« L’unité, c’était la priorité. » Fabrice Lerestif, secrétaire général du syndicat FO 35, ne cache pas son plaisir : pour la première fois depuis deux ans, un seul rassemblement est prévu à Rennes pour le 1er-Mai. Un seul alors qu’en 2023 et 2024, deux défilés avaient été organisés pour la journée internationale des travailleurs. Le premier le matin, dans un quartier populaire, à l’initiative des syndicats « traditionnels », et le second l’après-midi, dans le centre-ville, avec, à la manœuvre, le syndicat Solidaires et plusieurs associations écologistes, féministes et étudiantes. Le tout se concluant par des rassemblements sur la place Sainte-Anne, où, en 2024, les forces de l’ordre sont intervenues à coups de bombes lacrymogènes.

Cette année, tout le monde se retrouvera dans une même manifestation, ce jeudi à partir de 10h30. Pour réconcilier les syndicats, qui tiennent à défiler dans un quartier pour aller au contact des travailleurs de ces secteurs difficiles, et les associations, qui souhaitent être présentes dans le centre-ville pour le symbole et être sûres de mobiliser au maximum, un compromis a été trouvé : le cortège partira de la place de Bretagne et rejoindra le quartier de Villejean. Pendant le parcours, une prise de parole est prévue à proximité de la dalle Kennedy, une zone confrontée, depuis plusieurs mois, à des violences liées aux trafics de stupéfiants.

Compromis

Le principe de cette manifestation a été validé par les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires, la Confédération paysanne et les syndicats étudiants FSE et Union pirate. Sur les réseaux sociaux, plusieurs organisations, comme Nous Toutes 35, le Poing levé ou Révolution permanente, appellent également à rejoindre le cortège.

« Nous avons beaucoup insisté sur la nécessité d’un 1er-Mai unitaire », explique Fabrice Lerestif. Au vu de la situation (montée de l’extrême droite, augmentation de la pauvreté, tensions géopolitiques grandissantes, réarmement), « il aurait été impensable et contre-productif de ne pas s’entendre sur un lien de rendez-vous ». Même son de cloche du côté de Dominique Besson-Milord, la secrétaire départementale CGT : « Au regard du contexte, de la montée de l’extrême droite, de la paupérisation de la société et de la bataille pour les salaires, la priorité était de trouver un terrain d’entente ».

Le parcours précis est encore en cours de validation auprès de la préfecture, notamment la fin, à ce stade imaginée aux abords de la ferme de la Harpe. Un pique-nique devrait y être organisé. Pour la CGT, être présent dans les quartiers reste essentiel. « On voit que de plus en plus, les quartiers sont délaissés, exclus des services publics… C’est inqualifiable », lance Dominique Besson-Milord. De son côté, Fabrice Lerestif explique que l’intersyndicale avait déjà prévu d’aller à Villejean avant la dernière fusillade du 17 avril. « Nous n’avons aucune complaisance envers les dealers et les trafics, mais il n’y a pas que ça dans les quartiers, il y a des solidarités, des initiatives, bref des choses invisibles que nous voulons rendre visibles ». En 2024, le 1er-Mai avait réuni entre 1 400 et 2 500 personnes le matin et entre 1 500 et 4 500 l’après-midi.