Après des semaines de pluies diluviennes et de crues soudaines,
les jardins britanniques pourraient abriter bien plus que de
simples flaques d’eau. Les experts alertent sur la présence
possible d’une « plante hautement destructive », capable de
s’installer à partir d’un minuscule fragment oublié dans la boue et
de transformer un coin de pelouse en cauchemar immobilier.

Dans la première moitié de décembre, certaines régions du
Royaume-Uni ont déjà reçu plus de la moitié de leurs précipitations
mensuelles moyennes. Les spécialistes d’Environment Controls
appellent les propriétaires, mais aussi les promoteurs et les
entreprises du BTP, à inspecter leurs terrains après le retrait des
eaux. Une menace qui peut se cacher juste derrière votre
clôture.

Fortes pluies, inondations : pourquoi le risque explose dans
les jardins britanniques

Les inondations créent un véritable tapis roulant pour les
plantes invasives. Les eaux de crue transportent les fragments de
rhizomes de Japanese knotweed (renouée du Japon)
et les graines flottantes de Himalayan balsam,
viables jusqu’à deux ans, sur de longues distances. Un simple
morceau de rhizome de 0,7 g suffit à fonder une nouvelle colonie,
qui pourra ensuite gagner en quelques saisons les abords d’une
maison, d’une route ou d’une digue.

« Le temps hivernal devient de plus en plus l’une des menaces de
la nature, car les vents violents et les cours d’eau qui débordent
permettent aux plantes invasives de se propager bien au-delà de
leur habitat local », a expliqué Jennifer Holmes, de l’entreprise
Environment Controls, citée par le Mirror. « Il est vital que les
propriétaires sachent identifier la renouée du Japon ». Selon une
étude relayée au Royaume-Uni, seuls 22 % des Britanniques savent
réellement reconnaître cette plante sur photo, ce qui laisse le
champ libre aux erreurs de diagnostic.

Japanese knotweed : reconnaître cette plante « hautement
destructive »

Au printemps et en été, la renouée du Japon développe de hautes
tiges creuses qui rappellent le bambou, marquées de taches pourpres
et disposées en zigzag. Les feuilles, en forme de pelle ou de cœur,
sont vert vif, puis jaunissent à l’automne. En fin d’été, la plante
produit des grappes de petites fleurs blanc crème. En hiver, elle
semble disparaître, ne laissant que des cannes brunes, sèches et
cassantes, alors que les rhizomes, orangés à l’intérieur, restent
bien vivants sous terre. Les jeunes pousses peuvent gagner jusqu’à
10 cm par jour, avec un réseau racinaire qui s’étend sur plusieurs
mètres en profondeur et en largeur.

Cette capacité explique son impact sur les constructions : la
plante exploite les fissures dans le béton et le bitume, soulève
terrasses et petits ouvrages, fragilise routes et protections
contre les crues. Elle complique aussi les ventes : une infestation
peut effrayer les acheteurs, voire bloquer un prêt. L’éradication
par traitements prolongés démarre autour de 950 £, soit environ 1
100 €, tandis qu’une excavation complète et l’évacuation comme
déchet contrôlé peuvent dépasser 4 000 £, autour de 4 600 €. Au
regard de la loi britannique, la renouée du Japon est un
« controlled waste » : il est interdit de la jeter avec les déchets
de jardin ou les ordures ménagères, sous peine d’importantes
amendes ou de poursuites.

Que faire si vous repérez Japanese
knotweed ou Himalayan balsam ?

Après une crue, les spécialistes conseillent de passer le jardin
au crible, en particulier dans les jours qui suivent le retrait de
l’eau. Les zones les plus à risque restent les berges de rivières
ou fossés, les limites de propriété proches d’un cours d’eau et les
bandes de débris déposées par les flots. Il vaut mieux éviter de
déraciner soi-même une plante suspecte : un fragment oublié peut
relancer la colonie, et déplacer de la terre contaminée augmente
encore le risque de propagation.

« L’essentiel est de faire expertiser le terrain de manière
professionnelle, afin que les décisions éclairées soient prises
plus facilement. Souvent, davantage de plantes invasives que prévu
apparaissent lors d’un diagnostic, et cela peut être dû à la dérive
de graines et de fragments de plantes lors des tempêtes et des
inondations », a indiqué Jennifer Holmes. Elle rappelle aussi que
« les problèmes causés par les plantes invasives ont un impact
financier plus important, car les projets doivent s’arrêter
immédiatement ». Les mêmes pluies favorisent aussi l’impatiente
glanduleuse : jusqu’à 3 m de haut, tiges creuses rougeâtres, fleurs
roses ou pourpres en forme de casque et gousses qui éclatent au
moindre contact, propulsant les graines loin en aval et dénudant
les berges quand la plante meurt en hiver. Quelques minutes
d’inspection ciblée peuvent donc éviter des années de tracas.