Quel métier exercer ? Combien de jeunes se sont posés la question et combien se la posent encore ? S’il n’est pas toujours facile de s’orienter après le collège ou le lycée, la Métropole tente de trouver des solutions avec ce nouveau Centre des possibles à Nice. Grâce au travail d’un chercheur de l’Université Côte d’Azur et de plusieurs laboratoires de recherche, les jeunes qui résident dans la Métropole peuvent venir, grâce à des jeux, cerner leurs compétences et leurs qualités, afin de les associer à un métier.

La salle a été inaugurée le 21 novembre. Elle se trouve dans le bâtiment baptisé « Hub de l’innovation », situé avenue Simone Veil à Nice, dans le quartier Méridia. Les jeunes qui s’y présentent peuvent le faire spontanément, sur rendez-vous pris en ligne. Mais le centre étant récent et peu connu, la majorité est aujourd’hui envoyée par les établissements scolaires.

Le parking Joia Meridia, à l’ouest de la ville, le 14 octobre.

Des jeux pour mieux se connaître

À son arrivée, la personne est accueillie puis commence un parcours d’1h30 : à l’aide d’une tablette, elle répond d’abord à un questionnaire pour cibler sa personnalité. Ensuite, le jeune se rend sur un ordinateur pour jouer à des mini-jeux ludiques et évaluer sa capacité de raisonnement. Enfin, il reprend en main la tablette pour répondre à des questions et identifier ses centres d’intérêt.

« Tous ces tests, réalisés dans notre gaming room, ont été “gamifiés” », explique Camille Torrenti, responsable du Centre des possibles pour la Métropole, tout de suite corrigé par le doctorant chercheur à l’origine du projet. « Ce n’est pas un test mais une mesure : sinon, on a l’aspect évaluation et contrainte qui ne correspond pas à ce que l’on fait », nuance Romain Raymondie. Avec ce parcours, les jeunes évaluent ainsi leurs capacités cognitives (la mémoire, l’attention), leurs aptitudes psychomotrices, leur intérêt professionnel et leur personnalité. Et sans avoir l’impression de passer un long entretien avec un conseiller d’orientation. « Le but, ce n’est pas qu’on dise que le jeune est bon ou mauvais, mais plutôt qu’il a une meilleure capacité de mémoire que d’attention », image Romain Raymondie.

Plus de 300 métiers

À la suite des tests, un algorithme, développé par le laboratoire Gredeg de l’Université Nice Sophia Antipolis, associe les résultats à une base de données pour identifier les métiers adéquats pour chaque jeune. Ensuite, un psychologue du travail s’entretient un quart d’heure avec lui pour l’orienter au mieux. Le jeune peut ensuite enfiler un casque de réalité virtuelle et s’immerger à 360 degrés dans une profession grâce à des vidéos de présentation de plus de 300 métiers.

« Le projet a commencé en 2022. Mais il a fallu trois ans de recherches et de travail pour élaborer les tests et les expérimenter », rappelle Camille Torrenti. Plusieurs laboratoires de l’Université ont notamment été mobilisés pour permettre d’interpréter le résultat des mesures et les associer à un profil et des métiers.

Pour ce projet, la Métropole a mis la main à la poche : 350.000 euros d’investissement, 150.000 euros pour financer les travaux du doctorant et 50.000 euros de subventions pour le Gredeg. La Région, elle, a subventionné la salle à hauteur de 70.000 euros.

« Mon CFA m’a envoyée »

Reste à savoir s’il sera vraiment efficace. Il est trop tôt pour le dire, mais lors de notre visite, beaucoup de jeunes affichaient une certaine apathie. Maelys, 18 ans, termine un CAP de coiffure au CFA de Carros. « Je compte changer de voie. Ne pas travailler en salon de coiffure, en tout cas. J’aimerais faire une formation de maquillage pour pouvoir coiffer et maquiller sur des évènements, par exemple », explique la jeune femme. Mais quant à sa présence au Centre des possibles, l’enthousiasme est mitigé. « C’est mon CFA qui m’a envoyée ici. Je ne sais pas trop pourquoi. La séance ne m’a pas vraiment aidée, mais je pourrai leur dire que j’y suis allée », glisse Maelys.

Un Centre qui pourrait donc porter ses fruits, mais uniquement pour les jeunes volontaires. Pour le moment, le centre est ouvert les mardis et jeudis, de 9h à 12h et de 14h à 17h. « On accueille les jeunes à 8 par demi-journée, au maximum. S’il y a davantage de demandes, on augmentera les créneaux », précise Camille Torrenti. Si le concept, unique en France, vient à fonctionner, la Métropole pense déjà à le développer hors les murs, dans un bus, par exemple.