Tout heureux du succès de l’Usap face à Clermont, samedi, Laurent Labit a tenu à mettre en avant la force collective de son équipe, sa capacité d’adaptation face à l’infériorité numérique mais aussi l’impact déterminant du capitaine Jamie Ritchie.

Quelle valeur revêt ce succès tant attendu ?

On est très heureux pour l’ensemble du club qui a souffert, qui a eu des moments difficiles. Il faut remercier tout le monde pour ce résultat. En premier lieu, les joueurs, bien sûr, qui ont été incroyables, formidables. On sentait tout au long de la semaine que quelque chose avait changé. On s’est encore mis en difficulté mais, cette fois-ci, le caractère était au rendez-vous. Chacun était déterminé à aller chercher ce résultat. Pour lui-même, pour les supporters, pour ses partenaires, pour le club, le président. C’est un jour magnifique et un très beau cadeau.

Les joueurs ont tenu leurs promesses avec cette entame tambour battant…

Comme je l’avais dit avant le match, on avait un plan. Ça passait bien sûr par une grosse entame. On avait aussi prévu un coaching en début de seconde période pour avoir une permanence d’énergie. Nous savions, que face à cet adversaire, il fallait être physique et intense pendant 80 minutes. Le plan n’a pas bougé même si on s’est rapidement retrouvé à quatorze. Comme j’ai dit aux joueurs à la mi-temps, ça ne se voyait pas qu’on était un de moins. Les gars ont été formidables et c’est pour ça qu’on a gagné.

Comment avez-vous encaissé le carton rouge ?

Je n’ai pas douté. Je sais qu’avec la détermination, on peut gagner des matchs à quatorze. Ça m’était arrivé en finale à Barcelone. Il a fallu adapter notre organisation. On a essayé de le faire en direct puis on l’a encore recadrée à la mi-temps. Qu’est-ce qu’on peut faire quand on a le ballon ? Comment on peut l’utiliser ? Dans ces cas de figure, on ressent encore plus l’importance d’avoir des joueurs très expérimentés sur le terrain. À l’image du deuxième essai où on monte cette chandelle dans les 22 mètres adverses. Il y a des choses à faire et à ne pas faire quand on se retrouve à quatorze.

On parle beaucoup de caractère. Qu’est-ce qui vous a plu rugbystiquement ?

Il y a eu des choses intéressantes avec le ballon. Même si, à mon sens, il y a eu trop de situations gâchées. On est allé trop vite, on s’est précipité, on s’est obstiné à jouer au contact. Ce qui m’a plu, c’est ce qui me plaît depuis trois semaines. Le fait de travailler à quarante-cinq joueurs amène de l’émulation et fait ressortir la qualité de ce groupe. Avant le coup d’envoi, je ne savais même pas quoi dire aux joueurs. J’étais sûr qu’ils allaient faire un grand match. J’aurais bien aimé voir cette équipe dans ce stade, avec cette ambiance, à 15 contre 15 pendant 80 minutes…

C’était votre grande première à Aimé-Giral en Top 14 sous les couleurs catalanes. Comment l’avez-vous vécue ?

Quand on est arrivé au stade, j’avais l’impression que c’était la finale du Top 14. On joue pour ça, pour partager des émotions. Ce que j’ai dit aux joueurs avant le match, et ce qu’ils doivent comprendre, c’est que ce public n’est pas là pour mettre de la pression mais pour être un carburant. C’est du carburant qu’on doit bien utiliser quand on a des temps faibles, pour se donner de l’énergie et qu’on ne doit pas gaspiller quand on a des temps forts en se surexcitant. Tout ça, c’est plaisant. Mais il ne faut pas oublier qu’on a gagné qu’un match.

Qui appelle confirmation dans les semaines à venir. Que faut-il pour en faire un déclic ?

Ça ne se débloquera que si on travaille ensemble. Ça a déjà été dit, l’effectif actuel est peut-être le meilleur que le club ait eu. Mais si chacun est dans son coin, on sera faible, vulnérable. On sait qu’on ne gagnera pas tous les matchs mais il faut que les adversaires soient vraiment plus forts que nous pour nous battre. Ce qui n’était pas le cas depuis le début de la saison. C’est ça que j’attends des joueurs. Je ne suis pas dupe. Je sais que ça va être difficile à Toulon, que ce sera difficile contre Toulouse la semaine d’après. Mais il faut que nos adversaires aillent chercher les matchs, qu’on arrête de leur donner les victoires.

Vous avez pu compter sur des leaders à la hauteur. Que pouvez-vous nous en dire ?

Bien sûr, il n’y a pas de grande équipe sans un grand leader. Jamie (Ritchie) est un grand capitaine, c’est un joueur international. C’est un joueur qui évolue à son niveau et qui, forcément, amène les autres avec lui. Sur ce match, il a été très, très bon. Il a été très, très bon en l’air, en bas. Dans la parole aussi, les décisions. Et il y a eu Benjamin aussi qui a beaucoup compté.