Par

Juliette Cardinale

Publié le

21 déc. 2025 à 17h32

Quelques mois avant le premier tour des élections municipales 2026 à Bordeaux, les principaux candidats de la droite et du centre se sont accordés pour proposer une liste commune menée par Thomas Cazenave face à Pierre Hurmic. Les regards se portent désormais de l’autre côté de l’échiquier politique : cinq listes de la gauche radicale se sont déclarées à Bordeaux. Il y a six ans, la liste menée par Philippe Poutou rassemblait des figures des différents courants et avait fait un score historique. Mais cette année, l’union n’est pas vraiment au cœur des programmes.

Une liste éclatée en cinq ?

En 2020, la liste d’union de la gauche radicale avait obtenu 11,7 % des voix au premier tour. Au second, elle avait collecté 9,39 % des bulletins, soit trois conseillers municipaux : Philippe Poutou, Évelyne Cervantes Descubes et Antoine Boudinet. Sous le nom Bordeaux en luttes, elle regroupait notamment des militants du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), de La France insoumise (LFI), du Parti de gauche, d’Ensemble et des Gilets jaunes locaux.

Dès la fin 2021, le groupe s’était scindé avec les accusations de placardisation et de harcèlement moral portés par Myriam Eckert. Alors quatrième sur la liste, elle avait accédé au conseil municipal après la démission d’Antoine Boudinet.

Pour ces nouvelles élections, le collectif qui a conservé le nom de Bordeaux en luttes était le premier à déclarer être candidat dès décembre dernier. On y retrouve Myriam Eckert, Antoine Boudinet, et plusieurs autres figures du mouvement des Gilets jaunes à Bordeaux. Interrogée par actu Bordeaux, Myriam Eckert a rejeté en bloc l’hypothèse de joindre ses forces avec Nordine Raymond ou Philippe Poutou – qu’elle a attaqués en justice. Elle regrette cependant que des listes aux idées similaires à Bordeaux en luttes se soient créées.

Dans la course au Palais Rohan, elle affrontera justement Nordine Raymond, candidat LFI, qui était neuvième sur la liste en 2020. Quant à Petra Bernus, candidate de Révolution permanente, elle était alors sixième. Rouge Bordeaux Anticapitaliste, le nom désormais utilisé par le groupe de Philippe Poutou et Évelyne Cervantes Descubes, présentera sans surprise une liste en mars. La cinquième liste est celle officialisée le 17 décembre dernier par NPA – Révolutionnaires, née de la scission avec le NPA-L’Anticapitaliste de Philippe Poutou en 2022.

« Des désaccords profonds »

À moins de trois mois du premier tour des élections, des convergences sont-elles possibles pour rassembler les forces de la gauche radicale ? « Après les municipales de 2020, il y a eu des désaccords profonds dans Bordeaux en luttes, a rappelé Petra Bernus auprès d’actu Bordeaux, aujourd’hui, il n’est pas possible de s’allier avec LFI ou Philippe Poutou car les convergences n’y sont pas ». 

Des propos qui trouvent échos dans ceux de Nordine Raymond. Le candidat de La France insoumise soulignait des « différences politiques d’appréciation » nomment avec Révolution permanente.

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L’Insoumis rappelle avoir tenté de « parler l’ensemble de la gauche du Nouveau front populaire (NFP) ». La porte a vite été refermée par les écologistes de Pierre Hurmic. « On voulait montrer qu’on allait défendre le programme du NFP à cette élection. C’est eux qui s’isolent car ils ne veulent pas de programme de rupture. »

Nordine Raymond ne veut pas « des accords signés dans un coin de table », sa stratégie c’est l’union populaire. Et surtout, l’élection n’est pas abordée de la même manière. « La dernière fois, on voulait faire entrer des élus issus des luttes dans le conseil municipal pour titiller ce qu’on pensait allait être la droite. Cette fois, on veut gagner. »

« On pense que l’heure est grave, l’extrême droite est présentée comme faisant ses meilleurs scores à Bordeaux. S’il n’y a pas une offre politique capable de gagner qui cristallise la colère sociale alors les gens vont s’abstenir ou voteront pour des listes fachistes. Notre présence est un paratonnerre. » Crédité de très bonnes intentions de votes dans un récent sondage, il affirmait récemment à actu Bordeaux que les discussions étaient en cours avec Philippe Poutou. « Notre but c’est d’être en tête de la gauche au premier tour. Plus on a de forces, plus on y arrivera donc on continue les discussions. Nous, notre porte n’est jamais fermée. A priori, leur porte ne l’est pas non plus, donc on continue ».

« Rendre impossible l’unité »

« Nous avons cherché à reconstruire l’unité, mais des désaccords politiques de fond persistent, ce qui nous fragilise », avait pourtant indiqué Rouge Bordeaux Anticapitaliste dans un communiqué le 4 décembre dernier. Les discussions « étaient dominées par des désaccords politiques suffisamment importants pour rendre impossible l’unité que des deux côtés nous aurions voulu », a précisé le groupe de Philippe Poutou.

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« On part ainsi avec notre bilan de 6 ans dans les conseils municipal et métropolitain, une activité d’opposant résolu à la gauche libérale et aux politiques droitières », souligne le groupe dont les têtes de listes doivent être dévoilées en début d’année.

En 2020, la liste commune avait obtenu un peu plus de 11 % au premier tour. Les accords se feront-ils finalement pour espérer faire un aussi bon (voire meilleur) score ou les candidats attendront-ils fermement l’entre-deux tours ? Encore faut-il qu’ils y accèdent en étant divisés…

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