Un important coup de filet antidrogue, quasi historique, a été mené par les enquêteurs de la brigade des stupéfiants du Service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ) des Alpes-Maritimes, en lien avec l’office anti stupéfiants (OFAST) des Bouches-du-Rhône.
Une enquête de longue haleine qui a permis de mettre au jour un réseau structuré, actif entre le sud de la France et l’étranger, et piloté… depuis une cellule de prison.
Tout débute le 26 mars, sur le port de Marseille. Un convoi composé d’un camping-car et de deux véhicules, en provenance d’Avignon et à destination de la Tunisie, est intercepté par les forces de l’ordre.
À la manœuvre de l’interpellation : la brigade des stups du SIPJ assistée par l’Ofast 13. À bord du véhicule : sept personnes, trois hommes et quatre femmes, dont quatre originaires de Vallauris.
La fouille du camping-car révèle une ourde cargaison de stupéfiants : 500 kg de résine de cannabis, 251 kg d’ecstasy, ainsi qu’un pistolet semi-automatique de calibre 9 mm accompagné d’une vingtaine de munitions.
Présentés le 30 mars 2025 devant la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, les sept suspects ont été mis en examen par la vice-présidente chargée de l’instruction, Isabelle Couderc. Les trois hommes ont été placés en détention provisoire, tandis que les quatre femmes ont été laissées libres sous contrôle judiciaire.
Un trafic orchestré depuis la prison
Les investigations s’étaient alors poursuivies dans le cadre d’une commission rogatoire. Grâce à l’exploitation de techniques spéciales d’enquête, les policiers identifiaient rapidement le commanditaire principal : un homme de 39 ans, déjà incarcéré au centre de détention d’Avignon-Le Pontet (Vaucluse). Depuis sa cellule, il organisait le trafic et l’exportation des stupéfiants.
Le travail conjoint de la brigade des stupéfiants du SIPJ 06 et du Groupe interministériel de recherches (GIR) des Alpes-Maritimes a permis de remonter l’ensemble du réseau. Plusieurs complices ont été identifiés, dont la compagne du commanditaire, domiciliée en Avignon.
Parmi les mis en cause figure notamment un homme d’une quarantaine d’années, présenté comme le fournisseur principal de stupéfiants, ainsi que quatre autres individus âgés de 40 à 50 ans, soupçonnés d’être des associés du réseau, certains jouant un rôle clé dans le blanchiment des fonds.
Interpellations simultanées et saisies massives
Le 15 décembre, c’est le top départ. Une vaste opération judiciaire est déclenchée. La tête de réseau et huit autres personnes, dont six Maralpins, sont interpellées simultanément à Nice, Antibes, Vallauris, Avignon et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Près de cinquante enquêteurs sont mobilisés, avec l’appui de l’antenne du RAID 06.
Lors des perquisitions, les policiers découvrent notamment, au domicile niçois de la compagne d’un membre influent du réseau, la somme de 875 000 euros en numéraire.
Au total, les saisies s’élèvent à 921 655 euros, 708 grammes de cocaïne, 2,2 kg de résine de cannabis, ainsi que deux véhicules.
Un mandat d’amener a été délivré le 17 décembre à l’encontre d’un suspect domicilié à Saint-Ouen. Le lendemain, six membres présumés du réseau étaient présentés à la juge d’instruction de la JIRS de Marseille : cinq ont été placés en détention provisoire, un autre sous contrôle judiciaire.
L’enquête se poursuit afin de déterminer l’ampleur exacte des ramifications de ce réseau, qui illustre une nouvelle fois la capacité des trafiquants à opérer à distance, y compris depuis l’univers carcéral. Pour le patron de la PJ niçoise, Eric Antonetti, il s’agit d’une affaire hors norme. « C’est une enquête de longue haleine, avec une saisie numéraire historique.» Il salue le travail de ses équipes, qui ont œuvré dans l’ombre pour mener le dossier à son terme.
L’affaire a été ternie par la chute d’un des interpellés durant sa garde à vue. Une enquête a en
effet été ouverte ce samedi par le parquet de Nice après la chute d’un homme placé en garde à vue au commissariat Auvare, interpellé à Antibes.
Et ce, pour des faits de trafic de stupéfiants. La victime souffrait de multiples fractures au crâne, au dos et aux cervicales. Selon le patron de la PJ, « la garde à vue s’était très bien passée jusque là. Indépendamment de son rôle, nous espérons qu’il se rétablisse avec le minimum de séquelles possibles ».
Le procureur de la République adjoint de Nice, Maud Marty, a précisé ce samedi que l’enquête « pour recherche des causes des blessures de la personne placée en
garde à vue » a été confiée à la cellule déontologie de la Direction interministérielle de la police nationale (DIPN) des Alpes-Maritimes. Selon la famille la victime, informée tardivement de l’accident, les premières indications donnaient à croire que l’état du patient était stable et que sa chute aurait eu lieu dans les escaliers. Les proches ont ensuite appris que la chute, d’une hauteur estimée à six mètres, aurait entraîné des blessures graves. Les investigations menées par la DIPN devront déterminer les circonstances exactes de cette chute et les responsabilités éventuelles. Un acte désespéré n’est pas exclu.