Mis en examen pour « viols sur conjointes » après les plaintes de deux ex-compagnes, Cédric Abellon a accordé un entretien à Var-Matin. Un échange réalisé par téléphone, son contrôle judiciaire lui interdisant de se trouver dans le Var.

Le quadragénaire est connu des amateurs de rugby pour être le lanceur du Pilou-Pilou, ce chant entonné au stade Mayol avant chaque match du Rugby Club Toulonnais (RCT). Il conteste les accusations de violences psychologiques, physiques et sexuelles portées contre lui.

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je suis exilé pour une affaire qui… Où je suis mis en cause mais… En fait, je n’ai pas trop envie d’en parler parce que l’enquête est en cours, je n’ai pas envie de donner de détails. J’ai donné ma version des faits et maintenant c’est à la justice de jouer. La médiatisation qu’il y a eue, c’ est un scandale, je ne comprends pas.

On vous sent en colère…

Ça crée un peu de colère parce que ça ne touche pas que moi. Je n’ai pas compris pourquoi mon nom apparaissait dans les médias avec le mot « viols » en dessous. Ça salit toute une famille. Ma compagne pleure tous les jours. Et puis il y a des gens qui m’écrivent de Nouvelle-Zélande, d’Australie… Cette histoire, elle est passée dans le monde entier. Je suis entaché sur toute la planète rugby.

Justement, vous êtes conscient que l’affaire a pris une telle ampleur en raison de votre notoriété ?

Je suis connu parce que je passe à la télé 45 secondes avant le match… Mais je ne suis qu’un bénévole au RCT, je n’ai pas de contrat, il n’y a pas d’argent, je n’ai rien. Je fais ça avec plaisir parce que c’est ma passion.

Cédric Abellon est connu des supporters du RCT pour lancer le Pilou-Pilou avant chaque match au stade Mayol à Toulon.

Comment avez-vous appris que vous étiez accusé de viols ?

J’ai eu un appel, je crois que c’était le jeudi ou le vendredi, je ne sais plus exactement. Le monsieur de la police m’a dit : « Est-ce que vous êtes disponible lundi [15 décembre] à 10 h ? » Donc je me suis rendu là-bas, je pensais qu’il s’agissait d’une affaire liée à un problème de dette que j’ai avec une ex-compagne. Le monsieur m’a dit : « Mais pas du tout (…) Vous êtes accusé de viols ». Je suis tombé de haut.

Qu’avez-vous ressenti ?

J’ai pensé tout de suite à ma femme, à ma famille… Là, pour moi dans ma tête, je perds ma femme. Et de là, je suis parti en garde à vue. J’ai repensé à une plainte qui avait été classée sans suite (en 2023, NDLR)… Et puis j’ai appris les faits reprochés au fur et à mesure, et quand j’ai appris qu’il y avait une deuxième plaignante, je suis tombé d’encore plus haut. Avec cette personne, il n’y avait pas de problème avant notre différend financier.

Deux plaintes déposées par deux ex-conjointes dénonçant des viols conjugaux, c’est quand même troublant. Comment l’expliquez-vous ?

Je pense savoir pourquoi mais je ne vais pas le dire publiquement maintenant.

Souhaitez-vous une confrontation pour clarifier les choses ?

Si le juge me demande d’être confronté, je me confronterais. Mais en fait, ces personnes-là je n’ai plus envie de les voir. Je ne veux plus en entendre parler.

La justice s’intéresse aussi à l’histoire d’une troisième femme. Dans ce volet, vous avez été placé sous le statut de témoin assisté…

Ça s’est rajouté dans le dossier. C’est une effectivement une affaire de viol mais je n’étais pas impliqué. D’ailleurs, elle n’a pas porté plainte contre moi mais contre un autre homme. À l’époque j’avais fait une déposition comme simple témoin. C’est pour ça que mon nom est ressorti.

Êtes-vous inquiet ou plutôt confiant pour la suite ?

Je vis comme une injustice totale ce qu’il se passe. Je ne victimise pas, ah non pas du tout. Moi ce que je veux c’est être lavé et que ma famille soit lavée [pleurs].

Comment envisagez-vous l’avenir ?

J’ai dû quitter Toulon en 24 heures avec un sac, trois t-shirts, des jeans et deux paires de chaussures. [Un membre de ma famille] m’a accueilli chez lui. Je dois pointer à la gendarmerie. Il faut que je retrouve un travail, que je retrouve une situation, un appartement… Il faut que je relance ma vie. Je repars vraiment de zéro.

Vous reprendriez le lancement du « Pilou-Pilou » si la justice vous donnait gain de cause ?

Ah moi sans problème hein. Moi, ma figure elle a toujours été droite. Je voudrais dire aux supporters que je suis désolé pour tout ce qu’ils ont entendu et que la vérité sortira un jour.