« Lenval on va mal! », « Soignants en colère! », « Heures non comptées, travail dissimulé! »: sur le parvis, les voix résonnent.

Pendant que les médecins libéraux, internes et étudiants manifestent dans le centre-ville de Nice contre la loi Garot devant réguler les installations, le personnel de la Fondation Lenval débraye.

Les salariés mobilisés pointent du doigt un climat « délétère » et leurs conditions de travail. « Cela fait deux ans qu’on les voit vraiment se dégrader », constate Odile, psychologue depuis seize ans au sein de la structure.

Elle s’alarme: « Et ce au moment où les situations graves augmentent, je parle notamment des adolescents. On est très inquiets. La direction répond à côté. On a l’impression d’être de plus en plus dans une logique comptable. »

« On a tout perdu »

Parmi les revendications portées, le refus de la mise en place de la pointeuse – « nous constatons une disparité des calculs d’un salarié à un autre, une non comptabilisation du temps de travail réel », la perte de jours de RTT ou encore l’annualisation du temps de travail.

« On a tout perdu », lance Sanae Zaoui, psychomotricienne, drapeau de la CGT au poing: « On nous avait promis un climat de confiance et de la souplesse, on est en très loin. »

Une situation qui a un impact sur la santé des soignants comme le souligne Odile: « Pour prendre soin des autres il faut qu’on soit dans de bonnes conditions. »

Les représentants du personnel parlent de « surcharge, stress, sentiment de contrôle permanent, pression managériale accrue ». Pour poursuivre leur démarche, ils ont interpellé la médecine du travail et l’inspection du travail.

« On ne peut pas continuer à travailler avec autant de mépris de la part de la direction », lance Michel Fuentes, secrétaire général adjoint FO 06.

« Conserver son équilibre économique »

Face à ce mouvement, la direction assure que « l’hôpital pédiatrique universitaire s’est organisé pour limiter les répercussions auprès des jeunes patients aussi bien aux urgences que dans les différents services ».

Dans le contexte où le système de santé est fragilisé, elle défend sa stratégie et atteste être attachée au dialogue social: « L’hôpital Lenval s’efforce à repenser l’organisation de ses services pour conserver son équilibre économique. Des accords d’entreprise relatif à l’annualisation du temps de travail et les dispositifs de gestion des temps discutés en CSE ont été signés, ils ont pour objectif de favoriser une réorganisation du travail, d’apporter de l’agilité, de la transparence et de l’équité. La conduite du changement est difficile, car il s’agit de faire évoluer des organisations complexes. »

Face aux risques psycho-sociaux évoqués plus tôt, la direction assure qu’il s’agit d’une de ses préoccupations. « Préparer l’avenir, c’est adapter nos organisations aux nouveaux enjeux dans l’intérêt des enfants pour assurer notre mission d’intérêt général auprès des familles », fait savoir par voie de communiqué Ronan Dubois, le directeur général.