Avoirs russes : Bart De Wever a gagné ses galons d’homme d’État

L’illusion d’une solution diplomatique rapide relève désormais de l’aveuglement. Moscou poursuit un projet clair depuis longtemps : subordonner l’Ukraine, démanteler l’Union européenne, fracturer l’Otan, et imposer l’idée d’un Occident en déclin. Les mots du Kremlin ne laissent aucune ambiguïté. L’Ukraine est un champ de bataille, l’Europe la cible stratégique.

Dans ce contexte, l’accord européen ne peut être ni un geste compassionnel ni une perfusion sans horizon. Il doit être compris pour ce qu’il est : un instrument de dissuasion indirecte. Soutenir l’Ukraine n’est pas prolonger la guerre par principe ; c’est empêcher qu’elle ne se déplace demain vers les États baltes, la Moldavie, la Pologne ou la Finlande. Les services de renseignement européens, l’Otan, les chercheurs le disent sans détour : la confrontation est appelée à durer, et l’option militaire directe reste, pour Moscou, une hypothèse structurante à l’horizon de la décennie.

L’Europe a fait ce qu’elle devait faire, comme elle devait le faire

La responsabilité morale de l’Europe n’est donc pas de hâter une paix illusoire, mais d’éviter une défaite stratégique. Cela implique de rompre avec une culture du compromis mal compris. Aider l’Ukraine, oui — mais pour stabiliser un rapport de force, non pour entretenir l’illusion que la bonne volonté suffira. La paix ne viendra pas d’un chèque. Elle viendra d’une Europe capable de se penser comme puissance, de pousser l’axe diplomatique et de retrouver une place à la table des discussions avec les États-Unis.

L’Union a gagné une bataille de lucidité juridique. Elle n’a pas encore gagné celle de la stratégie. Ni n’est encore capable de mettre fin à la guerre tout court.