Les télescopes connectés sont de plus en plus nombreux sur le marché, mais Vaonis propose quelque chose d’assez unique avec sa gamme Vespera : un résultat bien plus proche de l’astrophotographie classique que ses concurrents. La version Pro promet encore une meilleure qualité d’images et une meilleure autonomie, mais aussi un prix plus élevé. Verdict ?

Le Vespera Pro qui pointe vers le Soleil, avec mon chat en premier plan // Source : Romain RIBOUT pour Frandroid.

L’année dernière, j’avais pu tester le Vespera II de Vaonis. Un télescope connecté pas comme les autres qui m’avait agréablement surpris pour sa compacité et sa très bonne qualité d’images. Les objets du ciel profond apparaissaient d’une netteté troublante qui m’émerveillait à chaque cliché, où mon seul regret était une autonomie trop faible pour tenir toute la nuit.

Avec le Vespera Pro, l’entreprise française promet un meilleur capteur photo et surtout la possibilité de photographier le ciel du crépuscule jusqu’à l’aube, sans interruption. Il ne m’en fallait pas plus : j’ai immédiatement replongé dans la voûte céleste avec grand plaisir, pour observer les plus belles nébuleuses et galaxies de notre univers et vous partager les différences avec le modèle précédent de Vaonis, mais aussi avec les concurrents.

Un modèle discrètement plus premium

Si l’on met le Vespera II et le Vespera Pro l’un à côté de l’autre, on ne peut discerner presque aucune différence esthétique. C’est la même coque blanche avec des dimensions de 40 x 20 x 9 cm pour 5 kg, où seule la mention du nom du produit va changer. Vous reconnaîtrez surtout la version Pro une fois allumée, grâce à la lueur rouge autour du bouton tactile d’allumage, au lieu de bleue. Et, d’un côté, tant mieux qu’il reprenne le même design compact que son prédécesseur, car il est tellement pratique.

En revanche, le Vespera Pro montre bel et bien un côté plus haut de gamme, ne serait-ce qu’en apercevant la mallette dans laquelle il est livré. Déjà, c’est un bon moyen de le ranger après chaque utilisation si vous ne voulez pas qu’il prenne la poussière. De plus, il est livré avec de nombreux accessoires de base, ce qui n’est pas forcément le cas avec le Vespera II. Vous y trouverez un petit trépied, cette fois-ci réglable (de pas très haut, mais réglable quand même !), une platine de niveau à bulle et même un système anti-vol, traduit par un cadenas à clés.

La malette du Vespera Pro avec ses accessoires // Source : Romain RIBOUT pour Frandroid.

La marque m’a également fait parvenir un sac de transport et trois filtres : solaire, anti-pollution et dual band. Ces derniers sont les mêmes que j’ai testés avec le Vespera II l’année dernière, ils sont compatibles avec les deux télescopes. Encore une fois, le dual band est un must-have pour faire ressortir tous les détails de la nébuleuse ciblée, mais j’aurais le temps d’y revenir plus tard.

Ce qui change vraiment avec le Vespera Pro, c’est son capteur photo. On passe sur un Sony IMX676 Starvis 2 de 50 mégapixels, contre un Sony IMX585 de 24 mégapixels, avec une taille des pixels passant de 2,9 à 2,0 μm. C’est plutôt petit et ça promet une belle netteté de l’image, mais le format change aussi. Alors que le Vespera II prenait des photos en paysage avec une définition de 3 840 x 2 160 pixels en 8,3 mégapixels, le Vespera Pro prend des clichés parfaitement carrés de 3 536 x 3 536 pixels en 12,5 mégapixels.

Concrètement, les objets célestes sont sublimés et mieux cadrés, car je me rappelle de cette photo de la Galaxie d’Andromède que j’avais prise avec le Vespera II, où les bras de la galaxie étaient rognés. Ici, n’importe quel astre trouve sa place.

Le ciel nocturne comme vous l’avez rarement vu

Je ne vais pas m’attarder ici sur l’utilisation du Vespera Pro, puisque c’est exactement la même qu’avec le Vespera II. L’application Singularity, disponible sur iOS et Android, n’a pas ajouté de nouvelles fonctionnalités depuis, donc je vous laisse en apprendre plus juste ici. (spoiler : c’est ultra simple à utiliser).

Galaxies et nébuleuses

Il vaut donc mieux se concentrer sur les photos et croyez-moi, le résultat est saisissant. C’est tout simplement le meilleur résultat qu’il m’ait été donné de voir sur un télescope connecté. On ne peut évidemment pas comparer ça à de la véritable astrophotographie, mais Vaonis fait sûrement ce qui s’en rapproche le plus dans le domaine. Les clichés sont nets, détaillés, colorés, et les amateurs savent à quel point le chemin est dur pour obtenir une bonne première photo par la voie traditionnelle. Ici, il suffit d’attendre le temps indiqué par l’application, variant de 10 minutes à 2 heures, voire plus, et paf, vous avez des galaxies, agréables à l’œil et avec de la couleur, s’il vous plaît.

NGC7479, Galaxie de Superman

M74, Galaxie Fantôme

Evidemment, je commence tranquillement avec des galaxies assez éloignées de nous, donc qui apparaissent assez petites sur l’image, mais le résultat est de ce fait encore plus impressionnant, surtout pour le si petit objet qu’est le Vespera Pro.

J’ai ensuite voulu reprendre en photo les astres que j’avais déjà immortalisés avec le Vespera II l’année dernière, notamment NGC 6960, la Nébuleuse du Voile. Pourquoi ? Car, c’était la plus belle photo que j’aie sortie du test en 2024 et je voulais tout simplement voir si le Vespera Pro pouvait faire mieux. La réponse est oui ! Jugez par vous-mêmes :

Nébuleuse du Voile prise par le Vespera II

Nébuleuse du Voile prise avec le Vespera Pro

Les détails sont encore plus saisissants et les couleurs bien plus vibrantes, ce qui me fait littéralement redécouvrir cette nébuleuse sous un nouveau jour. Et, ce n’est évidemment pas le seul exemple. Retournons du côté des galaxies, avec celle du Tourbillon. Celle-ci est particulièrement intéressante à observer, puisque on y voit la fusion de deux galaxies. Là aussi, je l’avais capturée avec le Vespera II l’an passé, et le constat est le même : plus de détails, voire même plus de profondeur, avec un aspect moins lissé.

Galaxie du Tourbillon avec le Vespera II

Galaxie du Tourbillon avec le Vespera Pro

En comparaison, Unistellar, avec ses eVscope et Odyssey, fait moins bien en termes de qualité d’image, mais ce sont deux philosophies différentes. La marque marseillaise veut rendre l’observation facile et rapide tandis que l’entreprise montpelliéraine, Vaonis, veut se rapprocher le plus possible de ce qui se fait de mieux en astrophoto amateur. Et pour cela, il faut attendre, parfois assez longtemps, plus de deux heures pour un seul cliché, là où avec Unistellar, on aurait eu le temps d’observer plus d’une dizaine d’objets célestes dans le même laps de temps.

La Galaxie du Tourbillon prise avec l’Unistellar Odyssey Pro.

Avec ou sans filtre ?

Comme dit un peu plus haut, il y a trois filtres. Celui pour l’antipollution est assez anecdotique, mais le dual band (vendu séparément pour la modique somme de 399 euros) est encore un indispensable si vous voulez que vos photos de nébuleuses fassent ressortir leur plein potentiel. Voici deux exemples, dont le dernier qui est assez flagrant :

Nébuleuse d’Orion sans filtre

Nébuleuse d’Orion avec filtre

Nébuleuse de l’Amérique du Nord sans filtre

Nébuleuse de l’Amérique du Nord avec filtre

Pour Orion, il n’est pas surprenant que l’on aperçoive juste un petit regain de couleurs, puisque c’est la nébuleuse la plus lumineuse de l’hémisphère Nord. On peut même l’observer avec de simples jumelles. Cependant, pour la Nébuleuse de l’Amérique du Nord, ce n’est clairement pas la même chose. Le résultat est totalement différent d’une photo à l’autre, où l’amas de gaz est bien plus visible grâce au filtre, avec un effet bien plus texturé.

Bref, c’est le jour et la nuit, mais notez que le filtre dual band n’est utile que pour les nébuleuses. Autres amas d’étoiles et galaxies n’en ont pas besoin pour se montrer sous leur meilleur jour avec le Vespera Pro. Et, juste pour le plaisir, voici d’autres photos prises avec le filtre magique.

NGC2237 – Nébuleuse de la Rosette

NGC6992 : Nébuleuse du Voile

NGC1499 – Nébuleuse Californie

Le dernier filtre est celui dédié à l’utilisation en plein jour, pour observer le soleil. C’est sûrement celui avec le moins cet effet « Waouh » pour le grand public, mais pourtant tellement intéressant si vous voulez observer les taches solaires lors des éjections de masses coronales (c’est ce qui a produit les aurores boréales en France il n’y a pas si longtemps que ça). Cependant, vous pouvez tout de même faire de belles photos quand quelques nuages passent devant.

Le Soleil, avec des nuages qui passent devant

Le Soleil, tout simplement

Quid des planètes et de la Lune ?

Tout comme le Vespera II, cette version Pro du télescope connecté de Vaonis ne brille pas pour ses photos des planètes. On peut les cibler dans l’application, mais ce n’est qu’une bouillie de pixels, où l’on distingue à peine les anneaux de Saturne, comme sur la photo ci-dessous. Si vous voulez faire de l’observation planétaire, Unistellar fait bien mieux dans ce domaine.

La planète Saturne avec le Vespera Pro

Pour la Lune, il semble cependant y avoir de l’amélioration grâce au nouveau capteur photo de ce Vespera Pro. Je n’ai pas eu l’occasion de prendre un cliché plein de notre satellite naturel, mais sur ce croissant on peut facilement apercevoir les différentes aspérités sur les bords alors que le résultat était beau, mais bien trop lissé sur le précédent modèle.

La Lune avec le Vespera Pro

Il m’entraîne, au bout de la nuit…

L’autonomie était un des points négatifs du Vespera II. Si vous l’ameniez loin d’une prise de courant et sans batterie externe, il ne pouvait tenir qu’un peu plus de 3 heures, et dans le langage de Vaonis, ça veut dire 2 à 6 photos pas plus, selon le temps recommandé pour chaque astre. C’est peu, et on peut facilement rester sur sa faim, ou pas avoir le temps de finir une photo, surtout quand le temps s’allonge à cause de mauvaises conditions de seeing.

Heureusement, ce problème est corrigé avec le Vespera Pro puisqu’il propose une batterie de 11 heures, selon la marque. Dans les faits, je l’avais lancé à 22h après avoir planifié ma nuit dans l’application, il s’est éteint le lendemain matin vers 7h, donc environ 9h, ce qui est déjà extrêmement bien, surtout que le gabarit et le poids de l’appareil n’ont pas changé. De plus, l’autonomie réelle peut évidemment varier d’une nuit à l’autre en fonction de la température.

Par contre, le chargeur n’est pas inclus dans la mallette. C’est sûrement le seul accessoire manquant. Il vous faudra donc vous en procurer un, avec un câble USB-C. Avec un chargeur classique de 30 W, le télescope avait récupéré environ 30 % en une vingtaine de minutes.

Prix et disponibilité

Le Vespera Pro est vendu, avec sa mallette et tous ses accessoires, à 2 790 euros, donc à peu près 1 000 euros de plus que le Vespera II. Il faudra cependant rajouter quelques centaines d’euros pour les filtres dont vous avez besoin.