Le président de la République et l’autocrate russe se disent prêts à renouer le dialogue entre leurs deux pays, alors que le conflit en Ukraine n’en finit plus de s’enliser.
Est-ce un pas en avant vers l’accalmie du conflit en Ukraine ? Il est bien trop tôt pour le dire et la prudence reste de mise. Mais ce week-end, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont ouvert la porte à de nouveaux contacts.
La France et la Russie sont en quasi-rupture diplomatique depuis presque quatre ans – soit depuis le début des combats. Un éventuel retour à la table des négociations qui serait le bienvenu, dans la quête d’un accord de paix.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov l’a assuré à l’agence russe RIA Novosti : le dirigeant russe est « prêt au dialogue » avec son homologue français, rappelant qu’« il [Emmanuel Macron, NDLR] a dit être prêt à parler avec Poutine. Il est probablement très important de rappeler ce que le président a dit lors de Ligne directe [sa grande conférence de presse annuelle, vendredi]. Il a également exprimé le fait qu’il était prêt à engager le dialogue ».
« Il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine »
De son côté, l’Élysée s’est félicité de cette annonce : « Il est bienvenu que le Kremlin donne un accord public à cette démarche », a-t-il indiqué. Le président de la République avisera « dans les prochains jours » les modalités selon lesquelles le dialogue pourrait reprendre.
Le chef de l’État entamera ainsi cette démarche « en toute transparence » avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et les Européens, a assuré l’Élysée, qui a rappelé que son objectif reste d’obtenir une « paix solide et durable » pour les Ukrainiens.
En fin de semaine dernière, Emmanuel Macron a en effet déclaré : « Je pense qu’il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine », après un sommet qui a permis à l’UE de débloquer un prêt de 90 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine. Et d’ajouter : « Je constate qu’il y a des gens qui parlent à Vladimir Poutine. Donc je pense que nous, Européens et Ukrainiens, on a intérêt à trouver le cadre pour réengager cette discussion en bonne et due forme. Sinon, on discute entre nous avec des négociateurs qui vont seuls discuter avec les Russes, ce qui n’est pas optimal. »
Le locataire de l’Élysée espère ainsi éviter que les négociations pour la paix en Ukraine ne dépendent que de l’insaisissable Donald Trump, jugé enclin à intégrer à cette paix les exigences maximalistes de Moscou. Après la déclaration du Kremlin, l’Élysée a ainsi confirmé : « Dès lors que la perspective d’un cessez-le-feu et d’une négociation de paix se précise, il redevient utile de parler à Poutine. »
Du reste, personne ne connaît encore les modalités d’un éventuel échange. Auprès de nos confrères du Monde, un diplomate s’interroge : « Tout le monde en Europe voit qu’il faudra un jour parler à Poutine, notamment si la médiation américaine devait échouer. Là où ce sera compliqué, c’est sur la question du format le plus adapté pour mener ces discussions, en “E3” avec la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ou dans un cadre plus large. »
LE BON NOMBRE
Quelle est la part des armes fournies par la France parmi les importations d’armes de l’Ukraine en 2024 ?
Rappelons que la dernière tentative de renouer avec Moscou date de juillet, lorsque la conversation entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine de septembre 2022 – l’avant-dernière en date – avait suscité la controverse.