Le tribunal administratif de Lille a rétabli mercredi dernier le contrat d’association entre l’État et le lycée musulman Averroès.La ministre de l’Éducation a annoncé sur TF1 qu’elle allait faire appel.Plusieurs figures du gouvernement avaient déjà fait connaître leur mécontentement de cette décision de Justice.

Sa prise de parole était attendue sur le sujet. « Parmi les manquements, il y a notamment le fait que l’établissement a interdit l’accès à des inspecteurs de l’Éducation nationale pour pouvoir faire un contrôle », a déclaré Elisabeth Borne, interrogée par Adrien Gindre sur le plateau de « Bonjour !, la matinale de TF1 ». Pour la ministre de l’Éducation nationale, « ça, c’est inacceptable (…), donc j’ai décidé de faire appel » du rétablissement du contrat avec le lycée musulman Averroès.

Le contrat d’association entre l’État et le lycée lillois avait été résilié en décembre 2023 par la préfecture du Nord, qui avait évoqué des « manquements graves aux principes fondamentaux de la République ». Le rétablissement du contrat par le tribunal administratif de Lille, le 23 avril dernier, avait déjà fait réagir plusieurs personnalités du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur avait notamment décrit ce qui était le plus grand lycée musulman de France avant la résiliation, comme un « bastion de l’entrisme islamiste ». « On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l’argent des Français n’a rien à faire dans ce genre d’organisation », avait insisté Bruno Retailleau, qui s’était prononcé en faveur d’un appel.

Même son de cloche du côté de son prédécesseur, et désormais ministre de la Justice, Gérald Darmanin. « Ce n’est pas seulement un combat juridique, c’est aussi un combat culturel », a-t-il souligné dans un entretien avec le quotidien La Voix du Nord, tout en estimant qu' »il faut des lycées musulmans sous contrat ». 

Sur TF1, Élisabeth Borne s’est abstenue de détailler la teneur des « manquements graves », dénoncés par ses collègues au gouvernement, mais dont la justice administrative a jugé la semaine dernière qu’ils n’ont pas suffisamment été démontrés par la préfecture.

La ministre estime suffisant l’empêchement « inacceptable » d’un contrôle pour rompre un contrat avec un lycée « financé à 75% par de l’argent public ». « Je souhaite dire très clairement qu’un établissement sous contrat ne peut pas empêcher des inspecteurs de l’Éducation nationale de faire les contrôles qui sont de leur responsabilité », a-t-elle martelé.

Sollicité par l’AFP, le directeur du groupe scolaire Éric Dufour a estimé que la décision de la ministre de faire appel n’était pas une « surprise » mais que « c’était décevant ». « Il me semble que le tribunal administratif a fait la démonstration nécessaire, tout a été dit », a-t-il déclaré, « On voit bien que chez les politiques, il y a un acharnement contre le lycée Averroès ».

F.Se avec AFP