur une demande de semi-liberté des bisons sur un territoire de 10 kilomètres carrés.

db/ther