Vous regardez votre sol depuis des années sans vraiment le voir
: ce damier noir et blanc de l’entrée, ce stratifié gris posé à la
va-vite dans tout l’appartement, ces carreaux brillants qui
glissent dès qu’ils sont un peu mouillés. Ils ont été à la mode,
rassurants parce que vus partout, mais ils commencent aujourd’hui à
trahir l’âge de votre déco.
Les architectes d’intérieur le constatent : alors que la maison
se rêve plus chaleureuse, texturée et naturelle, certaines
tendances de revêtement de sol à éviter tirent
clairement leur révérence. Le mot d’ordre 2025-2026 ? Moins de
surfaces froides et brillantes, plus de bois chaud, d’effets pierre
et de finitions mates. Reste à savoir si votre sol fait partie des
cinq styles en voie de disparition.
Ces tendances de revêtement de sol qui datent désormais votre
intérieur
La déco s’est éloignée du minimalisme glacé pour adopter un
minimalisme chaleureux : couleurs terreuses, matières brutes, mix
d’ancien et de contemporain. Comme pour le carrelage métro au mur,
l’esthétique du « propre, blanc, sans risque » a perdu son charme. Un
sol trop uniforme, trop gris ou trop brillant s’oppose à cette
envie de cocon, surtout quand on l’associe à des murs encore clairs
et à peu de textiles.
Dans ce contexte, les surfaces jugées trop artificielles ou
agressives visuellement reculent. Les designers pointent surtout
les motifs très contrastés au sol, les teintes gris froid posées à
la chaîne, les grandes dalles lisses de porcelaine, les vinyles
imitation carreaux chargés et les finitions ultra
brillantes façon hôtel. Ce sont précisément ces cinq
familles que l’on voit disparaître des projets récents.
- Carrelage damier noir et blanc très contrasté
- Sols gris froids « builder-grade »
- Grands carreaux de porcelaine unis
- Vinyle imitation carreaux à motifs lourds
- Carrelages et parquets ultra brillants
Cinq revêtements de sol à éviter et les alternatives
plébiscitées
Le carrelage damier noir et blanc en est
l’exemple parfait : graphique et photogénique, il finit souvent par
écraser l’espace, surtout dans une cuisine ou un hall déjà chargés.
La designer Damla Turgut résume le virage en cours : « Nous
observons un grand basculement vers des damiers plus doux et plus
nuancés : camel avec blanc crème, blanc cassé avec gris sauge,
voire bordeaux associé à un neutre chaud. Ces combinaisons donnent
toujours ce rythme graphique mais d »une manière qui semble plus
intemporelle, indulgente et contemporaine », explique Damla Turgut,
citée par TheSpruce. Le motif reste, mais les couleurs
s’adoucissent et se réservent volontiers à des petites
surfaces.
Les sols gris industriels suivent le même
chemin. « Les sols gris aux tonalités froides qui ont dominé la
dernière décennie perdent enfin de leur élan. Ils aplatissent la
lumière naturelle, rendent les pièces froides et s’opposent aux
palettes plus chaudes vers lesquelles les gens se tournent. Nous
voyons les designers revenir au miel, au chêne naturel, au toffee
et au noyer, tout ce qui a de la chaleur et de la variation »,
poursuit Damla Turgut. Côté carrelage, la porcelaine unie et lisse
est aussi en recul : « Une porcelaine ou une céramique générique
peut sembler froide, utilitaire et en décalage avec la chaleur et
la sophistication que réclament les cuisines d’aujourd’hui. Cela
dit, la porcelaine conçue pour imiter la pierre naturelle peut être
élégante lorsqu’elle est exécutée de manière réfléchie, et la
pierre naturelle sur les sols et les comptoirs reste le véritable
symbole de qualité et de goût intemporel », observe Laura
O’Brien.
Comment réussir la transition vers des
sols plus chaleureux
Les vinyles imitation carreaux très à motifs sont, eux aussi,
sur la sellette. Utilisés partout au sol, ils fatiguent vite l’œil
et « crient » plus qu’ils ne décorent. Les designers privilégient
désormais des revêtements à texture subtile, effet pierre ou bois,
qui laissent la place aux tapis et aux textiles pour apporter le
caractère. Un sol calme mais vivant permet d’oser un mur à motifs,
un papier peint fort ou des meubles vintage sans saturer
l’ensemble.
Dernier signal envoyé par les pros : la fin des sols miroir.
Carrelages polis, stratifiés laqués et marbres hyper lustrés
donnent une impression de maison témoin, montrent la moindre trace
et se révèlent glissants. Les finitions mates ou légèrement
satinées, inspirées du tadelakt, du zellige ou des pierres
adoucies, créent au contraire un effet enveloppant et chaleureux.
Que l’on remplace tout le revêtement ou que l’on se contente, pour
l’instant, de grands tapis et de quelques éclairages chauds, l’idée
est toujours la même : rapprocher le sol des matières naturelles et
du vécu que l’on aime déjà voir sur ses murs et ses meubles.