Avec le docteur Brice Chanez, oncologue médical à l’Institut Paoli-Calmettes, spécialisé en oncologie digestive et chercheur au Centre de recherche en cancérologie de Marseille.

Avec 16 000 nouveaux cas de cancer du pancréas par an en France pour 13 000 décès, cette maladie est en passe de devenir la deuxième cause de mortalité par cancer « si rien n’est fait pour endiguer l’augmentation de l’incidence ou améliorer les traitements ». « Ces trente dernières années, l’épidémiologie du cancer du pancréas a énormément changé. Ce cancer a beaucoup augmenté avec une multiplication par 3,5 voire 4 chez les deux sexes, dont une augmentation franche chez les jeunes et notamment les femmes, alors que jusqu’à présent, on avait des patients d’environ 70 ans », souligne le docteur Brice Chanez, chef de clinique à l’Institut Paoli-Calmettes, oncologue spécialisé dans l’oncologie digestive et travaillant principalement avec des patients ayant des cancers du pancréas et des voies biliaires.

Une évolution qui reste encore un « mystère », mais dont les recherches actuelles pourraient établir un lien avec la pollution environnementale, un facteur non maîtrisable et subi.

« Les facteurs de risques du cancer du pancréas ne sont pas tous encore très bien établis. Pour autant, on sait que le premier, c’est le tabagisme, qui explique environ un tiers de ces cancers avec 1,7 fois plus de chance de développer un cancer du pancréas quand on est fumeur. Ce risque perdure d’ailleurs 14 à 15 ans après l’arrêt de la cigarette, précise le spécialiste. Il y a également l’obésité et le diabète, deux épidémies qui sont en train d’exploser dans les pays occidentaux, dont la France. Ainsi que l’alcool ou dans de rares cas les maladies génétiques. »

Des facteurs de risque environnementaux

Et de poursuivre : « Le problème, c’est que tous ces facteurs de risque n’expliquent pas une si forte augmentation du cancer du pancréas. Quand on prend le tabac par exemple, il a tendance à diminuer auprès de la population et certains cancers qui y sont associés diminuent. » C’est à ce moment-là que les facteurs de risques environnementaux entrent en jeu. « Ce sont des facteurs que l’on ne maîtrise pas. Je pense notamment à la pollution », ajoute Brice Chanez. De nombreuses études ont donc été lancées en ce qui concerne les facteurs environnementaux.

« Pour le moment, les données sont encore préliminaires et discordantes, mais il y a quand même de petites pistes intéressantes qui nous sont données par les épidémiologistes et qui doivent encore être creusées, souligne-t-il. Nous avons des pistes concernant les pesticides, dont les produits phytosanitaires qui sont des éléments incriminés puisque tout le monde est exposé avec notamment des produits retrouvés dans les sols qui sont interdits depuis de nombreuses années. » Sans compter « le cadmium, un métal lourd que l’on retrouve beaucoup dans les céréales et qui touche particulièrement les enfants, ou encore les polluants éternels très résistants qui ne se dégradent pas dans l’air… ».