Une exposition au goût de fruit défendu, au parfum de paradis perdu, et ancrée cependant dans le présent. Telle est en substance la teneur des Petites chéries de la Côte d’Azur, autrement dit Brigitte Bardot, Mylène Demongeot et Michèle Mercier, dévoilée ce samedi par Henry-Jean Servat, commissaire de cette exposition, lors de son vernissage à l’espace culturel départemental Lympia à Nice. Une exposition qui se poursuivra jusqu’au 12 avril 2026.

Trois danseuses aux pieds nus

Un zeste de fruit défendu, donc : si le futur expert du 7e art n’avait entendu, durant ses jeunes années, un chanoine exhorter ses ouailles à ne jamais aller voir les films de B. B., il n’aurait pas éprouvé l’irrésistible envie de découvrir sa blondeur sulfureuse dans les salles obscures. De contempler cette héroïne dansant pieds nus cheveux aux vents et « poitrine pétant aux étoiles » avec un homme noir, à l’instar d’ailleurs de Michèle Mercier et de Mylène Demongeot, qui aspiraient toutes trois davantage à devenir des étoiles de la danse que du cinéma.

Comme le rappellent des extraits de film diffusés dans le parcours de l’exposition.

D’incandescentes créatures qui ont brisé ainsi tous les tabous et relégué les anciens sex-symbols au rang de dames couvertes de vison et aux permanentes crantées. En incarnant une liberté et une grâce bienvenues au lendemain de la guerre d’Algérie, cette période enchantée où le Sida n’avait pas encore fait son apparition.

Au bar Le Gorille, Noël et Bénédicte évoquent leurs souvenirs de Brigitte Bardot.

Le costume « d’Angélique marquise des anges »

Une époque où le glamour était toujours de mise, comme en témoignent les somptueuses tenues, du costume d’Angélique marquise des anges à la robe de mariée de Mylène Demongeot, présentées dans cette exposition. Où parmi les innombrables photos, prises sur le vif ou posées dans les mythiques studios Harcourt, affiches dédicacées, bustes de Marianne, peintures sur toiles et autres objets provenant de prêts divers ou d’archives personnelles, on découvre de véritables raretés.

Telle cette œuvre réalisée spécialement pour l’occasion par l’artiste italien Guido Palmero : Brigitte Bardot, Michèle Mercier et Mylène Demongeot en 4 L. Où l’on découvre les trois stars, jamais réunies jusqu’ici toutes les trois ensemble, posant complices à l’arrière de la célèbre voiture française. Trois icônes unies enfin par un même amour des animaux, « et qui nous donnent ainsi des leçons de vie », dixit Henry-Jean Servat, pour le temps présent.

Pratique : jusqu’au dimanche 12 avril 2026. Espace Culturel Port Lympia, 2 Quai Entrecasteaux à Nice. Du mercredi au dimanche de 10 h à 17 h. Gratuit. Rens au 04.89.04.53.10. ou sur le site de l’Espace Lympia.

Un livre avec l’expo

Sur la couverture aux teintes pastel, vintage en diable, le ton est donné : jaillissant, telles les Trois Grâces, d’un parterre de roses, sur fond de Baie des Anges, de ciel céruléen et d’hôtel Negresco, ce sont elles, les « Petites chéries de la Côte d’Azur » : Brigitte Bardot, Mylène Demongeot et Michèle Mercier.

« Trois actrices, trois vedettes, trois idoles populaires, trois icônes solaires, trois visages immortels du cinéma français, et européen, sinon mondial, mais aussi trois figures éblouissantes de la Côte d’Azur, nées ou révélées dans le Sud, rappelle Henry-Jean Servat dans ce superbe livre, paru chez Gilletta. Un ouvrage préfacé par l’acteur Jean Sorel, présent au vernissage, et doté d’une iconographie extraite de prestigieuses agences artistiques parisiennes, de fonds institutionnels et de collections privées. En le parcourant, l’on est très vite frappé par le côté étroitement lié des destins de ces trois blondes mythiques. Sur cette Côte d’Azur « qui leur servait autant d’écran que d’écrin », d’abord.

B. B., « marquise des anges »

Comme le rappelle en effet l’auteur : « Brigitte, gamine, descendait trois fois par an en vacances sur la Côte d’Azur avec ses parents et sa jeune sœur Marie-Jeanne […] La famille Bardot, à pied, gagnait alors le port, montait sur un bateau effectuant la liaison par mer, à travers la baie, et débarquait à Saint-Tropez où des porteurs les attendaient […]. Sept de ses premiers films, ceux de l’orée de sa gloire comme ceux de sa consécration, furent tournés sur la Riviera et dans les studios de la Victorine. Il en fut de même pour Mylène Demongeot, qui revint tourner à Nice où elle était née, et pour Michèle Mercier, qui démarra sa carrière à la Victorine, à Nice, ville où son père officiait comme pharmacien et où elle avait vu le jour. »

Trois ravissantes débutantes issues de milieux aisés. Et dont on découvre que de Cinecitta aux studios de la Victorine, elles ont débuté aux mêmes endroits, et ont parfois été pressenties par les réalisateurs successifs pour les mêmes rôles. Comme ce fut le cas pour Angélique marquise des Anges, rôle initialement attribué par le producteur Francis Cosne à B. B., qui s’était désistée avant de changer d’avis, trop tard. Et envoyé un mot d’une rare élégance à Michèle Mercier pour la féliciter.

Davantage amies que rivales

De la même façon que loin de se ressentir comme des rivales, Mylène Demongeot et Brigitte Bardot « s’étaient vite jugées et jaugées. Elles s’aimaient beaucoup, se parlaient de leurs rêves, partageaient des valeurs qui n’étaient pas communes, protégeaient déjà les animaux des rues […] Elles ne se quitteront, elles ne se quittèrent jamais. »

Et au-delà des nombreuses révélations sur les coulisses du cinéma, c’est le portrait d’une époque sur fond d’insouciance, d’effervescence, de liberté de cœur et de corps, de joie de vivre, d’audace et de sensualité qui est restitué dans Les petites chéries de la Côte d’Azur.